L'hiver à Chapelle des Bois |
Nos Vionnet et nos Bourgeois ont vécu longtemps à Chapelle. L'abbé Léon Bourgeois, dans ses "Recherches sur Chapelle des Bois", (manuscrit de 1894) cite beaucoup de nos ancêtres et donne sur certains, des renseignements intéressants. En voici quelques-uns : 1850 : un fermier VYONNET perd 45 moutons dans l'hiver. (il s'agit de Pierre Éléonore dit le "Gros Pierre"). 8 mai 1862 : mort à 32 ans de Julien VIONNET à la suite d'un coup de pied de cheval reçu à l'estomac. (Un petit-fils de Julien, Pierre mourra au Maréchet dans les mêmes conditions le 23 décembre 1955). Vers 1780 : un homme habitait seul avec sa femme le Chalet Pin; sa femme vint à mourir; les neiges étaient abondantes et dépassaient deux mètres d'élévation. Le temps était affreux et la tourmente dura plusieurs jours. Enfin le mauvais temps se calma. Le pauvre veuf fit le cercueil de son épouse défunte, ensevelit son cadavre et n'ayant qu'un petit traîneau à bras, il se décida à entreprendre de l'amener au cimetière de son village. Les fatigues furent excessives. Le pauvre homme mit quatre heures pour arriver jusqu'à la maison qu'habitait François BOURGEOIS DAMIEN, mais il ne put aller plus loin. François attela son cheval à un traîneau et le corps de la défunte put recevoir la sépulture.
22 novembre 1851 : Ph Ambroise BOURGEOIS PHILIPPET périt dans les neiges. 12 juillet et 4 août : Jean Baptiste BLONDEAU RENAUD et son fils Antoine Victor meurent empoisonnés par un cheval morveux. 12 janvier 1820 : P. Louis BOURGEOIS DAMIEN âgé de 43 ans, meurt après quelques heures d'horribles souffrances; P. Alexandre CORDIER court à Mouthe chercher un médecin mais celui-ci arrive trop tard. 30 juin 1819 : Jean Claude BLONDEAU RENAUD est tué dans le Risoux par les forestiers suisses. Il laisse six enfants en bas age. 8 février 1871 : Télesphore BOURGEOIS DAMIEN, à qui l'abbé BOURGEOIS consacre plus de 10 pages, évite à Chapelle des bois d'être occupé par les prussiens. "140 soldats ennemis détachés des chasseurs royaux de Poméranie, et commandés par le capitaine SCHULZ vinrent à Chapelle mais ne s'arrêtent que deux ou trois heures. Télesphore BOURGEOIS avait fait publier et afficher dans les localités voisines que les autorités civiles et militaires devaient autant que possible, s'abstenir de se rendre à Chapelle des Bois à cause des maladies contagieuses qui y régnaient; cet innocent stratagème eut un plein succès. Les Allemands n'entrèrent qu'à la cure et à l'auberge. Ils se rendirent à la frontière suisse où ils firent une décharge générale puis repartirent pour Chaux Neuve. En les voyant gravir le Risoux les douaniers s'imaginèrent que l'ennemi était à leur poursuite et s'enfuirent épouvantés sur le territoire suisse ". 11 juin 1818 : mort de P. Isidore BOURGEOIS PHILIPET empoisonné par des plantes vénéneuses. 25 novembre 1840 : mariage d'Ombeline CORDIER; elle est la première femme à porter un châle. 18 décembre 1852 : mort d'Emmanuel MICHEL à la suite d'une balle reçue d'un douanier. On trouve aussi dans ce manuscrit beaucoup de petites précisions intéressantes, par exemple : 31 décembre 1857 : dernière procession au cimetière des pestiférés. 1805 : dès le début de l'année, un facteur vient chaque semaine de Pontarlier à Chapelle des Bois. (En 1840 Chapelle des Bois sera rattaché au bureau de poste de Chaux Neuve et en 1864 à celui de Morez). On commence durant cette année à fabriquer des gruyères. 1827 : P. Victor BOURGEOIS MOINE introduit dans le pays les fléaux pour peser les fromages. 1828 : Joseph CORDIER introduit la première machine à battre le blé. 1830 : Cl. GRIFFOND introduit au pays les premiers lapins. 1836 : on essaye pour la première fois la culture du froment. 1855 : Joseph Jacquin introduit dans le pays la fabrication des caisses d'horloges. Plusieurs personnes périrent dans les neiges : J. Antoine GRIFFOND sur le chemin de la Cernée le 24 décembre 1809; Pierre Ambroise BOURGEOIS BESSON le 22 novembre 1851 près du lac de Bellefontaine. Hospice BOURGEOIS revenait de Morez; la nuit était glacée et très sombre; il s'égara dans les neiges accumulées durant le jour et après avoir erré plusieurs heures sans retrouver son chemin, harassé, il tombât et s'endormit. En 1858 la maison de Elie CORDIER fut complètement ensevelie sous la neige; elle fut contrainte de sortir par la cheminée de bois afin de déblayer devant la porte et les fenêtres. Léon BOURGEOIS rappelle à ce sujet ce mot de Xavier MARMIER selon qui les douaniers s'embusquaient derrière les cheminées. Dans l'hiver 1855 un enfant de 9 ans fut emporté par la bise depuis la maison d'école aux Murgers. Quand on le releva, il s'était évanoui sous un demi-pied de neige. Le 1er avril 1865 il y avait 8 pieds de neige. Il fallait pratiquer sur les routes des tranchées de 3 à 4 mètres de haut (à la pelle bien entendu). Et puis il y a les textes, et les noms des signataires, des chartes et jugements qui se trouvent à l'origine de ce village. Notamment : Jugement du 9 octobre 1662 : "fait et passé à Foncine le 9 du mois d'octobre après-midi" en présence, entre autres de "Claude PETETIN dit le petit, Richard HUGONNET, Étienne FUMEY du Moulin et Jean BADOZ GRIFFOND prud'hommes audit lieu et procureurs spéciaux des habitants manants de la communauté" qui confirme les concessions faites aux fonciniers les 28 février et 2 mars 1372, au sujet des droits d'usage des bois sur les terre de Chatelblanc. La charte de 1313 qui affranchit de la mainmorte les habitants du bourg de Chatelblanc; 46 articles règlement les ventes, les héritages, les marchés, les obligations du seigneur et de ses sujets et les sanctions encourues en cas de fautes, par exemple : 12) celui qui malicieusement tire aucun par les cheveux à deux mains soit six sols au seigneur. 19) celui qui vend à fausse mesure doit soixante sols 21) si aucun est trouvé en fornication, braye tiré, et qu'il soit prouvé par deux témoins qui ne soient point de la famille du seigneur, soit soixante sols 27) chaque tavernier doit au seigneur une coupe de vin à la fête de la Saint André 28) le boulanger douze deniers, le cordonnier quelques paire de souliers, ny des meilleurs ny des pires Les chartes des 26 mai 1351, 17 mai 1364 et 27 mai 1384 par lesquelles le Sire de Chalon et l'abbé de Saint Oyand, désireux d'attacher à leur sol les colons qui avaient survécu à "l'année de la grande mort" (1349), les déclarent "libres et exempts de toutes collectes, prises, corvées, et de toutes mauvaises coutumes comme la main morte". L'un des cosignataires de la charte du 17 mai 1364 est Claude GUYON prud'homme à Chaux Neuve. |