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Entre deux Monts

 



S'il est vrai qu' Alésia était une grosse cité, alors Entre deux monts devait être une banlieue active et agréable. Active, car toute proche et située à un carrefour important. Là, en effet se croisaient la route de Salins à Genève qui de Cize passait par Cornu, le col du Gyps, le pont de Morillon puis la vie de la Serre pour rejoindre le Grandvaux. Après le col du Gyps, un autre chemin conduisait par la vie du Four aux Monnets puis par les Foncines à Jougne.

Agréable car le site est remarquablement orienté. Incliné en pente douce d'est en ouest et toujours en pente douce, en dépit de quelques bosses, du nord au sud, ce qui lui vaut le meilleur ensoleillement et une excellente protection contre la bise.

Vue de la roche au dessus de Morillon (photo transmise par Claude Vanotti)

Le nom d'Entre deux monts apparaît dans les textes en 1295. (cf. le Châtelet ) On sait qu'avant le village s'est appelé sous Malruche et on trouve même un Entre les coteaux... C'est vrai que l'histoire ne garde que les noms des châteaux et des églises, et que c'est la Chaux des Crotenay qui avait le château et l'église.

Vue de la Doule

L'église est citée en 855 mais son nom est alors Protonacum ou Krotonacum nom qui, selon Désiré Monnier, signifierait que les habitants étaient des salinateurs venus de Crotona, en Toscane. Quant au château avant d'être envahi par Guebriand le 21 avril 1637 et détruit sur ordre de Louis XIV, en même temps que les habitants des villages voisins étaient chassés ou égorgés, il a eu ses heures de célébrités bien connues que Munier et Chambelland racontent longuement.

Après les Celtes puis les Romains, sont venus les Barbares en 355, les Huns en 437, puis les Burgondes en 457. Il est vrai que, selon Lucien Febvre, ceux-là étaient "de grands corps robustes, sans méchanceté, pleins d'appétit et de vigueur, de bons géants au crâne dur, à l'haleine empestée d'ail, aux longs cheveux frottés de beurre rance et qu'ils n'effrayaient guère. Ils aimaient et savaient travailler le bois, et ils chantaient en maniant le rabot".

Dolmen

Ils n'étaient pas des envahisseurs mais des invités. Alors de qui descendons-nous: des Celtes, des toscans, des Burgondes ? Peu importe puisque nous sommes des "comtois têtes de bois". En 1295, Entre deux monts ne compte que deux hameaux, la côte au Pourel et Morillon et 15 familles. A la côte au Pourel ce sont les Bassand et les Monnier à qui sans doute ont été attribués des meix. On en sait davantage sur Morillon grâce au chanoine Maillet-Guy et au docteur René Chambelland. Ce dernier nous apprend qu'en 1532 deux artisans de Morbier, Etievant et Morel obtinrent de l'abbé de Bonlieu, l'autorisation d'établir sur la Lemme, au Morillon, une clouterie qui prospéra. On sait aussi par acte du 20.11.1581, que Guillaume de Poupet, seigneur de la Chaux, accensa à un nommé François Maillard, de la Chaux des Crotenay, le saut de la Serre également à Morillon, pour y installer un martinet. Remarquons au passage que, en 1295 déjà, il y a des Morel chez nous puisqu'un pont porte ce nom, (le pont des Morel). Au surplus Morillon serait, selon le docteur Chambelland la Calma Morellis, c'est à dire la "chaux des Morel". Alors celui qui, fuyant la justice, s'est caché dans les gorges de la Bienne et a donné son nom à la ville de Morez, ne serait-il pas un compatriote ? En tous cas depuis longtemps, Morillon vit de ses cascades que se disputent les seigneurs et les abbayes voisines. Après avoir quitté le Grandvaux et passé par ses marmites et la pierre carrée, la Lemme arrive à la Chèvre par le saut de la bique où elle actionnait autrefois une scierie, un peu plus loin un moulin (le moulin "Jacquand", devenu scierie), puis encore une scierie disparue comme beaucoup d'autres, après un incendie.

Scierie

Car depuis que les machines à vapeur ont aidé les cascades devenues insuffisantes le feu en a détruit beaucoup. Au Pont de la Chaux par exemple, la compagnie des pompiers de la Chaux des Crotenay, créée en 1901 est intervenue trois fois, le 23 juin 1903, en 1940, puis le 28 avril 1950 pour la scierie et la fabrique de mobilier scolaire de la famille Pernet, deux fois en décembre 1934 puis en juillet 1949 pour la scierie Gérard, et en 1925 pour la scierie Vionnet. Ces Vionnet étant ceux de Vaux et Chantegrue qui avaient acheté les bois du Rachet et qui le débitaient sur place. Les scieries n'allaient pas sans les bûcherons et les voituriers. Le moulin attirait du monde. Les registres paroissiaux de la Chaux des Crotenay et de la Chaux du Dombief, signalent toute une famille de Petetin, meuniers à Morillon. Morillon vivait aussi de son pont, passage obligé pour ceux qui se dirigeaient vers Bonlieu par la Chaux du Dombief et vers le Grandvaux par la vie de la Serre. Les chemins de l'époque évitaient les gorges des rivières et le pont de Morillon comme le Pont de Lemme étaient à péage. En 1793 ce péage avait disparu, mais une brigade de douaniers avait été créée. Cette activité subsista jusqu'aux années 1830. Alors les petits martinets, moulins ou autres bénéficiaires de cascades ne purent résister aux gros entrepreneurs qui s'installèrent vers des chutes plus importantes.

le pont du Quartier

Nos petits artisans émigrèrent vers les forges de Syam ou de Champagnole. Ce fut le cas de plusieurs familles d'Entre deux monts. Pour les années 1850, on ne peut que se référer à l'incontournable Rousset qui dresse pour notre village comme pour tous ceux du Jura, un tableau précis; Voici un extrait des pages qu'il lui consacre :

Altitude : 750 à 809 mètres.

Ses écarts : le moulin du Cernois, le chalet de Morillon, le Morillon, la grange des gyps et la grange du Cernois.

Ses chemins : la route impériale N° 5 de Paris à Genève, les chemins vicinaux tirant à Fort du Plasne, aux Planches et à la Chaux des Crotenay ;

Les chemins vicinaux, comme la route qui traverse le village sont régulièrement entretenus par la commune. La vente de bois paraît suffisante.

La route royale, puis impériale, et enfin nationale est entretenue par l'Etat. En 1844 elle passe encore par la Vie de la Serre, mais les Ponts et Chaussées doivent "réparer la rampe de la Serre".

En 1849, il faut "détourner les eaux de la rivière, remblayer, et construire un pont provisoire pendant la confection du grand pont". La commune a cédé quelques centiares et subi quelques dommages. Elle est indemnisée.

En 1826 le maire avait passé une convention avec des habitants de Chatelneuf pour construire un pont sur la Lemme.

Ses ruisseaux : Le Quet et le Dombief tous deux affluents de la rivière Laime;

Sa population : en 1851 : 258 habitants dont 130 hommes et 128 femmes; 57 maisons, à savoir aux Côtes Pouret 9, aux Monniers 13, au centre du village 15, au bas du village 11 et au Morillon 9; 67 ménages.

En 1926 la population d'Entre deux monts est de 166 personnes. On peut rapprocher ce chiffre du nombre d'habitants bénéficiant de l'affouage en 1922 tel qu'on la lit au registre de délibération du Conseil Municipal.

On compte alors 148 bénéficiaires répartis en 43 foyers. La ferme du Cernois, où sont les Vionnet, n'est pas comptée car ses pâturages se trouvent sur le territoire de la Chaux des Crotenay et l'affouage, comme aussi l'aide médico-sociale, lui sont servis par la Chaux.

La même année, le droit de pacage concerne 13 cultivateurs qui font paître 60 vaches et 35 veaux. Le plus gros troupeau compte 10 vaches et 10 veaux. Cinq n'ont qu'une vache.

Sa superficie : 536 hectares, divisés en 977 parcelles que possèdent 97 propriétaires dont 34 étrangers au village.

On y récolte du blé, du métel d'orge et d'avoine, des fruits, du foin, et du chanvre;

(Rappelons que plusieurs de nos grands-parents étaient tissiers; c'est à dire qu'ils travaillaient des tissus issus du chanvre). On y élève des bêtes à cornes, quelques mulets, quelques porcs et 20 ruches d'abeilles. Il y a (sans doute à Morillon) un moulin à trois tournants, avec une scierie mécanique à trois lames et un battoir à blé. Les patentables sont trois aubergistes, un forgeron, un boucher, trois marchands de beurre frais;

Il existe deux fromageries où l'on fabrique annuellement 10 000 kilos de fromage façon gruyère. Les biens communaux consistent en : Une maison commune construite en 1835 qui contient la mairie, le logement de l'instituteur, et la salle d'étude, fréquentée en hiver par 25 garçons et 23 filles ; (cf. l'école ) Un oratoire dédié à la vierge, construit en 1809;

5 fontaines avec lavoirs et abreuvoirs, construites en 1847;

 

 

 

5 abreuvoirs dispersés dans les hameaux; La commune, dépourvue de ressources, n'avait presque pas de chemins; elle ne possédait ni fontaines, ni maison d'école; grâce à la bonne administration de Monsieur Monnier, maire de ce lieu, elle possède aujourd'hui tous les établissements qui lui sont nécessaires. Oratoires : une statue de la vierge repose dans une niche creusée dans le rocher, au hameau de Morillon… Une croix de fer a été érigée en 1826 sur le rocher qui renferme cette niche. Une autre madone est exposée contre le rocher sur le bord du chemin d'Entre deux monts à Fort du Plasne et une troisième sur le bord de la route tirant à la Chaux des Crotenay".

<-- l'ancienne statue en bois, au dessus de la croix datée de 1826 (celle qui avait tourné le dos à la route pour ne pas voir passer les sarrazins), a été remplaçée en 1936.Une grande cérémonie d'inauguration eu lieu le 8 septembre 1936 présidée par le curé de la Chaux. L'assistance était nombreuse. Cette statue fut repeinte en 1999 par Madame Pagnier.

 

 

 

En 1992 ce vieux tilleul qui daterait de la révolution a été sérieusement secoué par la foudre.

Denis JEUNET qui a hérité de la maison de ses grands parents toute proche a fait appel en 1996, à une entreprise spécialisée qui a su élaguer la cime, et lui rendre sa forme et sa vie.

 

(Progrès du 26/8/1996)

 

 

 


à ce qu'écrit Rousset on peut ajouter quelques précisions :

menuAu sujet des deux chalets : L'un se trouvait aux Monniers, c'est à dire dans le haut d'Entre deux monts. Le bâtiment existe toujours. Il a servi de garage pour le corbillard, acheté en 1912 et pour la batteuse, une Breloux, et à ce qu'il fallait pour nettoyer le grain : un vannoir et un trieur. L'autre était à Morillon sur la rive gauche de la Lemme juste en face du chemin conduisant au village. On y accédait par le vieux pont qui existe toujours et qui conduit à la maison Perrot récemment brûlée. Il a servi d'abri à Damien et Ludan Poncet qui y sont morts. Ces deux chalets ont cessé d'être utilisés vers 1905 lors que, comme la plupart des villages, Entre deux monts a voulu se moderniser et a construit le "Chalet modèle" que l'on voit maintenant au centre du village et qui a reçu une toute autre destination. Il n'a pas été facile de choisir un terrain pour bâtir ce chalet modèle. Osias Roux, propriétaire d'une grosse ferme le voulait près de chez lui. Sa femme faisait signer une pétition en ce sens et une jeune fille de Morillon avait composé à ce sujet, une chanson que Robert Jeunet chantait encore en 1998.

En définitive, c'est en 1902 qu'Osias ROUX vend à la commune un terrain de 9 ares pour 250 francs. C'est ZANELLO des Planches qui sera chargé de la construction.

Le premier fromager de ce nouveau chalet a été Henri Martinez qui a épousé une nièce de Narcisse Guyon.

Cette vierge édifiée au temps de Napoléon I par un dénommé Girod, se trouvait initialement au départ de la "Vie du Four". Elle a été insérée dans le mur de la ferme qui appartient aujourd'hui à Jean-Michel Guyon lors de sa reconstruction après incendie
Le monument aux morts de 1914-18 et la croix de 1826 qui a été déplacée lors de la création de l'école.

menuAu sujet des hameaux : Le terme de Cernois n'est plus utilisé. Maintenant la ferme (autrefois la grange) et l'usine qui a remplacé le moulin ont pris le nom de Morillon. qui était réservé avant, au groupe d'immeubles se trouvant 500 mètres plus loin sur le chemin de la Chèvre. Les moulins et scieries ne pouvaient se situer qu'au Cernois et à Morillon, c'est à dire sur le Dombief et sur la Lemme. En effet le ruisseau d'Entre deux monts qui descend de Côte Pouret n'a pas de cascade suffisante. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il est appelé Quiet. On peut rappeler aussi que vers 1930 encore, les premières maisons de Morillon sur l'ancienne route de la Chaux du Dombief constituaient Le Quartier, un souvenir du temps où il y avait dans la commune, Le Quartier du haut (dit aussi Les Monniers ), et Le Quartier du bas (devenu une partie du Morillon actuel. Les ruines de la Grange des gyps ou Grange sur le gyps ne se voient plus. C'est là qu'habitaient les "Marchand", des couvreurs, cultivateurs, tonneliers, quincailliers … aisés.

Eléonore Guyon qui fut maire d'Entre deux monts épousera le 23.4.1838, Marie Reine Marchand. Et un frère de cette Marie Reine, Julien, léguera ses biens, le 9.3.1873, à son neveu, Narcisse Guyon. On écrit maintenant git.


menuAu sujet des Oratoires : La statue de la Vierge signalée dans le rocher de Morillon existe toujours. Elle a été récemment repeinte. C'est au pied de ce rocher que joseph Vionnet, fermier à la grange du Cernois a été écrasé le 5 février 1921 par un automobiliste qui, son forfait accompli, a traîné sa victime sur le talus enneigé et a disparu. La statue du chemin conduisant à la Chaux des Crotenay, près du col du Gyps existe toujours également. Elle est souvent fleurie. Celle qui se trouvait sur le chemin de Fort du Plasne a été déplacée à la suite de l'incendie de la ferme voisine. Elle est maintenant insérée dans le mur de la maison de Jean Michel Guyon. Reste l'oratoire construit en 1809 qui est rangé par Rousset parmi les biens communaux. Il est donc différent de ceux cités parmi les oratoires. Il semble bien que ce soit le petit bâtiment situé devant la maison Girardot. Son portail a toutes les allures d'un oratoire. D'autre part lorsque la pile de bois qui le cache jusqu'au printemps a disparu, on peut lire sur un cartouche au-dessus de la porte "SANCTE LAURENTI DOMUM CUSTODIS", ce qui est manifestement un indice.

Oratoire d'Entre deux monts

La façade de cette remise semble bien indiquer qu'il s'agit de "l'oratoire" dont parle Rousset, d'autant que le portail est surmonté par un cartouche où on lit "SANCTE LAURENT DOMUN CUSTODIS", d'autres indices semblent aller dans ce sens

Et puis un autre indice tout récent : André Girardot a acheté un ancien lavoir qui joint ce petit bâtiment. Il a fallu rechercher qui en était le propriétaire. Or on semble avoir découvert que c'était la commune ou le département. Pourquoi ne pas penser alors que le bâtiment qui nous intéresse, appartenait à la commune tout comme le lavoir ? Il aurait pu être acquis, vers 1880 par la famille Girardot et transformé en logement. En 1930 il était occupé par une famille "Pascal-Mousselard". A signaler au passage que deux maisons de ce quartier semblent être parmi les plus anciennes du village. Les deux portent un cartouche avec initiales. L'une est datée de 1706.


menuPierre Marie Monnier dont Rousset fait l'éloge, semble effectivement avoir été un maire énergique. Son souhait était apparemment de sortir son village de la tutelle qu'exerçait la Chaux des Crotenay qui, entre autres possédait l'église et l'école. Voici un exemple de son attitude :

Avant 1905, les biens et les finances de la paroisse étaient gérés par le conseil de fabrique. Entre deux monts, propriétaire pour un tiers de ces biens avait un représentant à ce conseil. Le 3.10.1841 Pierre Marie Monnier, maire est élu trésorier. En 1844 le conseil est dissout. Elie Girod le remplace. Puis le 15 avril 1860, dimanche de Quasimodo, (que s'est-il passé depuis 1841 ?) un extrait du cahier de délibération de la fabrique signale ceci : "Considérant que l'ex trésorier Monnier a jusqu'ici refusé de rendre des comptes quoique plusieurs fois invité…. , Considérant que le 10 janvier 1860, en présence d'un grand nombre de témoins dignes de foi il a déclaré avoir laissé en caisse la somme de 22OO francs à l'époque de la cessation de ses fonctions, … sont d'avis que le dit Monnier soit forcé de rendre ses comptes". Une intervention de l'évêque n'y fait rien. Et le 27 mai on lit sur le même cahier, après le rappel de toute l'affaire : "Pour éviter d'indisposer davantage les habitants d'Entre deux monts réunis en grand nombre et déjà exaspérés contre les administrations de la paroisse qui recherchent le bien, l'ordre, et la justice…. Attendu que l'ex trésorier Monnier a toujours refusé de rendre des comptes sans doute parce qu'il était maire alors en même temps que trésorier de la fabrique ce qui était évidemment une irrégularité, il se voyait inaccessible aux recherches et que probablement la fabrique a préféré les voies de la douceur et de l'attente à celles plus rigoureuses des tribunaux". Je ne connais pas la suite. Cela montre que les relations Entre deux monts - Chaux des Crotenay n'ont pas toujours été faciles. Au sujet de Pierre Marie Monnier, voir aussi la page École.

 

Et depuis :

La Mairie-Ecole

Morillon va bénéficier d'un sursis. En 1880 la prolongation de la ligne de chemin fer de Champagnole à Saint Laurent va amener de nombreux ouvriers, italiens le plus souvent. Ils repartiront en 1890, leur travail terminé. En 1907, le vieux chalet qui se trouvait au croisement de la Lemme et de la Nationale 5 est abandonné. Quelques années plutôt, le poste de douanes avait été supprimé, il se trouvait à coté du relais de poste qui fut plus tard transformé en ferme. Une chanson du moment appelait cette ferme "la grande cour".

Vers 1940 il restait au village :

- une quinzaine de cultivateurs ayant en moyenne dix vaches, une paire de bœufs et dix à douze hectares de prés et deux hectares de terre labourable. Beaucoup étaient voituriers et débardeurs ce qui durant la guerre de 1914-18 leur avait permis d'être affectés spéciaux pour le transport du bois de la scierie David qui fournissait l'armée. David était conseiller général et avait une certaine puissance.

- une scierie le long de la Nationale à Morillon (Grappe, puis Melet, Pagnier et enfin Perrin. Cette scierie a brûlé. Une autre scierie menuiserie au Quartier (Morillon actuel) où Paul Chevassus qui avait acheté le moulin Jacquand en 1926, fabriquait encore des quilles en 1980.

- un chalet et son fromager (le premier avait été en 1907 Henri Martinez).

- deux cafés, l'un sur la Nationale à Morillon (Amand Monnier puis Charles Billot ), l'autre au centre du village (Michaud, "la Maria", qui avait un piano mécanique et chez qui venaient danser les jeunes du canton). Le premier existe encore.

- une école avec une trentaine d'élèves.

- une compagnie de pompiers avec sa pompe à bras. Elle servait surtout aux défilés. En 1927 un gamin de 5 ans à qui on avait fait faire une tenue sur mesure, marchait en tète. En 1927 aussi, la vieille pompe à incendie est vendue.

- et trois ou quatre anciens (dont la "rentière"), qui passaient chercher au chalet, un peu de "laitia", de "rognure" ou de "serra".

Jusqu'à l'arrivée du chemin de fer en 1912, les diligences allant de Champagnole à Saint Laurent empruntaient la Vie de la Serre. Au bas de cette rampe elles s'arrêtaient à un relais, où avait longtemps existé un péage. Ce relais est maintenant une ferme qui appartient à la famille PAGNIER. Alfred BOUVET assurait le service. à gauche : couverture du "nouvel itinéraire portatif" de 1826 (communiqué par M. Maugis) en bas à gauche : croquis d'une diligence d'Alfred BOUVET extrait de l'histoire du Grandvaux de Luc MAILLET-GUY en bas à droite : itinéraire de Paris à Genève par Champagnole

menuL'arrivée du progrès

L'Eclairage

En 1909 Gaétan COLLIN des Planches a déjà amené l'électricité à plusieurs villages de la région, La Chaux du Dombief et Foncine le haut, entre autres. Entre deux monts pense à lui dès ce moment là. En 1921 la décision est prise. La commune vend deux titres de rente pour les premières dépenses, et COLLIN fait rapidement le travail. En 1922 Joseph TREMBLAY électricien à Orgelet installe deux transformateurs. En 1927, le réseau déjà trop faible est renforcé.

En 1932 la société des Forces électriques de la Saine de COLLIN fusionne avec les Forces motrices de Loue.

 

On oublie le temps où l'on s'éclairait avec des lampes à pétroles (ou lampes tempête) qui donnaient autant de fumée que de lumière, ou des bougies faites de cire d'abeilles ou plus souvent de suif tiré des animaux abattus. Les bougies resteront cependant dans le langage car, longtemps encore l'intensité des lampes sera mesurée en "bougies" et non en ampères. Les factures seront calculées en fonction du nombre de lampes et non de KW.

Le système par "abonnement à la lampe" sera abandonné en 1948, lors de la nationalisation et remplacé par "le compteur".

Depuis sont apparus les pylônes transportant 225 000 volts et même 400 000 volts. C'est le cas de la ligne construite dans les années 1960 qui passe au dessus de Fort du Plasne, d'Entre deux Monts et des Planches (au Chatelet).


L'Eau

Jusqu'en 1931, les ménages tirent leur eau des fontaines construites au moment ou Pierre Marie MONNIER était maire, ou pour quelques-uns de puits individuels;

c'était le cas de Narcisse GUYON. C'est aussi le cas de la ferme du Cernois, où la commune a refusé en 1911 de créer une fontaine. Les VIONNET avaient du amener eux-mêmes l'eau dans leur cour où un demi tronc de sapin servait de bassin. Il est vrai que la Lemme était toute proche.

Dès 1924 la commune songe à créer une conduite pour tout le village. Elle fait étudier successivement les sources des Serrettes (en 1927), de la Belle Jacquette (en 1928), de la Grange Magnin (en 1930). Enfin, elle opte en 1931 pour la source de la Fontaine du bois au Lac des Rouges Truites, appartenant à Armand THOUVEREZ. Coût 9000 francs. La conduite et le réservoir de Côte Pouret sont construits en 1932-1933.

 

Abreuvoir devant la ferme de Morillon

 


Le téléphone

En 1913 une cabine de téléphone public est installée devant la maison de Narcisse GUYON. Le gérant est Jules GUYON, et le porteur de télégrammes Emile GUYON. La commune verse un salaire de 100 francs par an pour les deux frères.

En 1927, Jules GUYON ayant déménagé vers la maison proche de la mairie-école, la cabine est déplaçée et plaçée devant cette maison. La gérante est Renée GUYON, femme de Jules.

En 1935 une seconde cabine est accordée à la commune. Elle est installée devant le café Billot à Morillon.


la Poste

En 1845 l'administration propose d'installer un bureau de poste aux Planches en Montagne. Ce bureau desservirait les villages de Foncine le Bas, Entre deux Monts, Chaux des Crotenay, La Perrena, les Chalesmes, Bief des maisons, Treffay, et Crans. La commune des Planches, bien que petite, a été choisie parceque située au centre du dispositif et sur le chemin qu'utilise la voiture postale qui porte déjà le courrier de Champagnole à Mouthe (30 Km aller et retour, 4 heures pour aller, 3 heures 30 pour rentrer).

Foncine le Haut n'est pas cité, car depuis 1838 il y existe un bureau de "distribution de lettres" desservi par la ligne Champagnole-Mouthe.


Le reste

En 1920, achat d'un chasse-neige en bois construit par Marcel MONNIER menuisier. Bien entendu, il devait être tracté par 4 ou 5 paires de boeufs.

En 1924, décision est prise de confier la construction d'un monument aux morts de la guerre de 1914-1918 à l'entreprise GOURDON de Paris. Narcisse GUYON, Emile MICHAUD et Emile JEUNET donnent le terrain necéssaire et FOULONNEAU des Planches, aménage le socle.

En 1925, un cinématographe est acheté sur proposition de l'instituteur Maurice BARODET. Celui-ci en sera responsable. Son objectif premier : projeter des films de formation (culture, hygiène, sécurité). L'appareil était plaçé dans une cabine montée sur rails. Pour s'en servir, celle-ci était amenée en face de la fenêtre de la salle de classe. L'instituteur-opérateur l'actionnait à la manivelle. De sa cabine il commandait "Allumez !" ou "Eteignez !", ce qui, retransmis de proche en proche jusqu'à l'élève le plus proche de l'interrupteur devenait ... "Eteindez !".

Et encore :

En 1912, réparation de la décoration de la salle de mairie et de la cuisine de l'institutrice par Albert MULAN décorateur à Fort du Plasne. Les peintures de la salle de mairie (entre autres le château de la folie et le pont du chemin de fer à Morillon) seront recouverts d'enduit après 1950.

En 1920 une subvention de 1000 francs est accordée pour l'installation d'un médecin à la Chaux des Crotenay. La commune prend à sa charge la moitié du coût de chaque visite de médecin.

Et maintenant ?

Après les années 1940-1950 où beaucoup de cousins citadins ont pu manger à leur faim grâce aux petits cultivateurs, puis les années 1950-1970 où la motorisation a débuté, remplaçant les faux, les râteaux et les galères, l'agriculture, comme l'industrie a fait sa révolution. Des engins de plus en plus gros et de plus en plus efficaces exigeant des surfaces considérables. Une main d'œuvre réduite. La population du village tombe au-dessous de 100, L'école passe de 40 à 14 élèves. Il reste maintenant trois agriculteurs, un garage de plus en plus important et de mieux en mieux connu, quelques grosses maisons qui abritaient des familles patriarcales et qui sont presque vides et une dizaine de maisons neuves et de chalets qui prouvent que sans ressources autres que ses bois la vie dans ce village reste agréable.


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