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Entre deux Monts a-t'il un patrimoine ?

Pont d'Entre deux Monts, près de l'étang des Drillettes.. Sur ce pont passait l'ancienne route du sel


C'était "Sous Malruche". C'est maintenant Entre deux monts. Le nom est plus expressif mais moins pittoresque. Au fait qu'était ce Malruche ?

On a bien peu de chance de le savoir un jour car Entre deux monts n'a pas d'histoire propre. La Chaux des Crotenay avait le château, l'église, les deux foires annuelles, les auberges, les commerçants, plus tard la gare…et puis le docteur Chambelland. Et sans histoire, il n'y a pas de patrimoine. On a bien découvert, il y a quelques années, au pied de la Vie du Four, un abreuvoir qui avait dû autrefois être bien apprécié des boeufs et des chevaux qui tiraient leur charge vers Fort du Plasne. Les Eaux et Forets l'ont dégagé de tout ce qui le cachait, mais qui va le voir ? Seule la mairie parait mériter parfois une photo. Il est vrai que ce bâtiment a un certain cachet. Et pourtant, sans remonter à Vercingétorix, le passé de ce village est riche: Cinq ou six fontaines installées vers 1852 par Pierre Marie Monnier, maire à qui la commune doit beaucoup. Elles sont toujours là, même si leur eau n'est pas contrôlée. Un chalet qui, bien qu'il ait perdu sa destination initiale, mérite un coup d'oeil. Ce n'est pas écrit sur sa façade, mais il fut en 1907, l'un des plus beaux "chalets modèles" construits à l'époque; et ses fromages furent appréciés.

Le second pont d'Entre deux Monts, vers le quartier "du bas" tel qu'il est visible aujourd'hui.

La "Grange du Cernois", souvenir d'un temps où les seigneurs de la Chaux étaient riches, existait déjà au XVème siècle sans doute sous une architecture différente. Elle est encore bien belle entre le viaduc des Chevrières et le Rachet. Elle n'est plus "du Cernois" mais de "Morillon", et de "grange" elle est devenue "ferme", avec un entourage qui, lui, n'a pas cinq siècles d'âge.

Madame Braun, qui fut longtemps hôte de Charles Billot en a fait de nombreuses peintures. La ferme Pagnier, ancien relais de diligences doit avoir aussi son histoire. Le poste de péage dont parle l'historien du Grandvaux ne devait pas être loin (1).

Des scieries il ne reste que quelques pierres et des traces des canaux d'arrivée et de sortie d'eau. Celle qui, perdue au pied d'une cascade de la Lemme, avait pris la place de la première clouterie crée en 1532 par les sieurs Ethievant et Morel, puis acensée le 20.11.1581 à François Maillard, a brûlé, comme beaucoup d'autres. Durant la guerre de 1914-18 elle appartenait à Henri David et travaillait pour l'armée et ses tranchées. Son propriétaire était conseiller général. Plusieurs voituriers de la commune ont été "affectés spéciaux" chez lui pour charrier les sapins et les poutres. L'autre, le long de la RN5, venue des Dumont-Fillon, Melet, Grappe, Pagnier puis Perrin est tombée en ruines; Reste celle, ancien "Moulin Jacquand", où Paul Chevassus, fabriquait encore vers 1970 des quilles et des boules.

Une ancienne déchargeuse.

Et puis, sans chercher beaucoup, on trouve plusieurs maisons qui ont gardé au-dessus de leur porte d'entrée, la date de leur construction. Dans le "quartier du bas", trois ont été bâties en 1706, 1717 et 1741. L'une est en voie de réhabilitation et sa façade sera heureusement sauvegardée. Une autre n'a pas changé depuis le début du siècle passé, comme si elle attendait de devenir un musée cousin de celui du Coin d'aval. Dans le quartier du haut qu'on appelait autrefois "les Monniers", une est datée de 1706, une autre de 1741. Et ces Monnier étaient cousins de ceux des Planches dont certains, alliés aux Jobez, sont devenus célèbres.

Enfin Il y a quatre statues de la Vierge : l'une à Morillon qui aurait refusé de voir passer les sarrasins, une autre au col du Git datée de 1789, une troisième à la Vie du Mont qui avait disparu et qui a été remplacée en 1954, et une dernière, crée par un Girod en 1809, qui était destinée à protéger ceux qui empruntaient la Vie du Four. Après un incendie elle a été réinstallée dans le mur d'une ferme.

Et n'oublions pas ce petit immeuble sur la façade duquel on lit, au-dessus de la porte : "sancte Laurenti domun custodis". Ces quatre mots latins et les colonnes qui encadrent ses deux portes, permettent de penser qu'à l'origine cet édifice avait une destination particulière. Le service du patrimoine vient de le découvrir et de le dater ( 17ème siècle) (2). Son propriétaire l'a rajeuni. Souhaitons qu'à, tout le moins, on retrouve son origine.

Et pour terminer, n'appartiennent-ils pas au patrimoine les trois anciens ponts dont deux sont pratiquement invisibles, sur lesquels passait, il y a des siècles, la route du sel ?

En effet, cette route, venue de Salins par Cornu arrivait à Entre deux monts par le col du Git, desservait le hameau des Monnier, puis descendait vers le Quenon, (on disait autrefois le Quiet) qu'elle longeait jusqu'à Morillon en le traversant et le retraversant. Il reste d'elle, entre ces deux ponts, une promenade discrète et agréable pour les marcheurs. Après le troisième pont, cette fois sur la Lemme (2), elle prenait le nom bien connu de "Vie de la Serre".

Oui Entre deux monts a bien une histoire. Elle dort sans doute encore dans les greniers. Reste à la découvrir. Mais Entre deux Monts revit. Chaque année naissent de nouvelles maisons et par bonheur ce sont des enfants du pays qui s'y installent.

 

Statue de la Vierge de la Vie du Mont

Statue de la Vierge de la Vie du Mont

Selon une vieille tradition, un prètre qui passait par la Vie du Mont, en revenant de recueillir ce qu'on a appelé plus tard le denier du culte, aurait été attaqué.
Il aurait alors invoqué la vierge et aurait survécu à son agression.
C'est en remerciement qu'il a installé une première statue de la vierge à cet endroit.
Cette première statue aurait été volée, ou déteriorée plusieurs fois et finalement oubliée.

En 1954 la colonie de vacances de Louhans, qui venait chaque été dans un immeuble situé entre l'église et la Vie du Mont, a mis en place une nouvelle vierge avec la plaque que l'on voit aujourd'hui.
Cette plaque aurait été repeinte et refixée plusieurs fois depuis.
On peut lire au bas les lettres EL ce qui signifie Etoile Louhanaise.
(source Léon Bourgeois).

 

1) concernant le péage de Morillon, voici, relevé par le chanoine Maillet-Guy ("Histoire du Grandvaux"), un extrait d'un compte rendu rédigé après une "descente" de notables vérifiant les frontières en septembre 1714 :

A Morillon, sur l'instance des représentants de Bonlieu, les commissaires reconnaissent "le placard ou feuille en ferblanc, cloué contre la maison de Claude Morel, qui a pour enseigne le lion d'or, sur le grand chemin de Besançon à Saint-Claude et à Genève".

On lit sur ce placard : "Péage de la Chartreuse de Bonlieu sur le pont de Layme, Mourillon et le pont du Sault Girard : tous passants et repassants, excepté les sujets de Bonlieu et autres qui ont titres d'exemption pour leurs propres danrées tant seulement, doivent payer, à peine de cinquante sols estevenants et de confiscation de leurs marchandises : pour un charriot ferré, 4 blans; pour deux charriots, 2 blans; pour un cheval ou jument ferré mené en foire, 2 blans; non ferré, 1 blan; toutes bestes à pied fendu, 1 blan; un mulet chargé, 4 blans; un cheval chargé, 1 blan; un charriot de bois chargé de marchandises, pour chaque jument qui tire, 1 blan; un mercier à pied, demy blan; un magnin portant sur son dos, 1 blan".

une maison "du bas" d'Entre deux Monts, datée de 1706

2) à rapprocher d'un acte de mariage relevé par Maurice Genoudet, l'historien de Morez : Les Girardot arrivent à Entre deux Monts vers 1800, en même temps que les Genoudet. Le premier Genoudet, Henri Joseph, est "laboureur du Grandvaux à la Chapelle Saint-Laurent". Un de ses petits-fils, jean Joseph, instituteur épouse Marie Aimée Girardot. Ils seront plusieurs fois parrains et marraines d'enfants du village.

3) Le chanoine Maillet-Guy rappelle que "le langage du pays, modelé sur l'ancienne orthographe ne connaît que la l'Aime". Jusqu'en 1789, les documents présentent toutes les orthographes donnant la même prononciation, excepté seulement l'orthographe d'aujourd'hui qui est celle des hommes étrangers au pays, et qui envahit les livres : la Lemme

troisième pont d'Entre deux Monts, celui du "quartier", à Morillon, qui mène vers la Vie de la Serre.
Le troisième pont d'Entre deux Monts, au dessus de la Lemme
La Vie de la Serre

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