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Un artiste émailleur à Foncine le Bas


Morez est la patrie de l'horlogerie et la lunetterie. L'émaillerie n'est qu'une annexe de l'horlogerie. Et pourtant elle appartient au patrimoine.
Un fascicule de trente six pages du Parc Régional du Haut Jura, "Des mots et d'émail", nous rappelle l'importance qu'elle a eu dans cette ville et dans les villages alentours.


Paysage d' étang avec ferme, au crépuscule. Ce tableau est l' oeuvre du peintre sur émail Louis Clément, né à Foncine-le-Bas le 7 juillet 1882 et mort à Limoges le 30 juillet 1977. Il fait partie d' un ensemble de dix tableaux émaillés donnés en 1956 par Clément à la ville de Morez.

Email peint sur une plaque en cuivre concave, avec représentation en léger relief; cadre en bois feuillu teinté couleur ébène, avec marie-louise, revers masqué. (Louis Clement)
L'art de l'émail est connu depuis des millénaires; les orfèvres égyptiens l'utilisaient déjà pour décorer leurs bijoux. L'émail est arrivé à Morez sur un cadran d'horloge au XVIIIème siècle en passant par la Suisse. Grâce à lui Morez aura droit au titre de "Ville et métiers d'art" sous la classification "décorateur sur métal, spécialité émailleur".

Outre les "cadrans 13 pièces" et les balanciers des horloges comtoises, petites et grosses, les émailleurs vont enrichirent les villes, en affichant les noms des rues, les enseignes de magasins, les publicités, les réclames, comme celle de la "Vache qui rit" qui naît en 1921, puis ils fabriqueront des médailles et des étiquettes de toutes sortes, et les plaques funéraires, (les célèbres "coeurs de Morez" ... ici repose ...) où sont écrits à la main, souvent au dessous d'une photographie, les noms des défunts.

Ces émaux sont réalisés sur tôle. Ils sont payés à la lettre ou à la ligne. L'émailleur d'art voisine avec l'émailleur commercial. Ce travail délicat, exige de grandes compétences et un sens artistique certain.
Comme les lunetiers et les horlogers, les émailleurs de Morez travaillent, l'hiver surtout, à domicile, "à la fenêtre" ... Beaucoup se spécialisent comme peintres sur émail. C'est un travail précis et minutieux. Chacun a sa méthode qu'il garde secrète.

En 1935 Morez comptait dans cette spécialité, 18 entreprises artisanales avec 400 émailleurs répartis dans le canton. Toutes ont disparues.

Dans les dernières pages de ce petit livre, on lit : "à Limoges, l'art de l'émail reste fortement associé à des représentations religieuses grâce à des techniques transmises depuis le 17ème siècle" et on précise qu'on ne travaille pas sur tôle comme à Morez.

Cela nous amène à notre compatriote Louis CLEMENT, maitre-émailleur, né à Foncine le Bas le 7 juillet 1882, et mort à Limoges le 30 juillet 1977.

Il a sans doute été au départ, comme d'autres fonciniers, émailleur à Morez, peut-être même en travaillant chez lui "à la fenêtre", puis il est devenu artiste maître-émailleur et il a rejoint l'équipe de Limoges spécialisée dans l'orfèvrerie religieuse et la vaisselle décorative.

On lui connaît sept tableaux, qu'il a donnés en 1956, au musée de Morez. L'un, l' "Ecce Homo"* est classé au patrimoine culturel. A l'inventaire général de ce patrimoine il est décrit ainsi :

Ecce homo

"Le christ est représenté en buste, couronné d'épines et tenant un roseau; la tunique pourpre est à peine visible sur les épaules, les yeux levés vers le ciel.
Il est peint sur un médaillon ovale, en cuivre, avec un léger relief.

Ses dimensions sont, avec le cadre : 28 cm de haut et 26 de large et pour l'apparent 22,6 et 9,2 cm. C'est une copie de l'Ecce Homo réalisé au 17ème siècle par Guido Reni (1575-1642) et conservé au Louvre. Il fait partie des dix tableaux émaillés donnés par Louis Clément en 1956 à la ville de Morez. On y lit, inscrit en peinture, à gauche "L.Clément Limoges" et à droite "d'après Guido Reni".

L'histoire de l'art de l'émail à Limoges nous apprend aussi que Louis Clément a initié à cet art Dom Jean Coquet moine bénédictin, qui a découvert, dans ce qui reste du monastère Saint Martin de Ligugé, le premier monastère des Gaules, des carrelages émaillés médiévaux.
Ce sont ces antiquités qui sont remises à l'atelier religieux de Limoges et dont l'équipe d'artisans-artistes de Limoges fait des copies.


* Ecce Homo = Voilà l'homme (ce qu'a dit Pilate aux juifs lorsqu'il leur a montré Jésus-Christ ayant à la main un roseau pour sceptre et une couronne d'épines sur la tête)

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