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Les Guyon

La ferme du Châtelet, où habitaient les Guyon-Veuillet de 1798 à 1812 n'existe plus. Lorsque la famille éclate vers 1812, Jean Joseph Ignace né à La Cabouille (commune de Chaux Neuve), qui a épousé le 11 juin 1805 Jeanne Catherine Genoudet, 18 ans et qui a déjà deux enfants, reste presque sur place puisqu'il va aux Monniers dans le haut d'Entre deux monts. Il ne tarde pas à bâtir sa maison. Rousset nous dit qu'en 1850, il y a dans ce village une ou deux maisons qui comportent un étage, ce qui était rare à l'époque. Celle de Jean Joseph pourrait bien être l'une d'elles. Notre ancêtre était en effet entré par son mariage chez les Genoudet, Martin Gousset, et Marchand, qui sont maçons ou couvreurs.

En 1864, Éléonore Guyon l'agrandit et la recouvre. Après la mort d'Eléonore le 29 mars 1885, elle échoit à Albin Guyon, frère de Narcisse. Albin, voyageur de commerce à Joigny, meurt le 24 novembre 1897, sans enfants. Six semaines plus tôt, le 11 septembre 1897, il avait vendu cette maison à sa nièce Emilia Vuillet. Par la suite, Emilia mariée à Henri Martinez, n'ayant pas d'enfants, cédera cette maison à son frère Aimé Vuillet. Elle appartient maintenant à Gaston Vuillet, fils d'Aimé. Depuis 1897, son aspect n'a que peu changé. Le notaire écrit "construite en pierres, couverte moitié tuiles, moitié bois, composée d'habitations personnelles, grange et écurie". Éléonore Guyon était, entre autres, tissier. Il y a peu de temps on voyait encore les supports des métiers fixés aux murs.


Dès son mariage le 30 avril 1879, Narcisse entreprend la construction de sa maison. En 1873, il a hérité de son "oncle Marchand" et il achète plusieurs parcelles de terrain vendues par les héritiers Roux, Girod ou Bailly.

Le 16 novembre 1879, il acquiert entre autres "une maison en vétusté complète" et il fait bâtir à la place cette ferme qui n'a que peu changé depuis. C'est là que va vivre le "gros ménage", de 1880 à 1920.

En 1920, lorsque Émile y amène sa femme Cécile Vionnet, il y a déjà : Narcisse, sa femme, sa belle-soeur Florentine Vuillermoz, impotente, Léon, sa femme et ses trois enfants, Jules, sa femme et sa fille Irène. Cécile est donc la treizième.

Elle est la dernière arrivée et les corvées lui sont réservées. Elle se rebiffe et exige que l'une des trois maisons de Narcisse soit attribuée au jeune couple. Elle obtient satisfaction, même si le partage ne doit intervenir qu'en 1925. Narcisse s'était réservé ici sa chambre.

Il y mourra le 22 avril 1935 à 92 ans. Il était prévu au partage que la ferme revienne à l'aîné de ses fils, Léon.

A noter que le partage se fera le 4 décembre 1925. La femme de Narcisse, Marie-Eloïse est morte le 22 juin 1924 et Léon le 11 juin 1925. Émile mourra le 14 mai 1926 et Florentine le 28 décembre 1928.

 

Narcisse avait fait installer l'eau sur l'évier en captant une source au pied de la Doule. Ce devait être la première au village.

 


Le 20 décembre 1908, Narcisse achète au nom de ses quatre garçons, toutes les propriétés que possède Jules Bailly sur Entre deux monts. Ce Bailly est le fils d'un ancien notaire qui a acquis une bonne partie des biens des Roux et des Girod.

La propriété compte plus de 18 hectares de terrain et un bel immeuble. Elle est exploitée par la famille Jeunet depuis le 25 mars 1908. Elle possède un puits dans le jardin contigu et, accolé au mur nord, un four à pain dont la gueule se trouve à l'intérieur, dans la cuisine.

Le four a été détruit. Quand Narcisse a acheté cette maison, il y a amené l'eau courante par une conduite dérivée de l'installation.

Cette maison est dévolue après le partage du 4 décembre 1925 à Émile, après que celui-ci ait accédé au désir de son frère Jules qui préférait la troisième décrite plus loin. En fait, Émile n'y restera que cinq mois puisqu'il y mourra le 14 mai 1926. Cécile sa veuve, ne pouvant mener une grosse exploitation compte tenu de ses deux enfants âgés de 4 et 2 ans, la louera à son frère Henri Vionnet, lequel donnera sa place en 1930 à ses beaux-parents les Bourgeois.

Elle a été vendue en 1954 à Léon Bourgeois leur fils qui y demeure aujourd'hui.


Le beau père de Narcisse, Pierre Marie Monnier, dit Pierre le dur, pour le distinguer de l'autre Pierre Marie qui selon Rousset fut un excellent maire, avait acheté cette maison le 12 juillet 1857 de Jean Constant Alexis Monnier partis aux forges de Bourg de Sirod.

Elle était alors composée d'une cuisine et d'une chambre appelée "le poêle", le tout au rez de chaussée. Elle a été rehaussée et agréablement aménagée depuis.

Après le décès de Pierre Marie, sa fille Florentine qui en avait hérité, l'avait louée à Paul Cretin, sabotier. Un incendie l'avait un peu endommagée. Elle a servi ensuite de forge. En 1920 elle était inhabitée. Émile et sa femme Cécile l'on réparée et s'y sont installés. C'est là que sont nés Gratien et Monique.

Elle était petite et ne permettait pas une grosse exploitation. Elle présentait par contre l'avantage d'être proche de la mairie-école et les instituteurs y prenaient pension.

En 1925, le tirage au sort l'attribua à Émile qui l'habitait déjà. Mais Jules qui avait reçu la ferme achetée en 1908 la préférait. Émile accepta facilement l'échange. Il déménagea au cours de l'hiver. Jules l'habita jusqu'à sa mort accidentelle le 13 novembre 1957. C'est son fils aîné, Michel, qui l'occupe maintenant.


 

En arrière plan, les 2 maisons Guyon

Le Chalet Modèle" bâti en 1907 pour remplacer les deux anciens chalets, celui de Morillon dont il n'y a plus trace et "celui du haut" qui sert maintenant de garage.


Émile GUYON a fait son service militaire au 44 ème RI à Lons le Saunier. Il a été rappelé au 60 ème RI le 9 août 1914, puis est passé en 1915 au 115 ème RI qui venait de subir des pertes énormes. Avec ce régiment, il va servir à Massiges, au Bois Sabot, au Mont Têtu, au Mont de la faux, à Verdun en 1916, puis dans la Somme et en Champagne en 1917, avant de poursuivre l'armée allemande jusqu'aux Ardennes en 1918. Il a donc connu tous les champs de batailles dont parlent les historiens de cette guerre. La Croix de guerre attribuée à son régiment en témoigne.

Une autre citation lui a été attribuée à titre personnel; on la lit sur son état des services :

"soldat ordonnance, malgré un dévouement et un attachement sans bornes pour son chef, le lâche pour courir là où on cogne; revendique les missions dangereuses. Le 2 juin 1916 a pris part à une reconnaissance périlleuse en territoire découvert et entièrement bouleversé par le bombardement".

Son chef était le capitaine PAGET, un presque compatriote puisque originaire du Vaudioux. Ce capitaine assistait d'ailleurs à son mariage à Entre deux Monts le 19 juin 1920.

Son livret militaire donne de lui le signalement suivant : "cheveux châtains, sourcils bruns, yeux gris, front ordinaire, menton rond, visage rond, taille 1,65 m".


En guerre en 1916

Une promenade du 11 novembre sur internet, m'a amené sur l'historique du 115eme régiment d'infanterie. J'y ai découvert le récit d'une bataille du 2 juin 1916 au cours de laquelle mon grand père a mérité la Croix de Guerre. Pour mes neveux et cousins, voici ce récit, et la copie de cette citation, déjà bien "fatiguée".

Cela se passe dans la région de Massiges (Marne) où "les communications sont difficiles et précaires entre les tranchées impraticables, trop peu d'abris dans un terrain que bouleversent quotidiennement la torpille et l'obus".

 

"Le 15 mai, sous les ordres du capitaine ROBO et entraînés par le sous-lieutenant BADETS, 37 volontaires du 2ème bataillon réussissent un coup de main. Le détachement ramène dans nos lignes 2 prisonniers des 109 et 110ème régiments d'infanterie qui fournissent de précieux renseignements.

Est-ce pour venger cet échec que les allemands ont tenté le 2 juin une opération de grande envergure qui semble avoir eu tout autre but que celui de faire des prisonniers ? La journée fut dure. Une fois de plus le 115 lutta avec succès et, malgré ses pertes, maintint intégralement son front.

Emile Guyon

De 5 heures du matin à 18 heures 45, heure du déclenchement de l'attaque d'infanterie, tout le secteur est soumis à un tir de torpilles et d'obus de tous calibres.

Des défenses accessoires il ne reste rien. Dans les tranchées de première ligne, bouleversées, nivelées, les garnisons très éprouvées attendent stoïquement l'attaque.

A coup sûr l'ennemi qui surgit derrière le nuage de fumée des derniers éclatements ne croyait pas trouver devant lui tant de gens décidés, répondant au cri d'alarme des guetteurs. Et de 18 heures 45 à 20 heures, les gars de la 1ère, de la 5ème, de la 8ème, de la 6ème ont lutté, contre-attaqué, et finalement ramené chez lui à coups de grenade le boche qui ne lâche le terrain que mètre par mètre.

8 officiers blessés, 36 hommes tués, 102 blessés, 36 disparus (la plupart ensevelis), tel est le chiffre de nos pertes pour cette journée. L'ennemi a laissé 2 morts entre nos mains (un pionnier de la 274ème compagnie et un sous-officier du 110ème Grenadiers).

 

Le 3 juin, le lieutenant-colonel adresse à ses troupes l'ordre du jour suivant :

"Le général GOURAUD, commandant la IVème armée, a adressé au lieutenant-colonel, commandant le régiment, ses félicitations pour la façon brillante dont le 115ème avait arrêté, puis contre-attaqué les allemands dans la soirée du 2 juin. Le lieutenant-colonel transmet à tous ces félicitations en y joignant les siennes pour l'endurance, l'énergie, la vigueur déployée dans la défense et la contre-attaque, après un bombardement préparatoire qui dura cinq heures.

Honneur aux officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 115ème."


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