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L'Usine Collin

 


La Langouette a eu les honneurs de la presse à deux reprises au cours de l'été 2006 : d'abord lorsqu'on a aménagé et sécurisé, très heureusement, la cascade et les gorges, puis lorsque la Saine, en furie et profitant d'une imprudence a emporté les vannes et le pont de la centrale électrique.

Mais peut-on évoquer la Langouette sans penser à la famille Colin et à sa scierie ?

Le Progrès du dimanche du 22 octobre le fait opportunément. Il nous rappelle que, depuis longtemps, il existait sur la rive droite de la Saine un vieux moulin ; qu'en 1853, Léon Genisset - qui par sa mère appartenait à la dynastie des Thouverez - a remplacé ce moulin par une scierie qu'il installe sur la rive gauche et qu'en 1876 cette scierie devient scierie Colin par le mariage de Léonie Genisset, fille de Léon, à Jules Colin venu de Haute Marne.

A partir de là, trois générations vont apporter aux Planches en Montagne et aux villages voisins une activité intense et fructueuse. En 1907, Gaétan succède à son père. Aussitôt il voit grand. Associé à son beau-frère, Henri Romand, il entreprend la construction d'un barrage et d'une centrale électrique en aval des gorges.

Mais les habitants de Syam craignent que ce barrage ne résiste pas aux furies de la Saine. Il doit renoncer et revient à sa Langouette. Les roues à aubes de la scierie, très volumineuses, prennent toute la place. C'est donc dans une faille du rocher dominant la cascade qu'il installe sa turbine. Et le voilà non seulement scieur, mais en plus, fabricant et distributeur d'électricité.

Il amène la lumière, calculée en "bougies", à dix communes au moins et à la force motrice à des dizaines d'ateliers. Non seulement il entreprend mais il administre. Il est maire et conseiller général. Et c'est à lui certainement, que le canton doit ses succès des années 1910-1940.

Son nom est tellement ancré dans les têtes de ses administrés que le secrétaire de mairie d'Entre deux monts lorsqu'il dresse les tables décennales des actes d'état-civil 1913-1922, donne, par erreur, le prénom de Gaétan à mon père (au lieu de Gratien). Il est vrai qu'il vient d'électrifier cette commune et d'obtenir du maire l'autorisation d'y faire passer les lignes destinées à la Chaux du Dombief.

En 1941 l'usine est réquisitionnée et travaille pour la Kriegs Marine. En 1950, Gaétan Colin meurt. Maurice a pris sa succession et a déjà crée une succursale dans les Vosges puisque le bostriche sévit dans le Jura. Et puis en 1959 c'est l'incendie, fatal celui-là, après ceux de 1871 et 1920. Il reste la maison familiale et non loin, les descendants, et pour les anciens le souvenir.


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