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La naissance de l'automobile

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C'est en 1875 que date un exploit accomplit par un de nos concitoyens, Paul Jacquemin, alors âgé de 17 ans.

En 1874, aidé par un mécanicien de Lons le Saunier et par le charron Friaglia de Morez, il entreprit de construire une voiture à vapeur. Ce véhicule n'était pas sans rappeler le fardier à vapeur de Cugnot (1769) et les réalisations ultérieures d'autres pionniers de la locomotion automobile. Maurice Boubée le décrit ainsi dans le numéro de juin 1980 de la revue "l'Optique française et l'Opticien lunetier" : "c'était une sorte de voiture d'allure paysanne à quatre roues robustes. Les roues avant étaient plus petites que les roues arrières. A l'avant se trouvait un siège, le volant, la lanterne, une grosse lanterne. Au centre était la chaudière, à l'arrière une sorte de coffre qui renfermait une partie de la mécanique. Ce n'était pas très esthétique, mais elle roulait !".

Dans le "Patriote Morézien" du 18 janvier 1906, Paul Vuillermoz, professeur de philosophe à Thionville, et jurassien d'origine, précise : "c'était un véhicule à vapeur, avec roues arrière motrices, chassis en bois ... chaudière tubulaire ... transmission par chaîne (avec roue unique) sur les roues arrière, direction par guidon, roue "artillerie" en bois, freins à sabot sur les roues arrière". Paul Jacquemin, "Popol" comme l'appelaient alors familièrement les Moréziens, résolut d'expérimenter sa machine.

Dans le journal "l'Auto", de novembre 1905, Paul Vuillermoz, tout en remarquant que l'engrenage actionnant les roues arrière était "tel que nous l'avons aujourd'hui dans les voitures modernes", raconte cette expédition : "Un beau soir à minuit, à l'heure où il n'y a plus de chevaux à effrayer sur les routes, de bourgeois à scandaliser dans la rue, Paul Jacquemin, avec deux courageux camarades, monta dans le véhicule, et ... Partez !

On partit à l'assaut de la forte rampe qui conduit de Morez au village de Morbier. Le moteur faisait rage et, en dépit de quelques accrocs, on atteignit bel et bien le but, et la voiturette rentra, suivant l'expression consacrée, par ses propres moyens. Un triste lendemain attendait les vainqueurs. Le bruit du départ avait arraché quelques habitants au sommeil. Ce fut un tollé d'indignation. Les imaginations en détresse voyaient déjà les chevaux effrayés par l'engin, franchir les parapets des routes.

Quelques âmes mystiques entrevirent un piège de satan. Bref, on cria au scandale et on porta plainte. Le malheureux inventeur connut l'anathème de ses concitoyens auxquels il apportait la lumière. Il dut renier son oeuvre et courber la tête devant le maire de Morez qui lui signifia, au nom d'une population justement bouleversée, d'avoir à renoncer à de pareilles folies, sous peine de voir s'ouvrir devant lui les portes de la maison d'arrêt. Quant à la machine infernale, on l'exila dans un grenier, où son constructeur eut la douleur de la voir mutilée, pièce par pièce, pour être ensuite affectée à des destinations qu'il n'avait guère prévues pour elle".

les véhicules de la maison Bénier-Rollet au début du siècle


Voici une charge de bravoure contre l'automobile que pouvaient lire les abonnés à la revue "les veillées des chaumières" du 29 septembre 1906 :

"Il était inévitable que l'automobilisme ouvrît de nouveaux débouchés au commerce; mais en même temps, ce merveilleux essor d'une industrie toute jeune influençait fâcheusement plusieurs autres entreprises florissantes. Beaucoup de commerces ont déjà souffert du progrès de l'automobile, qui est à peine entrée dans nos moeurs. Il faut donc prévoir avant peu une crise inévitable. Tous ceux que le cheval fait vivre ont déjà été lésés dans leurs intérêts. Le cheval, en effet, n'occupe déjà plus la place qu'il avait jusqu'ici, et cet état de choses a des conséquences fort sérieuses.

Le brusque succès des automobiles a causé de grandes pertes aux fabricants de harnais, aux vétérinaires, aux marchands de fourrages. Les loueurs de voitures de remise sont également atteints. Dans les villes d'eaux connues, certains hôteliers achetaient des chevaux pour la saison et louaient des voitures aux touristes pour les excursions dans les environs. C'étaient là de bons profits. Aujourd'hui, les touristes aisés viennent dans leur automobile au lieu de prendre le chemin de fer et, comme ils ont sous la main des moyens de transports excellents, ils n'ont que faire de louer des chevaux ou des voitures.

Les hôteliers des campagnes souffrent aussi du nouvel état de choses. L'auto ne s'arrête pas dans les petits centres à moins d'y être forcée. Et quand il s'arrête par hasard dans les auberges campagnardes la note qu'on présente au chauffeur est si salée, qu'il perd toute envie d'y revenir pour son plaisir.

"Ceux qui se paient une auto doivent être riches", se dit l'aubergiste. Et il fait payer en conséquence. Mauvais calcul, car le chauffeur se réserve et se hâte de gagner les centres importants où la vie est nettement tarifiée.

Mais voici d'autres individus qui souffrent du sport nouveau : ce sont les grooms, les valets de pied, les piqueurs, les cochers, les palefreniers, qui de jour en jour, perdent leur travail. Une certaine fraction d'entre eux ne retrouvent pas d'emploi dans leur métier : ce sont ceux qui sont d'un certain âge, faits à la routine des travaux d'écurie et qui ne peuvent arriver à devenir chauffeurs.

fête des fleurs du 14 mars 1926

Mais, conséquence plus curieuse encore de cette transformation des mœurs, les auteurs, les librairies, les marchands de musique sont eux directement lésés. La bicyclette avait déjà porté un coup sensible à la musique, à la littérature et aux industries qui en découlent; l'auto leur a porté le dernier coup. La crise est indéniable. Quand on s'amuse à courir les routes, on ne songe plus à lire les auteurs en vogue, on n'a plus le temps de jouer les compositeurs à la mode; les jeunes femmes et les jeunes filles passaient devant leurs livres et devant leur clavier la plus grande partie des heures qu'elles dépensent maintenant au grand air.

Et, faut-il le dire, la santé n'y gagne pas grand-chose. Si l'exercice modéré est une condition hygiénique excellente, il n'en est pas de même de la vitesse excessive. La trépidation, les poussières, la course trop rapide à travers les couches d'air trop brusquement déplacées, causent la plus grande partie des malaises nerveux dont se plaint le siècle. Ce n'est pas le surmenage du travail qui est le plus grand facteur du déséquilibre actuel, c'est celui de la vitesse : on ne pense plus, on "chauffe".

Le développement du vélo cause également quelques désordres. Ainsi, à Dole, un article de l'"Avenir du Jura", du 27 mai 1893, donne quelques conseils aux vélocipédistes qui "seraient bien inspirés chaque fois qu'ils traversent les rues de la ville de se remettre en mémoire l'arrêté municipal qui les concerne. Ils ne doivent s'avancer qu'à une allure modérée et avertir les piétons par un son de la trompe dont sont munis leurs appareils. Loin d'avoir cette prudence, quelques uns, trop pressés, frôlent les passants leur meurtrissent les pieds ou les culbutent pour leur apprendre à se détourner".

En 1921 le maire du Frasnois décide que "tous les véhicules doivent, dans la traversée du village, ralentir à une vitesse qui ne devra pas dépasser 8 Km/heure".

Il n'était pas le seul à prendre une telle décision. Un autre ajoutait :"Le véhicule devra être précédé d'une personne marchant à pied et agitant une clochette".

Le vieux char comtois

A la campagne, tiré par la paire de boeufs, l'antique char reste indispensable. On le rencontre encore sur toutes les routes et chemins.

C'est le véhicule comtois traditionnel, indispensable à la bonne marche de l'exploitation. Il possède quatre roues cerclées de fer, oeuvres des charrons locaux; la largeur de voie est d'environ 1,10 mètre.

Le plus souvent, de chaque côté, il est muni de ridelles à barreaux qui ressemblent à des échelles. Celles-ci sont amovibles, on peut les remplacer par des planches pour transporter des tonneaux. Pour les gerbes de la moisson ou pour le foin, planches ou ridelles sont enlevées, remplacées par un plateau. Il s'adapte facilement à tous les besoins.


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