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La Gabelle

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Comment, selon Jean-Baptiste Munier, les jurassiens sont-ils devenus contrebandiers.

L'impôt qui soulevait le plus de malédictions était la gabelle, parce qu'elle était aussi cruelle par les vexations de sa perception que meurtrière par l'énormité de son chiffre. Le roi avait seul le droit de vendre du sel : il le vendait douze fois sa valeur, et de plus l'usage du sel était obligatoire, la loi ne laissait même pas au consommateur la faculté d'échapper par une dure privation, au tyrannique impôt de la gabelle; d'après l'ordonnance chaque personne au-dessus de sept ans devait acheter aux greniers du roi sept livres de sel, c'est ce qu'on appelait le sel du devoir.

Il y avait toute une armée de douaniers pour surveiller ces impôts de la gabelle qui étaient souverainement détestés et le nom de gabelous que le peuple leur donnait est encore odieux dans nos montagnes; c'est que le prix du sel variait d'une province à l'autre, la France se divisait alors en pays de grande gabelle, où le sel se payait jusqu'à soixante francs le quintal; en pays de petite gabelle où il valait de cinquante à cinquante-huit francs; en pays rédimés de la gabelle où il descendait de dix à huit francs; en pays de salines où il variait entre 15 et 30 francs; en pays de quart-bouillon, où il coûtait de dix à treize francs; en pays exempts ou francs, où il ne valait que huit, que quatre et même que deux francs; cette monstrueuse inégalité entre les prix offrait une prime séduisante à l'audace du contrebandier, aussi en Franche-Comté, province rangée parmi les pays de salines, une foule de malheureux n'avaient d'autres ressources que le métier de faux-sauniers; le sel ne s'y payait que 15 à 16 francs le quintal, tandis qu'il valait le double en Lorraine, le triple ailleurs, le quadruple en Bourgogne; aussi les faux-sauniers Francs-Comtois, séduits par l'appât du gain, bravaient tout. Nous trouvons dans nos archives, l'état, sous la date du 26 mai 1705, des villes et villages du comté de Bourgogne dans l'étendue de trois lieues de frontières des provinces du royaume, sujettes à la gabelle, qui doivent composer des juridictions, pour connaître des contraventions et versements de sel, c'est dès cette époque que la contrebande a pris naissance dans nos village, qu'elle y est devenue une espèce de passion et n'a cessé de s'y pratiquer jusqu'à ce jour; c'est presque une habitude héréditaire qui s'est renouvelée avec force depuis les nouveaux impôts nécessités par la guerre avec la Prusse.


Procuration à Voltaire
 
où l'on voit comment Voltaire s'y prenait pour ne pas payer la gabelle.
Sceau de Botton, conseiller du Clergé et curé de Peron.
Format : 18.5 sur 24.3 cm.



"Nous soussignés outre les pouvoirs que nous avons déjà donnés à monsieur de Voltaire, nous consentons, et même l'authorisons en cas de besoin d'envoyer à Berne telle personne de quelques ordres que ce soit, de la Province pour y négocier tant en son nom propre qu'au nôtre, le sel qu'il croiera nécessaire pour l'usage du Païs et avec la qu'elle il pourra vendre sela avantageusemens qu'il verra bon être.
Au château de Ferney, le 28 octobre 1776
."
suivi de diverses signatures.

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