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Accidents météorologiques

 


Nos parents et grands parents se souvenaient de l'inondation de 1910. La ferme de Morillon était noyée et isolée. Voici quelques extraits de journaux, relevés par Michel Vernus, qui dépeignent la situation dans le Jura à cette période.

Foncine le Bas, novembre 2006


La Presse signale des victimes en raison du froid à Saint-Amour et à Château-Chalon par exemple. La Démocratie Jurassienne, imprimée à Poligny, fait le point :

"De tous les coins du Jura et de Franche-Comté on signale un froid aussi vif que persistant, ainsi que des accidents et des lignes de communications interrompues. Le tramway de la montagne ne circule qu'entre Lons le Saunier et Moirans; malgré les efforts des hommes d'équipe qui opèrent le déblaiement des neiges, la voie n'a pas pu être déblayée jusqu'à Saint-Claude.

La ligne de Champagnole à Morez est également obstruée. Les tourbillons de neige se produisent si violents et si fréquents qu'ils empêchent tout travail de déblaiement. L'interruption de la circulation peut encore durer plusieurs jours."

L'Union Républicaine, le 26 janvier 1910, suite aux inondations, dresse un bref bilan de la catastrophe dans l'ensemble du département :

"Dans le Haut Jura, la Bienne et l'Evalude sont définitivement rentrés dans leur lit et Morez travaille à réparer les désastres que la crue a provoqués; il en est de même à Saint-Claude.

A Chaussin, les eaux ont diminué et tout péril est maintenant conjura. Mais la population est encore sous le coup de la terrible panique qu'elle a éprouvée et des dangers qu'elle a su éviter. Nous lisons dans les journaux de la région :

M. Le préfet qui était encore à Chaussin samedi a failli être emporté par une barque sur laquelle il dirigeait les services de sauvetage et de ravitaillement. Des soldats ont pu jeter des bouées et ainsi retenir l'embarcation qui allait partir à la dérive.

Deux maisons se sont écroulées samedi à Chaussin lieu-dit la Villeneuve. Seize personnes s'y étaient réfugiés. On a pu les sauver. Le nombre des animaux que charria le flot dévastateur est considérable. Les boulangers ne peuvent plus cuire de pain, les fours sont dans l'eau.

Les quartiers de la Villeneuve et du Creux-Macard ont été évacués, on redoute l'éboulement des maisons. A Dole, on est un peu remis de l'émotion première : aujourd'hui quelques habitants du port-canal commencent à réintégrer leur domicile, quelques autres sont encore hospitalisés dans les restaurants de la ville. L'abattoir étant inabordable, les bouchers et charcutiers tuent les animaux en pleine rue.

Par suite du manque d'eau dans les casernes, comme en ville du reste, on faisait boire les chevaux du 14e chasseurs à la fontaine, près de la prise d'eau. Samedi matin à neuf heures quelques hommes faisaient boire de jeunes chevaux très vifs. Un des chevaux ne voulant pas avancer dans le chemin plein d'eau, le soldat qui le conduisait, tira sur la bride, le cheval se cabra et, en reculant, se précipita dans le Doubs, entraînant son conducteur. Celui-ci, excellent nageur lutta désespérément contre le courant ...

De tous côtés parviennent des nouvelles alarmantes et bien que l'inondation soit en décroissance sensible les dégâts sont considérables

Le curé de Fraisans écrit dans son journal, à propos de cette inondation, les lignes suivantes :

"De mémoire d'homme on ne se rappelle pas avoir vu pareil débordement du Doubs, ceux de 1852 et de 1882 encore présents dans les mémoires n'arrivaient pas à l'énormité de celui-ci. Les eaux atteignaient les flancs, gauche et droit, des deux côtes entre lesquelles coule tranquillement le Doubs d'ordinaire et elles les remplissaient. Elles ramenaient la face du pays à une période géologique vieille de plusieurs siècles. Du pont de Fraisans, en regardant Rans on croyait voir un immense lac. Seule émergeait au bas de Fraisans la ligne de chemin de fer formant ligne noire. La route était recouverte par les eaux et impraticable."

Et 80 ans plus tard, l'histoire se répétait.

En 1990, les paisibles ruisseaux de Foncine le Bas, la Sainette et le Galaveau, gonflés comme jamais, montraient à ceux qui en doutaient encore, qu'on ne se méfie jamais trop de l'eau qui dort.

La forge de Joseph Liboz ne s'en relèvera pas.

la forge Liboz noyée en 1990

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