Les tourbières n'ont maintenant qu'un intérêt touristique ou scientifique. Elles font partie du patrimoine jurassien pour la flore et la faune qu'elles recèlent et pour la beauté du paysage qu'elles créent. Celles de Frasne sont connues. Celles de Chapelle des bois, Bellefontaine et Mouthe le sont moins. Il y en a eu aussi à Foncine et peut-être à Entre deux monts, mais elles ne semblent pas avoir laissé de traces. Pourtant, il y a à Foncine le bas, au départ de la Grand Vie, un terrain appelé les Saignes, qui ressemble bien à une tourbière jamais exploitée. Il s'agit de plaques d'épaisseur variable résultant de l'accumulation de végétation en décomposition qui s'épaississent chaque année de quelques centimètres et recouvrent une nappe d'eau. On recommandait aux enfants de ne pas s'aventurer sur ce champ et de ne pas y laisser aller les vaches, au risque de s'y enfoncer. Le terme de Saignes pourrait bien être une déformation du mot Sphaignes qui justement désigne un tapis de mousse et d'herbe partiellement immergée et de ce fait instable.

Jusqu'aux années 1930 on extrayait de ces tourbières un combustible sans grande valeur calorifique et qui en se consumant lentement dégageait une odeur âcre. C'était le charbon du pauvre. On le récoltait en mai. Après avoir dégagé la végétation non encore décomposée, on découpait à l'aide d'une pelle plate et bien coupante, des mottes de 20 cm de long sur 10 de large, qu'on laissait sécher sur la tranche sur un terrain sec. Trois ou quatre mois après on empilait ces mottes et à l'automne on les rapprochait des maisons et on les abritait sous les granges ou les avants-couverts où elles restaient au moins un an.