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Usages anciens


Faire au four

Le blé sorti de la batteuse, était passé au tarare (ou trieur) pour être débarrassé de tout ce qui n'était pas bon grain. Puis il était porté au meunier. Celui-ci le transformait en farine et en son. En guise de paiement, il gardait une partie de la farine et rendait le reste ainsi que le son au cultivateur.

Faire au four, c'était le travail de la maîtresse de maison chaque semaine si la famille était nombreuse, moins souvent dans le cas contraire. Le soir, elle découvrait le pétrin (la maie), y plaçait la farine nécessaire puis le levain (un morceau de pâte de la semaine précédente conservé à la cave ou parfois emprunté au voisin) elle ajoutait un peu de sel et pétrissait en versant lentement de l'eau jusqu'à obtenir une pâte bien compacte. Enfin, elle saupoudrait un peu de farine sèche dans chacune de ses vanottes, y posait la quantité voulue de pâte et s'en allait dormir.

Le lendemain matin, de bonne heure, la pâte avait levé. La patronne faisait chauffer le four que son mari avait préparé la veille en y introduisant du petit bois puis des bûches plus grosses. Elle surveillait la couleur des briques réfractaires qui constituaient le four lui-même et lorsque cette couleur lui disait que la bonne température était atteinte, elle enfournait. Elle renversait chaque vanotte sur la pelle à four et d'un geste brusque et précis elle envoyait son contenu à sa place. Avant, elle avait bien entendu prélevé une boule de pâte pour servir de levain la semaine suivante.

Deux heures après, elle guettait à nouveau par le petit trou ménagé dans la porte en fer du four et, le bon moment venu, elle défournait. Les miches, une fois refroidies, étaient rangées souvent dans la maie où elles attendaient d'être consommées. Parfois la patronne profitait de ce que le four restait chaud après la cuisson du pain pour y faire cuire des tartes ou autres gâteaux. C'était en général le cas dans la semaine qui précédait la fête patronale.

Les anciens se souvenaient aussi qu'après le pain, on faisait "sécher" dans le four encore chaud, les "bolons". Cette spécialité locale faillit jouer un mauvais tour aux Grandvalliers. L'histoire nous rappelle en effet que Bonaparte, passant à Saint Laurent le 8 mai 1800, s'étonna de voir là de nombreux "hommes de belle carrure et de taille élevée" et demanda au maire "à quoi les nourrissez vous ?", et le maire répondit "ils mangent des bolons". Les jeunes Grandvalliers échappèrent alors, à un enrôlement certain en disparaissant rapidement dans la nature.

Le bolon était fabriqué avec de la farine de seigle ou d'orge. La pâte pétrie dans les même conditions que le pain, était laissée au four plusieurs jours. C'était la nourriture du pauvre, qui se mangeait après avoir longtemps trempé dans l'eau ou dans le lait.


Faire le beurre

A tour de rôle, en fonction de la quantité de lait qu'ils avaient portée au chalet, les cultivateurs avaient le fromage. Ils devaient alors, entre autres obligations, porter au "fruitier" le bois nécessaire au chauffage du lait. Celui-ci devenait aussi propriétaire de la crème recueillie sur le lait qui avait reposé dans les rondeaux toute la nuit.

Cette crème était barattée jusqu'à ce qu'elle devienne du beurre. Il y avait deux sortes de barattes : l'une était un récipient en bois long de près d'un mètre et d'un diamètre d'environ 25 centimètres. Son couvercle était percé d'un trou par lequel passait le manche d'un pilon qu'il fallait agiter pendant des heures après y avoir versé la crème.

L'autre était un tonneau cylindrique que l'on faisait tourner à l'aide d'une manivelle. La deuxième méthode était moins pénible. Le beurre ainsi obtenu était parfois fondu et conservé dans des pots de terre pour la consommation familiale, mais le plus souvent mis en forme et décoré pour être vendu, car il constituait une source de revenus intéressante.

 

 

Trois types de barattes


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