Les corvées
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A l’origine les chemins n’étaient que de simples sentiers tracés presque au hasard. En 1726, après la chute du système Law (quelque chose comme la crise de 2009), l’état déplorable des chemins et des routes avait déterminé les intendants à exiger des communautés quelques journées pour les réparer et en faire de nouveaux. C’est l’origine des Corvées.
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Au printemps et en automne, les habitants voisins d’une route jusqu’à 4 lieux, étaient requis d’amener et de répandre des matériaux à la surface de la chaussée, et cela gratuitement. Le tiers, souvent la moitié de la journée, se consommait dans l’aller et le retour, sans compter la fatigue des hommes et des bestiaux. Il fallait multiplier les voitures et les journaliers, des individus faméliques, pleins de dégoût et d’abattement. Ce système dura jusqu’en 1786. Les romains avaient déjà pratiqué ainsi mais la réquisition concernait les peuples vaincus et les criminels. Les seigneurs et les communautés du château Vilain demandèrent en 1757 que la branche de Sirod à Foncine, par Crans et les Planches, de longueur de 10,705 toises soit aménagée. Les communautés refusèrent d’y travailler sous prétexte de l’inutilité de ce chemin pour elles.
La route de Paris à Genève devint très importante au moment où on y établit des relais de poste. Pour le Jura elle allait de Sampans aux Rousses (frontière suisse), soit 69, 269 toises. Sa réfection se fit de 1737 à 1764. Et cela par la corvée. Les portions de notre région étaient :
La toise valait 1,949 mètres. On remarque: Morillon se situerait donc chez la Marthe Billot et le Pont du Dombief à 20 mètres du pont actuel de la RN5. C’est à ces deux points que se trouvaient deux relais (qui n’en faisaient peut-être qu’un ?).
Les corvéables devaient casser les grosses saillantes enracinées dans la chaussée, les gros moellons qui en couvrent la superficie, reporter les pierres courantes qui, semées sur les accotements, peuvent rendre ceux-ci tellement scabreux qu’ils sont impraticables même pour les gens à pied, dégorger les cassis et les dessous des ponceaux, recreuser certaines portions de fossés pour procurer à l’eau un libre écoulement, régulariser les talus à terre ferme et ceux à terre coulante afin d’éviter la chute des premiers qui forme des encombrements sur les chemins et celle des seconds qui en ébréchent la largeur ... Malgré les recommandations des autorités, la corvée est bien souvent une espèce d’esclavage qui révolte le pauvre et le met hors d’état d’acquitter sa taille. Ce n’est qu’avec un régime sévère et rigoureux qu’on peut mener les corvéables. Si le travail imposé à la corvée n’est pas fait, la communauté est imposée pour ce qui reste, ce qui faisait dire "j’ai travaillé en nature et vous voulez encore me faire payer; c’est une terrible vexation". "Une des plus lourdes charges était la corvée. A certains jours de l'année on voyait des officiers royaux parcourir les campagnes, arracher les paysans à leurs familles et chasser devant eux, comme un troupeau de bétail, ces malheureux que l'on emmenait à plusieurs lieues de leurs chaumières pour construire des chemins publics. On n'accordait aux corvéables ni substance, ni salaire. Encore si on les eut exemptés de quelque autre charge, mais non ! Ils payaient des impôts de toutes sortes que la noblesse et le clergé ne payaient pas". |