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La grande route

Carte postale communiquée par Pierre Zorio, petit fils de Georges LAHEURTE, photographe en 1895.

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extrait du livre de Pierre Doudier, "Foncine le Haut 1815 - 1980"

Pour relier les deux routes qui eurent toujours une importance commerciale, celle qui de Poligny rejoignait la Suisse par Jougne, et la seconde qui permettait par Champagnole, Saint-Laurent, d'aller de Paris à Genève, il n'existait en fait aucune voie transversale, mais seulement des chemins ordinaires, tributaires des difficultés du terrain. Celui qui reliait les deux Foncines suivait un tracé qui fait rêver.

la route des côtes chaudes, entre les Planches et Syam

Du centre de Foncine le Bas, ayant traversé la Sainette, il gravissait le raidillon qu'on emprunte encore pour monter au Voisiney-Sauvonnet; puis suivait le haut du côteau dominant la gauche de la rivière et traversait celle-ci au pont de la Chevry. De là, il montait sur le rebord du plateau de Saint-Roch. Arrivé à l'oratoire, il dévalait la pente pour tendre à peu près à l'emplacement de l'ancienne usine de "Micro-Rubis", contournait les champs pour aboutir, entre l'école des garçons et la rivière, au chalet (1) du centre. De là, il montait à l'église, redescendait par le côté nord si abrupt, passait devant les Baraques pour arriver au moulin (scierie) puis à la Saine, franchie sur un pont de bois. Pour rejoindre Chatelblanc, on passait par les Champs du Pont, le Gros Voisiney, le Moulin Janet. Par conséquent, tracé entièrement différent de celui d'aujourd'hui. A cela, plusieurs raisons : le lit de la rivière occupait alors tout le fond de la vallée entre le Moulin Choudet et la Chevry; puis dans la partie plane entre le centre du village et le chalet, il baignait le bas du cimetière. Il y avait aussi deux rochers auquels on n'avait pas osé s'attaquer : l'un entre la Chevry et Foncine le Bas, l'autre au centre même de Foncine le Haut, sous l'église.

On commença d'abord par envisager de créer une route directe de la Chevry à Foncine le Bas, sur le côté droit de la rivière. Le conseil municipal donna son accord le 3 août 1837. Des études furent faites. Le 9 février 1840, le conseil demandait encore instamment que ces travaux soient mis en adjudication le plus tôt possible. Il est vraisemblable qu'en même temps fut aménagé le fond de la vallée jusqu'au Moulin Choudet pour permettre à la route de suivre la rive droite de la rivière. C'était déjà un grand progrès. Il fallait penser désormais à la traversée du village.

Pendant que s'élaboraient les plans pour la construction de la mairie et de l'école, il fallait bien songer à relier la place désormais bien délimitée, au chalet, de construction récente. En cet espace, il y avait d'une part le grand rocher, et ensuite une partie basse à combler.

Le promontoire rocheux sur lequel l'église avait été bâtie, s'étendait sur toute la place devant les Baraques, et sur toute la face allant à la rivière avant sa rectification. Ce rocher devait être abattu pour permettre le passage de la route. C'était alors d'autant plus nécessaire que cela faciliterait grandement les travaux pour l'école. Le conseil général donna son accord en décembre 1852, et un marché fut conclu avec un entrepreneur de Montmorot, François Lagé, pour 649 francs. Mais celui-ci ayant demandé un supplément, le travail fut confié à Bufferne, entrepreneur à Foncine le Haut pour 813,78 francs. Il s'agissait d'extraire 271 mètres cubes, et de transporter ces matériaux pour remplir le creux en direction du chalet.

Une autre affaire fut bien longue à régler. Depuis le Moulin Choudet, l'ancien chemin avançait en zigzagant jusqu'au chalet. Sur ce parcours se trouvaient des champs productifs et surtout un verger auquel les propriétaires Berthet Claude Joseph et sa soeur Sylvie tenaient beaucoup. Les propriétaires des champs avaient fait difficulté mais un arbitrage avait tout réglé. Il n'en était pas de même pour le verger. Les Berthet ne voulaient le céder à aucun prix. Il faudra une décision du tribunal d'Arbois (19 janvier 1867) pour que soient expropriées pour cause d'utilité publique les trois parcelles de terrain en litige. Ainsi on put procéder aux travaux. Ils durent être poursuivis avec ardeur pour qu'à partir du 1er mai 1868, le département pût prendre à sa charge cette route depuis Foncine le Haut jusqu'à Champagnole. Comme la route était en contrebas de l'entrée du chalet, il fallut établir une rampe avec barrière de fer. Le travail fut exécuté par Jean Baglioni en septembre 1868 pour 200,50 francs.

Le terrain plat devant la rangée de maisons qu'on appelle "Les Baraques" était donc occupé par du rocher. Un arrêté du maire Jacquin, du 11 octobre 1857, est ainsi rédigé : "Considérant qu'une carrière a été ouverte depuis plusieurs années au lieu-dit "Aux Cheminées", il importe à la commodité et à l'embellissement du village "Chez Sauvonnet" (2) que le plus grand nombre des habitants puisse extraire de la pierre dans cette carrière qui est terrain communal et de débarrasser le terrain pour en faire une place publique, arrête : article 1er il est permis à chaque habitant d'extraire de la pierre; article 2 on devra enlever cette pierre au fur et à mesure qu'elle sera extraite; article 3 elle devra être enlevée dans les trois jours; article 4 défense est faite surtout de déposer sur la voie publique, soit sur les chemins qui conduisent à l'église, au hameau de Chez Vallet et vers les maisons dites "Les Baraques", des matériaux provenant des carrières.". On avait besoin de remblai pour la grande route; il ne manquait pas.

En 1869, les deux Foncines étaient donc réunis par une route convenable; ce n'était pas top tôt. De ce fait, on pouvait aller facilement de Mouthe à Saint Laurent. Car en direction de Chatelblanc, la rectification nécessaire, déjà projetée par les autorités de Foncine en 1793, avait été menée à bien dans les années 1834-37. L'ancienne route passait par les Champs du Pont, le Gros Voisiney, le Moulin Janet; c'était surtout à partir du pont sur le Bief Bridoz que la rampe était raide.

Quand se fit le découpage de la France en départements - par la Constitution de 1791 - on tint compte (pas toujours) de la situation géographique des communes. A ce point de vue, le rattachement de Chatelblanc au canton de Mouthe est logique. Il paraît donc surprenant qu'en 1822 le conseil municipal de Foncine le Haut ait put proposer la réunion de Chatelblanc au canton des Planches. La réponse du conseil municipal de cette dernière commune fait ressortir que l'état des chemin n'est pas encourageant et conclut : "Nous ne disons pas que nous n'y adhérons pas, mais cela mérite réflexion". Il n'y eut pas de suite.

En 1832, ce sont les communes de Chatelblanc et Chaux-Neuve qui font connaître leur désir de procéder à la rectification de la route. Le motif en était surtout de rendre plus facile l'accès à la foire de Foncine : "Quarante communes viennent s'approvisionner à cette foire" (notamment pour l'horlogerie et le bétail). A Foncine, on répond : "Nous voulons bien, mais ne savons comment en couvrir la dépense" (8 avril 1832). Cependant, on commença l'étude du projet. Borne, ingénieur, en fut chargé et Courvoisier s'offrit pour l'entreprise, de sorte qu'en mai 1834, le travail était en voie d'exécution. Il fallut trouver 4000 francs pour couvrir les expropriations. Le 10 août 1837, la note de Courvoisier s'éleva à 1400 francs.

Pour se rendre à Champagnole, les Fonciniers devaient passer par la Chaux des Crotenay pour rejoindre la nationale Paris - Genève. Dès 1841, on forma le projet de relier Les Planches à Champagnole par Syam. Pressenti, le conseil municipal de Foncine le Haut émit le voeu que cette route fût ouverte, mais exprima son regret de ne pouvoir concourir aux frais (14 juin 1841). Le travail qui fut considérable fut achevé en 1852 (voir les côtes chaudes)..

Il restait une rectification importante : de la Chaux des Crotenay à Foncine le Bas, on devait obligatoirement passer par Montliboz et le centre des Planches. Le 19 juillet 1886, le conseil municipal de Foncine le Haut donnait un avis favorable unanime à l'établissement d'une route qui passerait sous le Châtelet, ce qui mettrait la commune à 12 kilomètres de la gare de La Chaux. mais les habitants des Planches y mettaient entrave, et encore en 1889, rien n'était fait.

Le 15 janvier 1825, le chemin de Foncine le bas à Combe David avait été classé comme vicinal, mais en fait ce n'était qu'un sentier. Le 1er août 1837 les préfets du Doubs et du Jura enjoignirent aux habitants de Chapelle des Bois et de Foncine le Bas de s'entendre pour commencer les travaux de réfection. Alléguant l'inutilité de cette route pour eux, ceux de Foncine le Bas manifestaient de la mauvaise humeur. Sous menace du préfet du Jura, ils finirent par consentir mais à condition qu'en l'espace de 2 ans, à partir du 1er octobre 1838, les habitants de Chapelle des Bois fissent le tronçon de 600 mètres qui devait pénétrer sur le territoire de Foncine le Haut. Les habitants de Chapelle des Bois acceptèrent, achetèrent les terrains et les travaux commencèrent. mais voilà que le génie militaire donna, le 4 avril 1841, l'ordre de suspendre les travaux (voir la route de Combe David). On s'y remit en 1846, et en 1849, le chemin était achevé.


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