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Les routes des Planches en Montagne, en 1889

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Le procès verbal des délibérations du Conseil Général du Jura d'avril 1889 consacre 40 pages aux routes et chemins du canton des Planches en Montagne.

Le bourg des Planches n'est pas gros (161 habitants). C'est le chef-lieu; c'est là que sont les services administratifs et judiciaires, et la gendarmerie. C'est le cœur du canton.

Dans ce canton passent quatre voies importantes :
- La route Nationale n°5 "Paris-Genève" qui suit la Laime;
- La route départementale n° 27, la plus importante, qui longe la Saine de Foncine le Haut à Syam. Elle date de 1852.

- Le chemin de grande communication N°17, des Planches à Nozeroy par la Perrena et les Chalèmes.

- Le chemin de grande communication n° 16, qui vient de Saint-Laurent, se mêle à la route départementale n° 27 à Foncine le Bas , passe aux Planches, descend à Montliboz, s'élève jusqu'au "col" des Etroits et par la Chaux des Crotenay s'en va à la Route Nationale n° 5 au Pont de la Chaux.

C'est ce chemin de grande communication qui fait l'objet de longues délibérations. Il est très fréquenté : au Pont de la Chaux il trouve la nationale 5 et des chemins qui conduisent à Bonlieu, à Pont du Navoy, et bientôt à la gare du PLM.

Deux communes, Chaux des Crotenay et Foncine le Bas, estiment qu' "Obliger voyageurs et marchandises allant de Mouthe et de Foncine à la gare du PLM, à descendre aux Planches pour remonter à la Chaux n'est pas une combinaison rationnelle".

Il est vrai que le secteur de ce chemin passant par Montliboz est fait de rampes et de courbes. Ces deux communes demandent que soit créé une route allant de Sous Malvaux au col des Etroits, en passant sous le Châtelet et non à Montliboz. C'est ce qui avait déjà été envisagé en 1867, sans suite. C'est repris en 1883 et décidé en 1889. Il faudra six ans de délibérations pour parvenir à un accord.

La Chaux et les Planches sont à la fois en désaccord l'une avec l'autre et tous deux avec l'administration.
Pour les Planches, la route de grande communication n° 16, qui passe par Montliboz, doit être réparée et maintenue.

- Faire passer sous le Chatelet le chemin de grande communication n° 16 augmenterait de un kilomètre sa distance avec la Chaux des Crotenay.
- Il y aurait moins de courbes et de rampes, mais, exposé au nord, il serait presque tout l'hiver couvert de neige et la circulation y serait difficile sinon impossible.

et surtout :
- Ce chemin ne passerait pas par le village. Peut-on appeler chemin de grande communication un chemin qui laisse à l'écart le chef-lieu ?

et encore :
- Ne veut-on pas diminuer la commune des Planches pour la découronner et lui prendre ensuite le titre de chef-lieu ?
- Si on le fait, Il faudrait au moins donner à ce nouveau chemin l'étiquette de chemin vicinal ordinaire et non celle de route de grande communication.
- Si petite que soit la commune des Planches, elle représente le canton. Décidé autrement serait donner une préséance à la Chaux des Crotenay.


A cela, la commune de la Chaux des Crotenay répond entre autres :

C'est sur Champagnole et Syam que se dirigent le plus souvent les habitants des Planches et la route qui longe la Saine a déjà été admirablement et coûteusement rectifiée. Comment les habitants des Planches auraient-ils le droit de se poser en victimes ?

A la cinquième commission, les Planches soulèvent tardivement une nouvelle opposition. Elle est considérée comme une simple manœuvre d'obstruction. Elle ne fait que continuer, par des moyens dérisoires, à entraver l'ouverture de ce chemin.
La Chaux des Crotenay s'oppose formellement à toute nouvelle modification. Elle demande l'exécution à bref délai du tracé adopté par le Conseil Général et déclare retirer sa subvention de 84 000 francs à tout autre tracé quel qu'il soit.

Les communes de Foncine le Haut, de Foncine le Bas et de la Chaux des Crotenay forment ensemble plus que la majorité pour l'ouverture du chemin sous Malvaux.
Pour donner satisfaction à la commune des Planches, un embranchement allant directement du village au point le plus rapproché de sous le Châtelet est proposé. Cela augmente la dépense. La Chaux des Crotenay ne marchande pas.

Après cette mise en garde un accord est signé le 13 mai 1889.
L'importance des Planches comme chef-lieu de canton n'est pas compromise quoique très petite commune. Les voyageurs et marchandises pourront aller directement et par la meilleure voie, à la gare de la Chaux des Crotenay

Ce 13 mai est aussi le centenaire du jour où un déséquilibré a tiré un coup de pistolet, (heureusement sans résultat fâcheux) sur l'honoré Président de la République, M. Carnot. Le président qui signe cet accord semble heureux de le rappeler.


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