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Les routes et les chemins

Vieux  pont de la vie des Bouanes à Foncine le Haut


Les routes royales, devenues impériales, puis nationales, ont été construites vers la fin du 18 ème siècle après la création de la Direction des Ponts et Chaussées. Elles se sont souvent écartées des routes anciennes pour se rapprocher des vallées et des gorges. C'est le cas de la RN 5, la route blanche. On trouve encore parfois les traces des routes anciennes. Dans notre canton, nous avions :

La route du sel, de Saint-Claude à Salins, passant par la Savine, le Pont Romain, la Vie de la Serre, Morillon. Le Pont de la Chaux (ex pont aux Morel), Cornu, le pont Jean Tournier, Cize et Champagnole. La RN 5 a repris son tracé sauf dans les gorges de la Lemme.

La vie des Charbonniers, venue de Nozeroy pour rejoindre la route du sel au Pont de la Chaux par Chalesmes, la roche du Couard et le pont des Planches.

La vie des Bouanes, ainsi appelée en souvenir de la punition infligée aux bernois qui venaient saccager l'abbaye de Saint-Claude. Elle venait de Jougne par Mouthe, Chatelblanc, la Chaux Choulet, les Valles, les Ruines; Elle traversait la Saine à la Chevrie et rejoignait Foncine-le-Bas par Combe Maria. Il est vraisemblable que, pour ne pas traverser successivement la Sainette puis le Galaveau, elle empruntait l'actuel chemin du Moulin et traversait la rivière aussitôt après son confluent, en face du cimetière des pestiférés. Elle remontait vers l'ancienne mairie puis par la Grand Vie et s'en allait vers le Pont de Lemme où elle se confondait avec la route du sel. De Foncine-le-Bas, partaient deux autres routes : l'une vers La Billaude par la Sange Renaud, le vieux chemin des Planches, Montliboz et Cornu. L'autre par la gypserie puis en direction de la Grange à l'Olive, peut-être en empruntant, un peu avant la Grange à l'Olive, le vieux pont appelé (pourquoi ?) le Pont des Espagnols, puis par la Savine en longeant le Mont Noir.

Carte dressée par le docteur Chambelland dans son historique de la Baronnie de la Chaux des Crotenay

De Morillon, où il y avait un péage, partait un chemin conduisant au pied du chateau de l'Aigle puis à l'Abbaye de Bonlieu et à Petites Chiettes, et un second chemin qui bifurquait au hameau des Monnier à Entre-deux-Monts pour aller, d'une part vers Cornu et le pont Jean Tournier par le col du Gyps, d'autre part vers les Planches et les Foncines par le Châtelet, et enfin Fort-du-Plasne et les Foncines par la Vie du Four.

Le pont romain sur l'Ayme, au Saut. Partie nord en 1930

 

Le Pont Romain

était un pont de pierre à huit arches faites d'énormes dalles de plus de 2 mètres de longueur, dont les ruines, dissimulées sous des saules et des broussailles, se trouvent maintenant à 20 mètres en avant de la route nationale devant la scierie du saut devenue l'hôtel des "Truites Bleues".

voici ce qu'en disait l'abbé Luc Maillet-Guy, en 1933, dans son "Histoire du Grandvaux" :

"On peut justement s'étonner que parmi les auteurs anciens, et surtout parmi les chroniqueurs su XIXe siècle, D. Monnier, Rousset et plusieurs autres, aucun n'ait mentionné l'existence d'une singulière antiquité visible de la grande route de Champagnole à Saint-Laurent. Elle est à peine connue de quelques habitants.

Au Saut, sur le pont construit en 1846, après y avoir lu la pancarte "la Lemme", regardez en amont : à une faible distance, vous apercevez sur une longueur de 50 mètres, une double assise de pierres énormes, soutènement d'un vieux chemin hors d'usage, qui aboutit à un pont caché en partie par de hautes herbes et des branches de saule; il s'élève à moins de 1 mètre 50 au dessus de l'eau. Il n'a pas moins de huit arches. Il a gardé presque toutes ses pierres, dont beaucoup sont dislosquées, n'étant liées par aucun ciment ou crampon de fer; la traversée d'une rive à l'autre en est devenue difficile. L'ouverture de chaque arche est de 1 mètre 50. Les piles du pont se composent de trois pierres superposées. La couverture est formée dans toute sa longueur de huit dalles épaisses de 35 cm, longues de 2 mètres 50, entres lesquelles se trouve, par manière de joint, une moindre dalle longue de 0,80 cm. Quatre rangs de dalles semblables donnent au pont une largeur de 4 mètres 80. La couverture a une longueur totale de 28 mètres environ. Le pont se termine en évasure, signe manifeste de la divergence de deux routes.

A coup sûr, nous avons là un pont romain de grand appareil. Il faut le rapprocher du Pont des Arches, dans la vallée d'Héria, non loin du lac d'Antre. Notre pont, malgré son état de détérioration, reste son égal pour la grosseur des matériaux; il lui est bien supérieur pour le nombre des arches (huit au lieu de trois).

Il est facile de reconnaître au midi, au côté de la route nationale, des couches rocheuses qui ont fourni ces blocs massifs. M.E. Bouvet, maire de Saint-Laurent, dit que la pont actuel du Mitan a remplacé un pont semblable à celui qui vient d'être décrit.

De tels points de repère faciliteront à d'autres chercheurs la reconnaissance de la voie romaine qui conduisait de Salins à Genève. Dans toute cette traversée sur la limite du Grandvaux, la tendance à la ligne droite l'obligeait à se rapprocher de la rivière; mais l'étroitesse des couloirs et la mollesse du terrain l'empêchaient de se tenir toujours sur la même rive : il y avait donc plus d'un pont.

Ces ponts en ruine ont sans doute jadis, facilité l'établissement des écluses et des moulins si nombreux sur l'Ayme".

Le pont Jean Tournier

est cité sous ce nom en 1552, comme portant le chemin tirant de Champagnole à Morillon. Cette route devait être très fréquentée car on signale deux cabarets sur son parcours chez nous : la Croix Blanche à la Maison Neuve (ancien nom du Pont de la Chaux), et un autre à Morillon.

milieu du pont

La Route Royale de Paris à Genève devenue RN 5, a été construite sur le tracé de l'ancienne route du sel de 1754 à 1768. Elle a subi au XIX ème siècle deux rectifications : les roches ont été taillées entre la Billaude et le Pont de la Chaux et entre Morillon et le Moulin du Saut pour éviter les fortes rampes de Cornu et de la Vie de la Serre. Devait-elle son nom de route blanche au fait qu'elle conduisait à la neige, ou au fait qu'avant d'être goudronnée, vers 1930 , elle paraissait blanche car revêtu de calcaire ?


Les accidents

L'un des premiers accidents d'automobile eut lieu à Morillon en février 1920. Joseph Vionnet fermier des Guerillot à la ferme du Cernois, qui rentrait du chalet d'Entre-deux-Monts où il avait porté son lait du soir , avait pris son cheval par la bride en arrivant sur la RN, car l'animal avait peur des premières rares autos qui circulaient alors. En face du rocher au pied duquel était édifié une croix, un automobiliste l'a écrasé contre la limonière de sa voiture. Il a tiré la dépouille sur le tas de neige qui longeait la route, lui a remis son chapeau sur la tête et s'en est allé, sans doute la conscience tranquille. Le cheval n'avait pas de mal et se remit en marche seul avec sa voiture en direction de la ferme. Il faut reconnaître qu'à l'époque, l'éclairage des voitures (automobiles ou hypomobiles) était peu efficace.

Pont Jean Tournier à la Billaude

En 1934, autre accident : un fils du propriétaire de la ferme a été écrasé par une automobile alors qu'il traversait la route en face de la maison.

En juillet 1944, la RN 5 fait à nouveau parler d'elle. Le passage de la Pierre Carrée entre Morillon et le Moulin des Truites Bleues, devient un véritable traquenard pour les allemands. Ils y sont attaqués les 7 et 18 juillet par une compagnie du groupe FFI Vauthier, et subissent chaque fois des pertes en hommes : 3 morts le 7, 4 morts et 6 blessés le 18. Cependant c'est le 25 juillet au soir qu'ils essuient l'échec le plus retentissant. Leur convoi attaqué à la grenade gamon, est immobilisé pendant une heure et ils emmènent à Saint-Laurent , vers 23 heures une trentaine de morts et 17 blessés, dont un chauffeur français réquisitionné qui succombera de ses blessures comme beaucoup d'allemands. Pour éviter le retour d'un tel massacre, les allemands firent raser tous les sapins qui offraient un abris naturel sur le rocher de la Pierre Carrée, jusqu'à une distance de 50 mètres de la route et sur une longueur de 500 mètres. Ces attaques engendreront une riposte des allemands en direction d'Ilay et de Bonlieu, puis un avertissement de Vauthier aux allemands : "Pour chaque otage civil exécuté, je ferai exécuter trois prisonniers allemands que nous détenons", et finalement l'exécution de plusieurs otages français à Saint-Laurent et de neuf prisonniers allemands à la Fruitière.


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