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La Billaude

 


La Billaude, est une des plus belles chutes d'eau de notre région. Elle tirerait son nom d'une famille installée au bord de la Lemme, avant les années 1800. Dans le "Progrès" du 14 août 2005, Charles Thevenin nous apprend également, qui était Claude Roy, qui donna son nom à la cascade un siècle plus tard, et qu'on avait oublié. Voici cet article :

cascade de la Billaude


L'arc jurassien aligne ses neuf chaînons parallèles face au soleil couchant. Le voyageur qui veut progresser vers l'est, doit donc affronter les unes après les autres, ces marches successives placées en travers de sa route. Évidemment, les axes de pénétration utilisent largement les faiblesses pratiquées par la nature dans l'intégrité même des massifs. Les cluses, scissures perpendiculaires, sont devenues des voies privilégiées.

Toutes les époques, toutes les civilisations, toutes les justifications se sont ainsi retrouvées à l'aval des Gorges de la Lemme avec la chaîne du Maclus. Jadis, l'endroit s'appelait le "Chaz de Laite". Le chemin qui devait composer avec la rivière, francisa le nom de l'endroit en un plus explicite "Gué de Laite". Et puis, au XVIIe siècle, une famille Billot vint s'installer dans un des moulins qui bénéficiait des faveurs musclées de la Lemme. Une femme, une fille de ce clan, vivant avant les années 1800, dût laisser en ces lieux, une preuve durable de sa personnalité. En tout cas sur les vieilles cartes qui s'appliquent à déchiffrer les micro toponymes (Cassini), on trouve déjà une billiode. Le gras patois local s'attachera à alourdir cette dénomination éthérée, on parlera alors de la Billauda qui, après la disparition programmée des "parlers" locaux, deviendra Billaude.

La Billaude, c'est le hameau de la route, c'est aussi une des plus belles chutes d'eau du département. La cascade à deux étages, au fond d'un sombre ravin, demeure un lambeau vierge de ce Jura sauvage qui fit tant rêver les premiers touristes "romantiques".

Sur les documents officiels, on la trouve souvent associée à un nom, Claude Roy. Au milieu du XIXe siècle, un bûcheron s'approcha des sapins penchés sur le gouffre. Mais il glissa et fut happé par le vide. On retrouva son corps au pied même de la cascade. Curieusement, cette histoire était complètement oubliée alors même que le prénom et le patronyme restaient attachés au "saut". Dans les années cinquante, la municipalité du Vaudioux, propriétaire administratif des lieux, niait même l'existence du bûcheron faisant évoluer phonétiquement la désignation vers un incongru "Clos du Roy". On a retrouvé depuis, des éléments plus solides pour étayer la véracité du fait divers initial. La Billaude, lieu de passage, subit tous les affres liés à cette position exposée. La gorge, notamment sa partie amont, résista longtemps aux tentatives civilisatrices. Les premiers chemins organisés l'évitaient complètement. Ils escaladaient l'ubac occidental, gagnaient par une rude rampe encore visible, les coteaux de la Renvoise, desservaient la Grange de Malproche enfouie aujourd'hui sous les gravats produits par la construction de la ligne PLM. Par les cuvettes innondables de Bramard, ils touchaient, près du Pont de la Chaux, une rampe phonétiquement paradoxale, "la Vie des Morts". En rive droite, le sentier primitif acquit un statut plus noble lorsqu'un certain Jean Tournier, en 1552 eut construit le "pont rouge".

La rude grimpée du vieux Cornu émane encore quelques senteurs épiques. On trouve dès l'amont de la Billaude, les traces gauloises oubliées par Vercingétorix assiégé. A peine plus haut dans la pente, on voit encore les fosses creusées, sous 80 cm de neige, par les Chasseurs d'Afrique qui tentaient d'endiguer l'avance prussienne, en février 1871. D'autres retranchements, immédiatement voisins, mais tournés face à des arrivants méridionaux cette fois, racontent les coups de mains maquisards tenant sous leurs feux les nazis, parfois précédés d'otages.

Mais la Billaude-Maison-Neuve (Pont de la Chaux), par Cornu, c'était surtout la route des diligences. En tout cas, la tradition hospitalière des lieux s'est perpétuée jusqu'à nous. A la Billaude, on est toujours accueilli à pied, à cheval ou en voiture.

confluent de la Lemme et de la Saine

Peut-on ajouter qu'à quelques mètres du sentier qui conduit à la cascade Claude Roy, fleurissent en août des cyclamens à profusion. Mais hélas, il faut surveiller où l'on met les pieds ...


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