Les contrebandiers du sel |
Dans
son numéro de novembre 2003, "Pays Comtois"
nous explique pour quelles raisons le sel dont le Jura est si riche,
était l'objet de toutes les convoitises, jusqu'à la
révolution et l'abolition de la gabelle. Le travail
des ouvriers, ou "tireurs de sel" ressemblait aux
travaux forcés. Les "faux sauniers" encouraient
la peine de mort, et au mieux les galères. Le sel, comme l'or,
inspira des fortunes colossales pour certains et fut synonyme de misère
pour d'autres.
|
Bien
avant le tabac et les allumettes, un autre produit plus convoité
encore était à l'origine d'une contrebande importante.
Il a donné son nom à nombre de cités jurassiennes, la première étant la préfecture : Lons le Saunier. Tout comme au "salaire" obsession des ouvriers qui travaillèrent dans les salines jusqu'en 1960. Le
sel, qui a attiré les premiers habitants de Lons et Salins
à l'âge de fer, était exploité dès
le néolithique. A
la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, le trafic
du sel était considérable dans le Jura, il le resta
jusqu'à l'abolition, à la révolution, de cet
impôt détesté qu'était la gabelle. Les
salines royales occupaient un nombre important d'employés.
Le travail pénible ressemblait à une punition et les
ouvriers à des forçats. D'ailleurs, à Geneuille,
la raffinerie de sel employa des bagnards de Toulon qui laissèrent
au lieu où ils résidaient le nom de Cayenne. Pour
protéger leur trésor, les salines étaient construites
comme des forts, entourées d'enceintes et gardées par
des "portiers" qui fouillaient ceux qui quittaient
les lieux. Ceux
qui travaillaient dans ces lieux, se laissaient aisément tenter,
à force de manipuler le sel dont ils manquaient cruellement
chez eux. André
Ferrer, Maître de conférence à l'université
de Franche-Comté, indique qu'il n'a pas vu dans les archives
qu'il a dépouillées "appliquer la condamnation
à mort pour des faux sauniers. L'un avait été
condamné à mort pour vol dans une saline, mais en appel
il fut envoyé aux galères à perpétuité.
Pour le petit trafic local, les peines étaient plus légères,
sauf en cas de récidive. Les risques étaient grands
pour un profit somme toute assez faible, car le sel ne pouvait être
revendu que bon marché. En outre il était lourd à
transporter. Et imaginez ce qui se passait s'il pleuvait sur les sacs
que les faux sauniers chargeaient sur leur dos !"
A la révolution, la gabelle fut supprimée, pour réapparaitre quelques années plus tard. Mais les frontières intérieures n'existant plus, la taxe fut uniforme pour tous les Français. Les faux sauniers avaient vécu, en Franche-Comté comme ailleurs. |