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La construction des premières routes de Chapelle des Bois

 


Dans ses "Recherches sur Chapelle des Bois", en 1894, l'abbé Léon BOURGEOIS-MOINE décrit la manière dont ont été entrepris, à partir de 1804, les travaux de construction des premiers chemins qui reliaient Chapelle des Bois aux deux Foncines. On y apprend comment la contribution des habitants aux travaux était calculée, et on y voit les querelles que ces projets pouvaient générer parfois. En voici trois extraits :

.le chemin de Combe David

voir également :

Anciens chemins

"Avant 1804, les chemins qui conduisaient d' une localité à une autre, c' est à dire les chemins de Chaux-Neuve à Bellefontaine et de Chapelle des Bois aux deux Foncines, étaient dans un si mauvais état, qu' il n' avait guère que les personnes intéressées à leur entretien qui s' en occupaient un peu; ils devenaient parfois si impraticables avec les lourdes voitures d' autrefois qu' on était forcé de passer sur les champs voisins, ce qui au commencement du siècle, obligea la commune a avoir en même temps jusqu' à quatre gardes champêtres. A partir de 1804, on travaille à rendre les routes plus faciles et plus commodes, trois directeurs de travaux connus sous le nom de chef d' atelier, élus par la commune, avaient la charge d' obliger les familles à empierrer, écrêter et rectifier les chemins qui traversaient le territoire. Lorsque les travaux étaient plus pressants, on faisait appel à la bonne volonté; le travail journalier était rétribué à raison de 1 fr 25; cette façon d' entretenir la viabilité des routes subsista jusqu' en 1818, époque où l' on apporta quelques modifications à ce genre de travail. En cette année, les chefs d' atelier furent : Jean-François BLONDEAU-COULET pour Combe des Cives, Jean-Athanase JOBEZ pour le village et Stanislas MICHEL-NATOIRE pour les Mortes; on voit qu' il n' était pas question d' autres chemins que celui de Combe des Cives au territoire de Bellefontaine sous le commandement et la direction de ces trois chefs, les habitants devaient faire une journée par 10 f d' imposition; ainsi les GUYON qui en payaient pour 500 f durent fournir cinquante journée de travail. Il y eut, en outre, les prestations pour chaque homme âgé de 21 à 60 ans et par chaque tête d' attelage (boeuf ou cheval). Ces moyens permirent à la commune d' élargir les chemins et d'y apporter de grandes améliorations; on creusa aussi pour assainir les routes, des fossés ou rigoles de chaque côté et sur une grande partie de la longueur de la route de Combe des Cives aux Mortes. Le 8 mai 1820, la route de Chaux Neuve à Bellefontaine fut classée parmi les chemins vicinaux, et la commune fut autorisée à y faire d' importantes rectifications, son ancien tracé, surtout à Combe des Cives, était très défectueux; on songea à le rendre plus facile et moins long".

Route de Combe David

"Ce fut le 15 janvier 1825 que ce chemin fut classé parmi les chemins vicinaux, mais on ne travailla à en faire une route réelle qu'en 1838. Le 1er août 1837, les préfets du Doubs et du Jura enjoignirent aux communes de Chapelle des Bois et de Foncine le Bas, de commencer au plus tôt les travaux; pendant quelques mois cette dernière localité voulut résister, alléguant que n'ayant que peu de rapports à Chapelle des Bois, elle n'avait que faire d'un chemin dont la construction lui serait fort coûteuse et à peu près inutile, mais pressée par les menaces préfectorales, elle consentit à entreprendre ce travail, mais sous la condition que dans l'espace de deux ans, à partir du 1er octobre 1838, les habitants de Chapelle des Bois, feraient le tronçon de 600 mètres qui d'après le tracé, devait pénétrer sur le territoire de Foncine le Haut. Ceux-ci acceptèrent la condition, achetèrent le terrain en question, et les travaux commencèrent aussitôt des deux côtés en même temps.

A Chapelle des Bois, le maire Pierre Victor MICHEL, dressa la liste des prestataires; chaque homme de 21 ans était tenu de faire cinq journées et deux en plus par tête d'attelage. On vota des centimes additionnels et on décida que les mille francs qui restaient des rôles de 1837, 1838, 1839, pour les chemins, seraient exclusivement employés à la route de Combe David.

Ces travaux marchaient rapidement et étaient déjà avancés quand une lettre de Mr CHOPARD, agent-voyer d'arrondissement, prévint tout à coup la commune que le génie militaire s'opposait à la construction de cette route (cette nouvelle voie pouvant présenter un risque potentiel en cas de guerre); dès le 4 avril 1841, tout travail dut être suspendu et les 1500 f qui y étaient destinés furent employés à réparer les chemins de la Norbière, de la Chaux-Moz et des Prés-Hauts. Ce ne fut qu'en 1846 que le conseiller général de Mouthe, Mr LONCHAMP, obtint la levée de l'opposition du génie et vint lui-même afin de presser l'ouvrage. On se remit de nouveau à l'oeuvre; la commune vota en 1847, la somme de 2736,80 f; l'année suivante on obtint quelques secours et en 1849, la route était achevée. La hâte que l'on mit à l'exécution de ce travail explique les défectuosités nombreuses de chemin et son mauvais tracé en beaucoup d'endroits, la crainte de voir le génie revenir à ses premiers sentiments ne permit pas non plus de donner à cette route la largeur qu'elle devait avoir".

Eglise de Chapelle

Tous ces travaux n'allaient bien sûr pas sans difficultés, comme on le voit dans l'extrait suivant "le tronçon du village" dont le tracé opposera un temps, Pierre Joseph GUYON au maire Jean François BLONDEAU. Pierre Joseph GUYON était l'un des fils de Jean Joseph GUYON-VEUILLET (1753 - 1804), devenu GUYON-GINDRE en s'installant à Chapelle des Bois chez son beau-père, Jean-Baptiste BOUVERET. Ce Jean Joseph avait ajouté à ce que lui apportait sa femme, les bénéfices de la vente de ses fromages qu'il livrait lui-même à Lyon, Grenoble, Marseille, etc ...

En janvier 1794, le directoire de Pontarlier avait réquisitionné chez lui 900 livres de petits septmoncels, et presque autant chez ses dépositaires. Il fut l'un des fournisseurs de l'armée de Napoléon. Il était le plus gros contribuable de Chapelle des Bois. L'un de ses fils, Pierre François Valentin GUYON (28.2.1787 - 21.1.1838), négociant en fromages, fut adjoint au maire puis maire de Champagnole (de mars à septembre 1836). Il fut l'un des 24 notables de la ville qui furent enterrés autour du piédestal de la croix édifiée au centre du nouveau cimetière, inauguré le 3 juillet 1828. Ces concessions étaient de trente ans et les restes ont été relevés à la fin du XIXème siècle.

Chapelle des Bois

Le tronçon du village

"Le chemin du village passait à travers la plaine de Champion et arrivait presque directement aux premières maisons, montait puis passait entre les deux maisons n° (1); arrivé à l'angle sud de cette dernière, il tournait brusquement entre les maisons de la place, passait devant la cure puis descendait contre Chégon, un peu à gauche de la route actuelle. Pour le tracé, il y eut aussi quelques difficultés. On avait résolu de faire le nouveau chemin à travers les pâturages rocailleux où passe aujourd'hui la route; Pierre Joseph GUYON, qui en était le propriétaire, crut devoir demander à la commune une indemnité par trop considérable; Jean François BLONDEAU, en entendant de telles propositions, indigné, s'écria : "Puisqu'il en est ainsi "dit-il à GUYON "nous continuerons comme précédemment à passer par vos champs, de cette manière nous n'aurons pas de terrains à acheter; gardez donc vos murgers, nous n'en avons que faire". GUYON, le cupide, voyant ses ruses déjouées, se hâta non seulement de céder le terrain demandé, à la condition qu'on lui céderait l'ancien chemin, mais il dut s'engager, en outre, à faire à ses frais la route sur une longueur de cent mètres. De la croix du Jubilé, le chef d'atelier JOBEZ eut désiré que cette route se fit derrière les premières maisons, passa derrière la maison commune et arriva de là, sur la place, mais Pierre GUY-chez-JEAN et Pierre Ambroise BLONDEAU-RENAUD y mirent la plus vive opposition et le tracé actuel fut adopté".

(1) le document original comporte des photographies qui n'ont pas pu être reproduites par le scrib. Je n'ai donc pas le numéro de cette maison.


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