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Les cernées du Mont-Noir

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la Norbière

 

voir également la grotte à Pierre à du Bourg, chapitre sur Combe David


Charles Thevenin, dans son article paru dans le Progrès du dimanche 24 octobre 2004, promène ses lecteurs dans les cernées du Mont Noir. Il les emmène à la Queulette, la Cernée, sur les Gits et jusqu'au Creux Maldru et la grotte à Pira à du Bou. Les descendants de Joseph Vionnet (celui qui en 1907 a amené à Morillon sa famille et son troupeau) ont du lire cet article avec plaisir.

Joseph Vionnet, qui a tenu successivement, de 1880 à 1906, six fermes du Mont Noir, a "pâturé" la Queulette et la Cernée, qui appartenaient aux de Laitre, sans interruption de 1896 à son décès en 1921. Il y "montait" son troupeau chaque année en mai et le "descendait" en septembre. Deux de ses enfants ont poursuivi cette location jusqu'en 1926.

C'est dire que durant plus de trente ans, nos grands oncles ont passé une bonne partie des étés dans ces "cernées". L'un d'eux est né à la Queulette le 14 août 1899. Toute la famille et les bêtes y ont même passé l'hiver 1906-1907 (Joseph s'était alors brouillé avec Mesnier, le propriétaire de la ferme du Marechet). Il y a quelques années encore, un ancien du Lac des Rouges Truites racontait comment, cet hiver là, Joseph demandait l'aide de ses voisins pour conduire des voitures de foin à la Queulette par le chemin non déneigé, bien sûr, de la Roche du Palais. Nos grands-parents, nos oncles parlaient avec fierté et nostalgie de ces coins du Mont Noir. Maintenant encore leurs descendants y vont "en pèlerinage".

Voici pour ceux qui ne l'auraient pas lu, l'article en question.

Charles Thevenin ajoute à son article un encadré intitulé "Les Vionnet depuis la Thieulette". cet ajout n'est pas repris ici. La saga de Joseph Vionnet et de ses enfants est déjà longuement exposée sur ce site (chapitre "Généalogie" à la page "Les Vionnet").


la Norbière


la Cernée

C'étaient, dans l'origine les terres "ès bôs". L'immense forêt d'altitude, appartenant dans sa totalité aux moines de Condat, ancêtre de Saint-Claude, n'intéressait à vrai dire, pas bien du monde. Avec le temps, les paysans grandvalliers et fonciniers, avaient obtenu le droit d'y conduire leurs troupeaux. Mais cette autorisation n'était qu'estivale et l'hiver, le Mont Noir retrouvait le silence sépulcrale des solitudes.

Puis il y eut les vagues d'affranchissement, au 14em siècle surtout. La forêt n'était alors qu'un vaste taillis sporadiquement peuplée de grands résineux. Dans cette anarchie ligneuse, où les jeunes pousses devaient attendre la liquéfaction des ancêtres sénescents, le nouvel "abergataire" dut d'abord se frayer une place.

Les moyens matériels dont il pouvait disposer ne lui laissait guère le choix dans le processus d'intervention. Il pratiquait à hauteur d'homme une large "blanchie" qui faisait le tour du tronc de l'arbre à éliminer. cette "cernée", interdisant le transit du liber, faisait rapidement sécher le sapin ou l'épicéa. Quand plusieurs sujets s'écroulaient enfin, on y mettait le feu qui se communiquait à ceux encore debout. Il ne restait plus qu'à "essarter" (faire disparaître les souches) et surtout à épierrer.

le Nondance

Au milieu de cette nouvelle clairière, une fermette, solidement fabriquée de pierres et de bois, inépuisable matière première indigène, s'apprêtait à affronter les terribles hivers jurassiens.

Dans le Mont Noir, c'est l'étendue de la "cernée " qui définit le type d'habitat. Si elle était suffisamment vaste, une ferme conventionnelle pouvait s'y établir. C'est le cas, sur les limes, de la Norbière, de Nondance ou à un degré moindre, de la Thieulette, de Sur les Gits, côté Foncine. D'autres, moins vastes, bien plus isolées, ne contenaient qu'un chalet. On n'en retrouve plus guère aujourd'hui que des traces sous forme de "chasal".

Elles s'appellent Cernée Pierre Elie, châlet (ou hôtel) des Cancouelles (les hannetons), Cernée Jobez. La Cernée aux Moines est encore debout. Pendant bien longtemps, c'est une famille Bourgeois qui en assura la maintenance. Cet attachement s'est définitivement concrétisé par l'incorporation du lieu de vie dans leur patronyme même. On connaît aujourd'hui les Bourgeois-Moine.


la ferme du Nondance

 

Le Mont Noir c'est d'abord une forêt immense.

Le loup faisait littéralement partie du décor et sa présence semble encore bien perceptible dans les premières années du XXeme siècle. Paradoxalement, aucun des fléaux qui se sont attachés aux pas de l'homme, n'a épargné les locataires épars du Mont Noir. La peste, les épidémies, la guerre même, quand les fuyards, ceux de l'armée de Charles le Téméraire après la défaite de Morat, n'avaient pas d'autre choix que de s'abattre sur les fermes isolées qu'ils rencontraient.

Mais ce sont les Joux Noires qui aux sursauts terribles de l'histoire, accueillaient encore ceux que la vindicte des puissants avait condamnés.

la Queulette

La population de Foncine presque en entier s'y réfugia aux instants terribles de l'invasion française, en 1639.

Sous la "terreur", les prêtres, nouveaux proscrits, se cachèrent longuement dans des antres glacées comme le fameux "Creux Maldru". Pour Pira du Bou, ce fut une grotte plus discrète encore. Il l'occupa pendant plus de trente ans. sa famille, les Pagnier, venait précisément "du Bourg" de Sirod (le Bou en patois). Il déserta après les levées en masse de 1793, entra dans le bois et n'en sorti plus jamais.


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