Louis Pergaud |
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Louis Pergaud n'est pas de chez nous, mais les Longevernes ne sont pas loin. Et puis ses élèves, leurs parents, les chasseurs et leurs chiens, les forêts et tous leurs habitants sont semblables aux nôtres. Chacun de nous se reconnaît ou reconnaît un de ses voisins dans ses personnages. Qui n'a pas lu "La guerre des boutons" ? dans les années 1890, les enfants de Longeverne, commandés par Lebrac, et les enfants de Velrans, emmenés par l'Aztec des Gués, s'affrontent en combats épiques pour régler une question d'honneur qui n'est en réalité qu'une résurgence d'un différend ancestral. Louis Pergaud est né en 1882, à l'école de Belmont (Doubs) où son père, instituteur, avait épousé une fille du pays. Il fréquentera l'école primaire de Nans-sous-Sainte-Anne où son père avait été muté, de 1889 à 1891, puis il habita à Guyans-Vennes et à Fallerans, suivant les nominations paternelles. Il fut élève de l'école primaire de garçons et du collège construits à Besançon, sur l'emplacement de l'ancien arsenal, au n°1 de la rue Mégevand, avant d'entrer à l'école normale d'instituteurs, au n°6 de la rue de la Madeleine, de 1898 à 1901. Ses parents moururent à Fallerans en 1900, à un mois d'intervalle, dans ce village où son père avait occupé son dernier poste d'instituteur. Ils furent enterrés dans le cimetière attenant à l'église. A sa sortie de l'école normale de Besançon, il devint instituteur à Durnes puis à Landresse (le Longeverne de "La guerre des boutons") avant de tout abandonner pour s'installer à Paris. Parmi ses romans les plus célèbres, on note :
"De Goupil à Margot" couronné par l'Académie Goncourt en 1910; "La Guerre des boutons" (1912), "Le Roman de Miraut, chien de chasse" (1914), "l'Aube - L'herbe d'avril" (deux recueils de poèmes), "Les Rustiques" (écrit en 1914 mais édité en 1921) dont sont tirés plusieurs textes de ce chapitre. Ce grand écrivain régionaliste devait être porté disparu en 1915, pendant la Grande Guerre, après un combat à Marcheville dans la Meuse. Dans la préface de "La Guerre des boutons", Pergaud ouvre son coeur : "J'ai voulu faire un livre sain, qui fut à la fois gaulois, épique et rabelaisien, un livre où coulât la sève, la vie, l'enthousiasme : et ce rire, ce grand rire joyeux qui devait secouer les tripes de nos pères ... j'ai voulu restituer un instant de ma vie d'enfant, de notre vie enthousiaste et brutale de vigoureux sauvageons dans ce qu'elle eut de franc et d'héroïque, c'est à dire libérée des hypocrisies de la famille et de l'école ... le souci de la sincérité serait mon prétexte, si je voulais me faire pardonner les mots hardis et les expressions violemment colorées de mes héros. Mais personne n'est obligé de me lire ... Au demeurant, et c'est ma meilleure excuse, j'ai conçu ce livre dans la joie; je l'ai écrit avec volupté; il a amusé quelques amis et fait rire mon éditeur : j'ai le droit d'espérer qu'il plaira "aux hommes de bonne volonté" ... et pour ce qui est du reste, comme dit Lebrac, un de mes héros, je m'en fous". |