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La Vierge et l'enfant

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On sait que l’église de la Chaux des Crotenay possède quelques meubles ou statues classés, "monuments historiques". La "Poutre de gloire", est le mieux connu parce que bien visible. L’une des statues, pourtant précieuse, l’est beaucoup moins, c’est la "Vierge à l’enfant" qui, ignorée des historiens d’art, n’a été tirée de l’oubli qu’en 2004. Un "véritable petit joyau", dit l’historienne Véronique Boucherat, qui lui consacre quatre pages dont voici un extrait :



La Vierge à l’Enfant de la Chaux des Crotenay constitue par le caractère précieux du matériau utilisé (l’albâtre), la remarquable qualité du travail de sculpture et la palette des impressions et sentiments suscités, un véritable petit joyau, commandé à un artiste de tout premier plan par un personnage d’une importance également significative.

Ici dans un vêtement d’époque, (robe fourrée aux manches étroites, et pourvue de deux poches plates sur le devant), Marie tient entre ses bras, et en un geste naturel aux jeunes mères, l’Enfant qui frotte d’une main ses gencives agacées et saisit de l’autre son petit pied dans une dispersion des gestes et de l’attention caractéristique des tout petits.

Si elle n’est pas neuve, l’idée de représenter l’Enfant Jésus contrarié, comme tout nourrisson ordinaire, par des poussées dentaires douloureuses est exploitée ici avec une évidence et une qualité d’empathie qui séduisent le spectateur, rapidement conquis par les autres charmes de l’œuvre, par exemple la figuration nuancée de Marie, soucieuse de créer entre ses bras les conditions d’apaisement de son enfant, mais également amusée presque malgré elle par l’agitation de ce dernier, dont les gestes semblent devoir partir dans tous les sens.

La présentation du nourrisson, qui, indifférent au spectateur, regarde vers le haut et porte les éléments annonçant un babillage imminent, contribue à la captation du regard et de l’esprit du fidèle.


C’est à l’école du Louvre, les 7 et 8 juillet 2004, que l’auteur de ces lignes, avait sorti de l’oubli cette statue qui avait été classée Monument Historique le 12 octobre 1906 sur la proposition du chanoine Brune.
Des études avaient amené à conclure que cette sculpture dont l’albâtre crémeux est magnifié par des rehauts de dorure et de polychromie, avait été réalisée entre 1415 et 1430; à l’initiative probable de Jean de Poupet II, baron de la Chaux des Crotenay, par Claus de Werve (connu entre 1396 et 1439), sculpteur officiel des ducs de Bourgogne.

Jean de Poupet II était en effet en relation avec la famille du duc de Bourgogne.

C’est devant cette statue, haute de 85 centimètres, que les nouveau-nés qui venaient d’être baptisés, étaient consacrés à la Vierge Marie ...


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