Voir également du même auteur : le
sapin dans les armoiries comtoises
Texte et illustration aimablement
communiqués par Nicolas VERNOT |
La plus ancienne mention connue d'armoiries pour la commune
apparaît sur le diplôme du certificat d'études primaire
délivré dans le département du Jura dans les années
1940.
Orné des armoiries des chefs-lieux de canton,
il montre un écu d'argent ou d'or à trois
fasces de sable, c'est à dire, sur un fond blanc ou jaune,
trois bandes horizontales noires. Si l'origine de ces armoiries n'est
pas connue, on peut formuler deux hypothèses.
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La première est d'ordre historique : les Planches dépendaient
de la seigneurie de Château-Vilain, qui échut au XVIème
siècle à Antoinette de Montmartin. D'après Rousset,
" cette dame, issue d'une puissante et illustre famille du comté
de Bourgogne, fut l'une des plus belles personnes et des plus vertueuses
de son temps : elle joignait aux talents et aux grâces qu'une excellente
éducation lui avait acquises, un fonds de bonté et un caractère
de générosité qui lui méritèrent, à
la cour de Bruxelles, une réputation décidée de beauté,
de grâces et de sagesse "(1). Les
armoiries de sa famille étaient composées de rayures horizontales
blanches et noires dont le nombre variait entre neuf et dix, soit, en
langage héraldique, un écu d'argent à quatre burelles
de sable, ou burelé d'argent et de sable de dix pièces.
L'écu attribué aux Planches s'inspire peut-être des
armes de cette dame.
D'autre part, on peut imaginer que ces armes soient parlantes,
c'est-à-dire qu'elles cherchent à évoquer de manière
phonétique le nom de la commune : ainsi, les fasces seraient
des planches stylisées. Ce procédé est très
courant en héraldique, et tient rarement compte de l'étymologie
: le lion de la ville de Lyon ou le faucon qui orne l'écu du bourg
comtois de Faucogney ont la même origine.
Quelle que soit l'origine de ces armes, elles ne semblent jamais avoir
été utilisées par la commune.
Les armoiries actuellement utilisées sont de sable à
la fasce en divise d'argent accompagnée en chef d'un sapin d'or
et en pointe d'une roue de moulin pleine de même. Elles diffèrent
légèrement du modèle proposé par M. Duhem,
directeur des archives départementales du Jura de 1939 à
1965. A l'origine, ce n'était pas un filet (appelé divise)
qui traversait l'écu mais une large fasce, tandis que la roue de
moulin, aujourd'hui pleine, était ajourée. Oubliées
pendant plusieurs décennies, ces armoiries ont été
remises à l'honneur dans les années 1980, suite à
leur redécouverte fortuite par M. Socié, alors secrétaire
de mairie. A cette occasion, l'écu de la commune fut réalisé
et placé dans la salle des fêtes; regardé, à
tort, comme représentant le canton, l'écu aux trois fasces
qui ornait le diplôme du certificat d'études fut placé
à ses côtés. Tous deux ont été dérobés
peu de temps après. Les armoiries ont depuis lors retrouvé
droit de cité sur les plaques de rues.
Les armoiries des Planches-en-Montagne s'inspirent manifestement de celles
de Morey, autre localité montagnarde et industrielle. On retrouve
en effet le sapin ainsi qu'une roue de moulin, destinée ici à
rappeler l'industrialisation des Planches entre 1850 et 1900. Si aucune
explication n'est officiellement donnée pour justifier la présence
de la fasce d'argent, il est raisonnable d'y voir, au-delà de son
rôle structurant dans l'écu, la représentation stylisée
de la Sêne. Enfin, les armoiries qui ornent le certificat d'études
a sans aucun doute inspiré les armes actuellement utilisées
par la commune et dans lesquelles se retrouvent une des fasces ainsi que
les émaux dominants.
Nicolas VERNOT
1) A. ROUSSET, Dictionnaire géographique,
historique et statistique des communes du Jura, t. I, Besançon,
1853, p. 302
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