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Le mobilier jurassien autrefois

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Rien de plus simple, il y a trois siècles, que le mobilier de nos ancêtres.

A la fu, ou cuisine, une grossière armoire renfermait la vaisselle, de bois d'abord, puis de grosse terre, les pots, puis les écuelles à oreilles, vases les plus communs; au bas de ce tablet se trouvaient les vaisseaux ou seilles, pour l'usage ordinaire et pour la fromagerie. C'était à la cuisine que se faisait presque tous les travaux intérieurs; c'est là qu'on prenait les repas, qu'on passait les veillées, qu'on fabriquait les fromages, préparait les merrains et les seilles, que les femmes cuisaient le pain, faisaient la lessive, la couture où d'autres travaux exclusifs à leur sexe.

La table était tout d'abord un plateau épais et grossier dans lequel on avait pratiqué des concavités en forme d'écuelles où chacun avait sa nourriture; plus tard on lui substitua une table-armoire. Les chaises n'étaient que des bancs à peine rabotés ou des troncs d'arbre; plus tard vinrent les sièges à trois pieds, comme on en voit encore dans les étables, et sans dossiers, puis les chaises à dossier.

Primitivement le fourneau n'existait pas, on cuisait les aliments à la fu, dans de lourdes marmites en fonte suspendues à la crémaillère de la cuisine, à côté de la chaudière qui servait à faire le fromage; ce n'est que longtemps après avoir fait la pièce appelée "lou pelou" que l'on y placa un fourneau qui n'avait d'abord qu'une marmite à trois pieds; ce fourneau n'existe guère dans le Jura avant 1800.

Quant à une horloge, il n'en existait pas avant le 17e siècle; on jugeait l'heure par le lever ou le déclin du soleil ou de la lumière; les fenêtres étaient petites et à verres étroits; les vitres étaient jadis remplacées par du papier brûlé; pas de fenêtres à la cuisine, mais seulement au poële, à l'etta, et une petite à l'écurie. Au poêle, on plaça un lit ou deux, on y prit ses repas et on y vécut en famille.

Derrière le fourneau était la trappa, fermée par une porte mobile derrière laquelle on faisait sécher quelques linges; au dessus de la trappa était le placard, sorte d'armoire qui renfermait les grains, l'oing, les huiles et la petite lampe fumeuse qui remplace le grand foyer; cette lampe à lumière obscure n'était allumée que si on y était obligé; sous le vaste manteau de la cheminée, les amas de branches donnaient une lueur qui éclairait la pièce entière; à la fin de la veillée on se contentait d'allumer des noeuds de sapin ou de segnons, ramassés dans les tourbières et placés sur la letta, qui était la chambre à coucher, surtout la chambre nuptiale.

Combien les draps furent appréciés plus tard ! La couverture était un double de toile replié et bourré de grosses étoupes, piquée en carrés et losanges par quelques points. Le coussin était rempli de paille ou de pousse. Plus tard aux châssis du lit, on adapta des piliers ou quenouilles, supportant un ciel d'où pendaient des rideaux d'étoffe; un peu plus tard vinrent la courtepointe, le matelas, les duvets et même les édredons.

C'est dans une caisse qu'on renferma d'abord les habits et les linges propres. Le coffre était une arche en noyer ou chêne sculpté; il remplaça la caisse grossière; c'était presque le plus beau meuble de la maison, on y rangeait uniquement les linges et habits de fête. Dans un angle du coffre était la bareta où se trouvaient parfois les pièces d'or et d'argent. Le coffre fut remplacé par le buffet ou armoire.

A des grands clous de fer étaient suspendus les chapeaux de paille que portaient les femmes; les blouses et vêtements d'hommes, les culottes ou gargasses, les robes, jupons et cotillons.

le van

Le mobilier du grangeage ou meubles d'agriculture était constitués des fléaux, pioche, trident, râteau, fourche, pelle, bêche, faux, le van, la tonne pour le gros sel, les baquets utiles pour les léchers; les balais ou les remasses; la lanterne grossière utile pour les greniers ou l'écurie.

A l'étable, les sièges à trois pieds, le râble, l'étrille, la civière pour transporter le fumier, avant que la brouette ne soit connue, les caisses portatives pour emporter le purin, les clochettes attachées au cou des bêtes; les blouses de toiles grossière des femmes.

Les bêtes de l'étable occupaient une place suivant la noblesse de leur race; près de la porte la place d'honneur; c'était d'abord le cheval, puis les boeufs, les vaches, les veaux, les chèvres; au fond le porc, lapins et cobayes.

Il y avait aussi une distinction parmi les vaches.

Dans le ran étaient les chauffages, les diverses sortes de voitures, les brancards, les échelles de voiture, le bèches, la herse, la charrue, les brouettes à foin, les traîneaux, les colliers, les rênes ou guides, la culière, les licous, les chaînes, maillets, écuelles, la meule à aiguiser, les roues des voitures n'étaient pas cerclées de fer, pour enrayer on se servait d'abord d'une chaîne de fer.


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