Louis XI à Saint-Claude
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Louis XI est passé deux fois à Saint-Claude, et ce n’est pas à son premier passage qu’il a mérité que son nom soit donné à une place. Un rapport concernant ce premier pèlerinage ne manque pas d’intérêt. En voici un extrait :
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A l’âge de dix-sept ans, Louis XI se laisse entraîner par un groupe de seigneurs qui s’opposent à son père, Charles VII (celui de Jeanne d’Arc). En 1456, il a vingt-trois ans. Son père dans l’espoir de le ramener, lui a donné le Dauphiné. Mais ce déplorable conflit continue. "Des motifs graves d’animosité se cachaient de part et d’autre sous les griefs officiels et avoués de la politique. Louis alléguait pour prétexte la conduite privée du roi de France. Il stigmatisait avec indignation l’asservissement du souverain à une tourbe de favoris et de favorites. Les mœurs vulgaires et dissolues du jeune prince ne lui permettaient pas d’exercer vis à vis du roi, son père, une pareille censure. Il montra dès cette époque tout ce qu’il fut sur le trône. La nature avait donné à ce prince des instincts d’égoïsme et de domination servis par une volonté de fer, indomptable, par une intelligence souple, vivace, pleine de subtilités et de ressources. Son intérêt personnel élevé plus tard à la hauteur de la raison d’état lui servit toujours de règle unique et ne connut jamais de frein moral ou religieux. Pressé de la sorte, Louis prit aussitôt de son côté une résolution extrême. Il commanda ses gens de vénerie et de bouche, ainsi que sa vaisselle d’argent qu’il fit porter dans une forêt voisine de sa résidence. Le prince annonçait une partie de chasse, genre de plaisir qui le passionna jusqu’à ses derniers jours. Mais pendant que ses serviteurs obéissaient à ses ordres et l’attendaient au rendez-vous, Louis montait à cheval, suivi d’un petit nombre de familiers, et fuyait à toute bride. Le dauphin partit le lundi 30 août 1456, se dirigea vers Saint-Claude à travers les montagnes de la Savoie, affectant de s’y rendre en pèlerinage. Le mardi 31, il arriva dans cette place à dix heures du matin. Là, il entendit trois messes devant l’autel du Saint, dîna, puis se remit en route. De Saint-Claude le prince français écrivit au roi une dépêche qui nous a été conservée. Dans cette lettre, insigne spécimen d’audace et chef-d’œuvre d’hypocrisie, Louis informait son père qu’étant gonfalonier de l’église, il se rendait vers le duc de Bourgogne pour se croiser avec les infidèles. De Saint-Claude, où il avait atteint la Franche-Comté, le fugitif alla coucher à Grandvaux, puis il se rendit au château de Nozeroy, résidence habituelle de Louis de Chalon ... Après avoir, durant quelques jours, mis à profit l’hospitalité du prince d’Orange, il partit sous la conduite du maréchal qui lui procura une escorte .et vint trouver un refuge à Louvain puis à Bruxelles." Il faut croire que la prière de Louis XI, avait été entendue car, vingt cinq ans plus tard, il revint. Il était devenu roi en 1461. En 1477 il avait envahit la Comté, alors rattachée au comté de Bourgogne. Le château, construit en 1291 est rasé et la ville de Saint-Claude doit payer un lourd tribut pour être épargnée.
En 1482, il fait son deuxième pèlerinage, avec 6000 hommes. Il fait ses dévotions, fait reconstruire la ville et multiplie les dons à l’abbaye. La ville lui en est reconnaissante. Il faudra attendre juin 1962 pour qu’un chef d’état français – le général de Gaule - se manifeste à Saint-Claude. Le père de Louis XI, Charles VII avait reçu plusieurs fois Jean de Gand, l’ermite de la Grotte Sainte-Anne, qui avait le don de prophétie. Cet ermite avait prédit au roi d’Angleterre que sa fin était proche, (il meurt en 1422), et à Charles VII qu’il aurait un fils, (ce fut Louis XI né en 1423), et que la France serait bientôt délivrée des anglais, (ce qui se fit en une dizaine d’années, avec l’aide de Jeanne d’Arc). .Jean de Gand était mort à Troyes en 1439 et avait été inhumé à l’église des dominicains. En 1481 Louis XI demanda à faire lever son corps. De nombreux miracles s’étant produits, il entama les démarches de canonisation, mais il mourut avant de l’avoir obtenue; le pape mourut aussi. Jean de Gand semble n’avoir jamais été canonisé. Hélas, il n’a pas laissé un souvenir impérissable en terre de Saint-Claude ! |