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Les chemins de fer vicinaux, symbole de l'ambition jurassienne

voie du Tram, à Foncine le Bas

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texte extrait du Progrès septembre 2006

Ils n'ont vécu qu'un demi-siècle, mais ils resteront à jamais les témoins de l'entrée du Jura dans le XXe siècle. Ils traduisent aussi une farouche volonté d'anticiper l'avenir.

Ils font partie intégrante de l'histoire moderne du Jura. Créés à la fin du XIXe siècle, les trams et autres tacots ont disparu au début des années 50, victimes de l'évolution trop rapide de leur temps. Il n'empêche ... A ce moment-là, ils constituaient un formidable pari sur l'avenir et le parallèle avec l'époque actuelle devrait prêter à réflexion. Si le chemin de fer, le vrai, celui de la SNCF, traversait déjà le Jura en 1880, en revanche l'idée de créer des lignes interdépartementales pour irriguer le plateau et le haut jura - à la charge du département - a dû attendre deux lois et des subventions de l'Etat. En 1889, un projet est au point, un concessionnaire trouvé. Hélas, il fait faillite et il faut attendre 1895 pour que la Compagnie Générale des Chemins de Fer Vicinaux soit choisie.

Une première ligne entre Lons et Saint-Claude avec un embranchement sur Orgelet est inaugurée en 1898. C'est un immense succès populaire. Dans la foulée, le prolongement de la ligne entre Orgelet et Arinthod est achevé en 1901. En 1907, suit la ligne entre Clairvaux et Foncine le Haut. Puis vient la grande guerre, tout est stoppé et dans les années 1920, quand les projets sont remis sur la table, l'automobile fait déjà figure de grand concurrent.

Il n'empêche et malgré des déficits, le département veut y croire. En 1921, la ligne entre Morez et la Cure est ouverte; en 1927 ce sont les tronçons entre Foncine et Champagnole et entre Sirod et Boujailles. Ces lignes sont mêmes électrifiées. On expérimente aussi de nouvelles motrices à essence qui, hélas, ne donnent pas les résultats escomptés, les clients délaissent le train.

En 1931, les élus décident de faire la bascule, les autocars remplacent le train sur les lignes d'Arinthod, de Foncine puis de Saint-Claude en 1933, le succès est au rendez-vous. Ne subsiste que le réseau électrique dans le secteur de Champagnole.

Puis viennent les fermetures : Foncine en 1938, Arinthod en 1939. Le réseau entier doit être démantelé, mais la guerre de 1939/1945 retarde l'échéance, la ligne de Lons ferme en 1948, celle de Sirod à Boujailles en 1949, celle de Champagnole à Foncine en 1950, celle de Morez à la Cure en 1958.

Une nouvelle ère naît dès 1949 avec la création de la régie départementale des transports du Jura qui deviendra par la suite "Jura Bus". Depuis cette époque, le transport se fait par route, il ne reste de cette épopée que quelques tronçons recyclés en voies vertes ou simplement noyés sous la végétation.

 

Si le choix d'avoir privilégié la route au rail peut se discuter, en revanche personne aujourd'hui ne peut contester l'erreur monumentale qu'a représenté l'abandon de la quasi totalité des lignes dans la seconde moitié du XXe siècle.

Dépose des voies, arrêt de l'entretien des ouvrages d'art, destruction de certains tronçons, vente des gares ou des tunnels à des particuliers ... Les lignes jurassiennes ont connu tous les outrages, or elles représentaient l'un des plus beaux éléments du patrimoine bâti du département. Mieux, elles formaient un maillage territoriale complet dans des sites d'une beauté naturelle sans égal. En ce sens, elles auraient dû susciter l'intérêt des élus à une époque où le tourisme s'affirmait. Au chapitre des regrets, on peut se demander aussi pourquoi la remise en valeur des tronçons encore utilisables n'a jamais été entreprise. Des dizaines de kilomètres de voie dorment encore sous les ronces. Malgré tout, quelques initiatives sont nées. Entre Louhans et Lons, l'ancienne ligne est appelée à devenir une voie verte; dans la reculée de Revigny, elle sert de balade aux randonneurs; entre Sirod et Foncine, elle est le parcours de la Tramjurassienne ... Mais quand on songe à tout ce qui existe encore comme potentiel, on se dit qu'il y a beaucoup d'occasions manquées.


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