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Souvenirs du Général Vionnet sur les campagnes de Russie et de Saxe
VII
1813 campagne de Saxe


La mémoire collective a retenu la retraite de Russie et le passage de la Beresina. Elle oublie un peu la campagne de Saxe aussi funeste que la précédente.

Le 5 décembre 1812, Napoléon a quitté son armée sur un simple traîneau et sous un faux nom. Aux Tuileries, il reconstitue sa grande armée et lève les "Marie Louise", tente de rameuter ses alliés, mais beaucoup le lâchent, même l'Empereur d'Autriche, son beau-père. C'est lui qui prend la tête de la coalition et c'est le prince Schwarzenberg qui en devient le général en chef. Napoléon quitte Paris, il est à Lutzen le 1er mai 1813. Le Général Vionnet y arrivera le 3. Il vient d'être promu colonel et prend le commandement du 2em régiment de la Garde Impériale. Le 21 mai il se distingue à Warzen, bataille qui "aurait pu amener la paix si l'Empereur avait été plus juste dans ses demandes et moins obstiné dans ses prétentions".

Et voilà la suite :


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Le 8 juin, nous arrivames à Polkwitz. On nous distribua nos cantonnements; ceux de mon régiment étaient dans les environs de Glogau; les principaux villages sont à environ 3 lieues l'un de l'autre, ce sont Quittitz, Bauch, Rettkau, Grambschutz, Porschutz, Tsohrewitz, Toppenderf, Vilschau, Pinquaurt, Gros et Kleïn Obisch, et ce fut dans ce dernier où je m'établis avec mon état major, le village est petit, ainsi que son nom le désigne; il y a un mauvais château appartenant au prince Auguste de Prusse, qui ressemble plutôt à une ferme qu'au palais d'un prince. Le régisseur nous traitait assez mal. Voici le genre de vie que nous y menions :

le matin nous déjeunions entre sept et huit heures avec une tasse de café de chicorée et un peu de lait, à midi nous dînions avec le maître de la maison, sa sœur et ses enfants; notre dîner se composait d'une soupe, du bœuf, des pommes de terre et pour dessert un morceau de fromage. Nous étions douze à table, mais nous n'avions jamais plus de trois bouteilles de vin et de la bière. Nous soupions à huit heures du soir avec un rôti de veau, de la salade, un plat de légumes et deux bouteilles de vin. Je n'ai jamais vu un homme plus flegmatique que ce régisseur. Il coupait le bœuf avec une espèce de mouvement mesuré qui demandait un temps infini; aussi malgré la mesquinerie de notre dîner, nous restions au moins deux heures à table, et assez souvent les officiers n'avaient plus de pain lorsque le bœuf était auprès d'eux.

Nous fimes plusieurs voyages à Glogau pour nous procurer les choses dont nous avions besoin. Tout était d'une cherté excessive qui nous obligeait de dépenser au delà de ce que nous aurions fait en France.

La Silésie produit beaucoup de seigle, d'orge, d'avoine et une grande quantité de lin avec lequel on fait ce beau linge si renommé dans toute l'Europe. Pendant une quinzaine de jours, je crus à la paix et je me faisais une fête de rentrer en France pour soigner ma santé encore très délabrée par la campagne de Russie, mais vers la fin du mois de juin, lorsque je vis les choses traîner en longueur, je fus certain qu'elle ne se ferait pas; ainsi au lieu d'imiter les colonels qui, pour faire briller leur régiment pendant la paix avaient acheté des pantalons blancs, je procurai au mien des pantalons de drap gris, amples et commodes, des guêtres d'étoffe noire et surtout de bons souliers.

Je fus confirmé dans l'opinion que j'avais et d'abord, lorsque le 6 juillet je reçus l'ordre d'aller camper à Polkwitz. Je redoublai de zèle et d'activité pour équiper mes soldats, de manière à les mettre dans le meilleur état possible. Je fis traiter les galeux, guérir les maladies légères sans envoyer les hommes aux hôpitaux, enfin le 30 juillet, jour ou le Maréchal Duc de Trévise nous passa en revue, mon régiment s'était augmenté de 200 hommes depuis l'armistice.

Aussitôt après la revue du Maréchal Duc de Trévise on annonça que la fête de l'Empereur serait célébrée le 10 août, parce que l'armistice pouvait finir le 15 et qu'il était impensable de prendre des mesures pour assurer la réunion de l'armée. On dressa une table en avant du camp où tous les officiers dînèrent. Le Maréchal Duc de Trévise, qui nous commandait, présida à ce dîner qui fut fort gai. On ne parlait que des conquêtes que nous allions faire si la guerre recommençait, mais il ne fallait pas une grande pénétration pour s'apercevoir du changement qui s'était opéré dans l'armée et présager les désastres qui allaient tomber sur elle.

La bataille de Lutzen, gagnée contre toutes les probabilités humaines, aurait pu déterminer l'Empereur à accepter la paix qu'on lui offrait. On ne conçoit pas comment il était assez peu instruit des affaires de l'Allemagne pour ne pas savoir que tous les souverains se préparaient à quitter son alliance ou comment il avait cru pouvoir résister à l'Europe entière ? L'enthousiasme qui d'abord avait conduit nos bataillons, était détruit.

L'ambition avait remplacé l'émulation, l'armée n'était plus commandée que par des officiers braves jusqu'à la témérité, mais sans expérience et sans instruction. Les soldats ne cherchaient que l'occasion de s'éloigner de leurs corps, d'entrer dans les hôpitaux et de s'éloigner du danger. Il faut ajouter qu'on les battait pour la moindre chose, qu'on maltraitait ceux qui tombaient malade ou qui ne pouvaient plus suivre l'armée, que l'on n'en prenait aucun soin et qu'au lieu de les considérer comme les compagnons de nos travaux et les agents de la gloire, la plupart des officiers et des généraux les traitaient en esclaves, ce qui dégoûtait ceux qui avaient quelques sentiments élevés. On exigeait des choses impossibles, au-dessus des forces de l'homme. Pour les obtenir, tous les moyens étaient bons; le Colonel qui avait le plus d'hommes présents aux drapeaux était le plus estimé, on ne lui demandait pas ce qu'il avait fait pendant les marches, on ne s'informait pas si on avait abîmés de coups des hommes écrasés de fatigue pour les faire marcher, ils étaient arrivés et cela suffisait. Il résultait de cette conduite que l'homme attaqué d'une légère maladie, qui avec des soins se serait guéri, mourrait misérablement au bout de quelques temps. Ce manque d'humanité était la cause de la perte d'une masse considérable de braves soldats. Une simple observation aurait montré la fausseté de ce système. On aurait vu qu'en gardant quelques hommes de plus au corps on les perdait au bout de quelques jours et qu'on les perdait pour jamais, au lieu qu'avec un peu de soins ils se seraient guéris et auraient rejoint à la fin de la campagne. Ce système de conservation qui doit être celui du gouvernement sage, n'est pas celui que l'on suit dans les armées françaises. On crie contre les colonels et autres officiers qui laissent les hommes en arrière pendant les marches forcées, on forme des arrières garde de sous-officiers et caporaux qui, à force de coups font marcher des hommes qui peuvent à peine se soutenir sur leurs jambes. On comble d'éloges et de faveurs ceux qui se montrent sans pitié et sans compassion et l'on force ainsi les officiers les plus doux à devenir durs et barbares comme les autres. Il résulte de cet état de chose que le soldat ne se bat plus pour la gloire mais par crainte, et qu'une fois éloigné de ses officiers, il ne rejoint que le plus tard qu'il peut dans la crainte des punitions qui l'attendent à son retour.

Il faut ajouter une autre observation, c'est que l'administration est si mal organisée qu'au moins les trois quarts du temps l'armée ,n'a point de viande, ce qui oblige les capitaines d'envoyer les soldats piller les campagnes afin de ne pas mourir de faim. Le soldat abandonné à lui même est une bête féroce capable de faire tout le mal possible; nous en avions déjà des exemples frappant en Portugal, mais tout cela se perd et on ne songe jamais à prendre des mesures pour arrêter le mal que lorsqu'il est sans remède.

Toutes ces observations, au lieu de me donner des espérances comme à mes camarades me faisaient concevoir des craintes que nos premiers mouvements ne justifièrent que trop. J'avais prévu que nous ferions des marches forcées et je redoutais surtout la décision de l'Autriche, qui en se déclarant contre nous, mettait l'Empereur dans la nécessité de se retirer à la gauche du Rhin, et à faire, au moins pendant quelques temps, une guerre défensive, qui ne me paraissait pas convenir à son caractère violent et emporté.

Le 11 août, les armée russe et prussiennes dénoncent l'armistice.

Le 15, nous abandonnames le camp à 4 heures du matin, nous marchames tout le jour par des chemins détestables et nous biv. près du village de Séheinteiler; ce jour nous fimes sept milles d'Allemagne, environ douze lieues de France.

Le 16, nous continuames notre marche, nous passames à Bunzlau, petite ville située sur la Bober, contre des collines; elle est entourée de murs et l'on y construisait quelques redoutes. Je fus détaché avec la 1ère brigade à Suberdof, grand village dont les maisons sont fort éloignées l'une de l'autre. Le pays est bon, il produit beaucoup de grains, mais les chemins sont détestables.

Le 17, nous arrivames à Lauban. Je fus détaché avec les deux premiers régiments à Obersberteldorf, sur la route de Greiffenborg et de Zitau. Le village est peu considérable, mais le château est vaste, bien entretenu et les jardins en sont charmants. Je fis biv. un bataillon en avant, derrière un ravin, couper la route, et j'établis une garde en arrière pour communiquer avec Lauban, le reste des troupes fut logé dans des granges et au château.

Le 18, nous restames dans la même position, le bataillon qui était au biv. fut relevé. Je passai l'inspection des régiments, ce repos fut très utile aux soldats qui avaient beaucoup fatigués par la longueur des marches des jours précédents, et surtout par la pluie et les mauvais chemins.

Le 19, nous repassames à Lauban et nous fumes biv. près de Luthnau, grand et fort village à trois lieues. La vallée qui est entre Lauban et Luthnau est charmante, elle est arrosée par une petite rivière bordée de prairies immenses, c'est dans ces prairies que l'on blanchit le fil destiné à faire ce superbe linge de table qui s'envoie ensuite dans toutes les grandes villes. Je fus logé au moulin avec le colonel Darieule, nous y fumes parfaitement bien.

Le 20 août nous marchames encore trois lieues dans la même direction, la division fit halte dans une plaine où l'on fit la soupe, ensuite nous reçumes ordre de rétrograder sur Lauban où nous n'arrivames que vers minuit par une pluie froide qui tombait comme un torrent. On nous fit biv. Sur la montagne en avant de la ville sur la route de Lowenberg dans un endroit où il n'y avait pas un brin de bois ni une goutte d'eau, excepté celle qui tombait du ciel assez à contre temps pour nous qui en étions abîmés. Ces contre marches au commencement d'une campagne jetèrent un peu de trouble dans les esprits. Ce n'était pas la méthode de l'Empereur de manoeuvrer avant d'avoir donné une bataille. On crut remarquer de l'incertitude dans les mouvements et un manque d'unité et d'ensemble dans les opérations. On fit connaître à l'armée la défection de l'Autriche qui s'était mise contre nous. Cette nouvelle fit beaucoup de sensation sur les gens raisonnables qui la regardèrent comme le prélude de notre perte.

Le 21, la division arriva à Lowenberg, petite ville bâtie à l'entrée d'une plaine et au bord d'une rivière. Elle est entourée de montagnes dont la forme est celle d'un amphithéâtre circulaire. Le corps d'armée commandé par le Maréchal Mac Donald s'était battu la veille et avait repoussé l'ennemi. Il continuait à tirailler dans les montagnes. Les généraux habitués à la guerre crurent que l'attaque de Lowenberg était un piège pour nous éloigner de Dresde, partager nos forces et nous battre en détail. Nous campames dans la plaine, en colonne serrée par division et par bataillon en masse; nous étions dans la boue et dans l'eau jusqu'à mi jambe et je n'ai jamais compris par quelle raison l'on avait choisi une position si incommode et si malsaine.

Le 22, nous restames dans le même ordre; une partie de la Vieille Garde arriva avec la 4em division. Nous fimes une visite aux généraux.

Le 23, l'armée rétrograda une troisième fois sur Luban, elle n'y fit qu'une halte fort courte et vint biv. près du village de Lichtenberg.

Le 24, on continua la retraite, le régiment fit une halte à Gorlitz, où il reçut le pain pour trois jours et vint biv. près du village de Kolwitz, où il n'arriva qu'à dix heures du soir par une nuit des plus obscures et une pluie horrible.

Le 25, le mauvais temps continuait; il tomba une grêle si grosse et poussée avec tant de force que plusieurs soldats en furent blessés et que les chevaux refusaient d'avancer. Nous biv. Dans le bois de Bischofswerda.

Le 26, la division arriva devant Dresde n'ayant pas la moitié des hommes présents; la fatigue avait été telle que les soldats tombaient dans les fossés sans pouvoir se relever. Il est aisé de concevoir qu'il fallait une santé et une force extraordinaire pour faire des marches aussi longues et supporter des fatigues comme jamais armée n'avait fait. Il y a de Lowenberg à Dresde, 25 milles d'Allemagne, environ 50 lieues, que nous fimes en 4 jours par une pluie continuelle et un chemin détestable. En arrivant sur la montagne devant Dresde, nous aperçumes de l'autre coté de la ville des troupes, des canons et nous distinguames parfaitement que l'on se battait; un instant après une batterie vint s'établir à la gauche de l'Elbe et faisait feu sur quelques troupes qui passaient le long de la droite du fleuve. On nous fit reposer pendant dix heures, après quoi on nous donna l'ordre d'entrer en ville.

L'Empereur était à la sortie du pont, qui regardait défiler les régiments. Nous pensions être logés chez l'habitant et nous n'avions pas une idée d'aller nous battre. Mais en approchant de la porte Pirna, nous entendimes distinctement le feu de la mousquetterie; des obus et des boulets commençaient à tomber sur les maisons. Nous trouvames les vieux Grenadiers de la Garde sur une petite place, et un peu plus loin les flanqueurs, qui occupaient une espèce de demi lune qui couvrait l'entrée de la ville. A côté de cette demi lune était une redoute où il y avait six pièces de canons qui faisaient un feu continuel; c'était le seul point dont nous étions encore maîtres hors de la ville. L'ennemi occupait le Gros-Garden, jardin qui n'est pas à une portée de pistolet de la porte, il faisait un feu de file terrible et son artillerie tirait à mitraille sans discontinuer. Ce fut en débouchant de la porte et sous un feu des plus meurtrier que le régiment se forma en colonne serrée par division et au pas de course; Les deux premiers pelotons furent envoyés en tirailleurs, le premier bataillon marcha à l'angle du bois et le second se porta droit à l'ennemi qui fut culbuté sur tous les points et la position emportée en quelques minutes; la nuit ne permit pas de profiter de nos succès et de poursuivre l'ennemi, qui laissa la plaine et le bois couvert de ses morts; je reçu deux coups de feu et deux coups de mitraille sur la poitrine, mes deux lieutenants-colonels furent blessés.

M. d'Ethan mourut des suites de ses blessures. Le régiment perdit en outre trente-sept hommes tués ou blessés. Il tomba une pluie froide toute la nuit et si abondante que le matin la terre en était couverte et que nous étions dans l'eau jusqu'à la cheville.

Le 27 au matin le mauvais temps continuait, le régiment prit les armes et se tirailla pendant quelques temps avec l'ennemi qui occupait le château de Gros Garden. Le général Rottembourg ayant été nommé lieutenant-général, le commandement de sa brigade, composé des premiers et deuxième régiments de tirailleurs, me fut confié. Je fus relevé au Gros Garden par une division d'infanterie de ligne commandée par le général Paillard, que j'avais connu à Palencia en Espagne.

La brigade se dirigea vers le village, où l'ennemi avait une batterie de quinze pièces de canons qui nous tiraient dessus sans discontinuer. Je fis placer les troupes en colonne serrée et changer de direction afin de profiter de quelques accidents du terrain et d'un rideau qui nous cachait aux ennemis. Le général m'envoya douze pièce de canons que je fis placer à droite et à gauche en avant de la colonne. Je consignai au commandant de l'artillerie de faire diriger d'abord ses douze pièces sur une seule pièce de l'ennemi jusqu'à ce que cette pièce fut démontée et d'en indiquer ensuite une autre et ainsi successivement jusqu'à ce qu'il n'en resterait plus. Cette méthode eut tout le succès possible et l'on remarqua que vers deux heures après midi le feu de l'ennemi était presque éteint alors il fit relever cette batterie par une autre de vingt pièces et d'un calibre plus fort qui nous incommoda beaucoup. La pluie avait continué avec tant de violence que vers midi aucun fusil ne faisait plus feu. Le régiment eut 36 hommes blessés ou tués, les blessés l'ayant été par la mitraille, presque tous furent amputés et fort peu en guérirent.

Un de mes domestique fut blessé d'un coup de feu et mon valet de chambre, qui m'avait apporté un peu de pain et de vin eut le pied emporté par un obus; il fut amputé et était guérit, mais ayant voulu rentrer en France, il fut pris par des cosaques et je n'ai pu savoir ce qu'il était devenu. Le soir, je fus relevé par le corps du Duc de Raguse, je vins rejoindre les corps de la Garde biv. Dans l'endroit avait occupé pendant la bataille.

Le 28 août, le régiment traversa le Gros Garden et vint camper à Zchawitz sur la route de Pirna. Je commençai de souffrir beaucoup de mes blessures qui n'avaient été pansées qu'avec de l'eau et du sel, sans qu'il eut été mis une seule bande ni appareil. J'entrai dans une maison de faubourg de Dresde avec mon chirurgien pour me faire panser; la maîtresse de maison fut si frappée lorsqu'elle vit l'état où j'étais qu'elle se trouva mal. En effet il est inconcevable avec quel bonheur j'avais été blessé : deux coups de mitrailles m'avaient atteint au moment où j'arrivais sur la batterie, un tiré de la droite et l'autre tiré de la gauche, plus de trente balles de mitraille avaient porté dans mon habit et ma chemise qui étaient déchirés en lambeaux, il ne restait à l'habit que les quatre boutons d'en bas, les cinq autres avaient été emportés, la cravate déchirée, et malgré un si grand nombre de contusions qui m'avaient tellement meurtri la poitrine qu'elle en était toute noire, malgré deux coups de droite et deux de gauche qui avaient frappé sur la clavicule et déchiré la peau et les chairs de l'un des côtés à l'autre, je n'eus ni fièvre ni suppuration. Après avoir été pansé, je rejoignis mon régiment le même jour et je continuai de commander la brigade. J'avais beaucoup de difficulté à me servir de mon bras gauche parce qu'un tendon était endommagé.

Je visitais le château de Zschawitz, qui appartient à un prince russe : la forme extérieure et les ornements de l'intérieur sont d'un genre particulier, comme je n'en ai jamais vu et cependant fort commodes et fort beaux.

Le 29, nous restames au camp.

Le 30, nous fumes passés en revue par l'Empereur dans une plaine en sortant de Dresde par la route de Berlin. J'étais encore dans le même état qu'après la bataille, mon habit déchiré et couvert de sang, ce qui frappa l'Empereur qui me dit avec bonté : "vous êtes bien blessé colonel ?" et examina avec attention l'espèce de phénomène que présentait des coups aussi extraordinaires et aussi singuliers. Il me nomma sur le champ chevalier de l'ordre de la Couronne de fer et me donna le titre de baron avec une dotation que je n'ai jamais reçue ni réclamée, il m'accorda d'autres faveurs pour le régiment.


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