Jeanne de Bourgogne
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Il y a 700 ans, Jeanne de Bourgogne aurait pu donner la Franche-Comté à la France en épousant Philippe le Long, le second fils de Philippe le Bel. |
texte de Georges Bidalot (extrait du numéro 7 de l' almanach Comtois)
En ce mois de janvier 1307, lorsque fut célébré à Corbeil avec le faste que l' on devine, ce mariage, personne ne soupçonnait que Jeanne de Bourgogne, héritière de la future Franche-Comté, deviendrait reine de France. Sa mère Mahaut d' Artois l' aurait tant voulu. Son père Otton IV sans doute aussi, mais grièvement blessé au service du roi de France dans la campagne de Flandres, il fut rapatrié sur Melun, où il mourut le 17 mars 1303. Le Comte de Bourgogne Otton IV, s' était depuis longtemps rapproché de la France. Il s' était lié d' amitié avec le duc de Bourgogne Robert II avec lequel il disputait des tournois et grâce auquel il est introduit à la cour de France. Il se met à gérer son comté à la française. Il crée un bailliage, abandonne le blason trop germanique des comtes de Bourgogne de gueules à l' aigle éployé d' argent pour le lion d' or plus français armé et lampassé de gueules sur champ d' azur parsemé de billettes d' or (celui que l' on connaît encore aujourd' hui), enfin il adopte le calendrier français, en faisant commencer l' année à la fête de Pâques, au lieu du 25 décembre remis à l' honneur par l' empereur Frédéric Barberousse. Il suit le roi de France Philippe le Hardi en Aragon, puis en 1282 en Italie et se lie avec son compagnon d' armes, Robert II d' Artois, qui, après le veuvage d' Otton en 1283, lui offre sa fille Mahaut. Il l' épouse en 1285. Elle n' a qu' une quinzaine d' années, lui la quarantaine. La date de la naissance de Jeanne, leur premier enfant, n' est pas connue. Elle est antérieure à 1291, puisque le traité d' Evreux du 9 juin 1291 conclu avec Philippe IV le Bel, stipule que si Otton et Mahaut n' ont pas de fils, Jeanne épousera le fils aîné du roi (le futur Louis X le Hutin), sinon un autre fils. Le traité de Vincennes de 1295 confirme le traité d' Evreux, mais donne le comté de Bourgogne au fils du roi de France, quels que soient les enfants qui naîtront ensuite. Or, en 1296 naît Blanche et vers 1299 un fils Robert, qui ne vivra que 17 ans. C' est la raison pour laquelle, bien que Robert ne puisse hériter du comté de Bourgogne, Jeanne n' épouse pas le fils aîné Louis marié depuis 1305 à Marguerite de Bourgogne, fille du duc de Bourgogne Robert II cité plus haut, mais le 2eme fils de Philippe, au début de 1307 et sa soeur Blanche, le 3eme fils de Charles le Bel, à la fin de la même année.
C' est Philippe le Bel, qui, au nom des futurs époux, gère la Franche-Comté. Si bien que ce n' est qu' après la mort de son père, que Philippe, accompagnée de Jeanne, vient pour la première fois dans cette province en avril 1315, où il est reçu avec faste ; une partie de la noblesse comtoise s' est même rendue à la frontière vers Auxonne pour accueillir le couple et l' escorter jusqu' à Dole. Louis le Hutin, hypocritement, a répudié sa femme volage qui meurt en prison (lui aussi est volage puisqu' il a une fille illégitime, Eudeline, née en 1305). Il se remarie et meurt en 1316 et, après la mort d' un fils posthume (Jean 1er), qui n' a vécu que 4 jours, ne laisse qu' une fille légitime, Jeanne née en 1312, mais est-elle bien de lui ? Philippe le Long le fait renoncer au trône et devient roi sous le nom de Philippe V, mais il meurt à 28 ans en janvier 1322, et les deux fils que Jeanne lui a donné sont morts. Sinon, l' un d' eux serait devenu roi de France, et ainsi, la Franche-Comté aurait pu devenir française, bien que théoriquement encore terre du Saint Empire. La France revient au frère de Philippe le Long, Charles IV le Bel. Retournant successivement au duc de Bourgogne, au Saint Empire romain germanique, puis à l' Espagne, la Franche-Comté ne devient française que trois siècles et demi plus tard. |