Nozeroy et ses environs, par Gilbert Cousin |
Gilbert Cousin, dans sa "Description de la Franche Comté", nous décrit Nozeroy au XVIe siècle. Puis en suivant le cours de l'Ain et de la Saine qui s'y jette, arrive jusqu'à Foncine, avant de continuer sa route vers Saint-Claude et après avoir traversé le Grandvaux. |
Là, les malades frappés dans les villes voisines d’affections contractées dans une atmosphère corrompue, viennent chercher, comme dans l’asile de la salubrité, cette température douce et agréable qu’ils ne trouveraient pas ailleurs ... Là pousse un excellent blé, le seigle, l’orge, l’avoine, la fève, le pois, la lentille, la vesce, et autres légumes. Au midi ... on trouve plusieurs grottes sinueuses, et c’est de l’une d’elles que s’échappe l’Ain de la manière suivante : Quand on descend dans cette grotte, on arrive à l’entrée d’un profond précipice, au fond duquel émerge l’eau par une cavité d’une profondeur inappréciable, et large ,peut-être, d’une dizaine de pas. Cet antre est surplombé par des rochers à pic qui glacent d’épouvante ceux qui contemplent cette oeuvre grandiose. De ce gouffre immense, l’eau s’échappe en telle abondance que, chose incroyable, la rivière pourrait tenir un vaisseau, n’étaient les rochers et les pierres au milieu desquels elle roule. J’affirme que de ce gouffre s’échappe plus d’eau que n’en verse le Lech dans le Danube ou l’Aar dans le Rhin. Chez nous on nomme cette rivière la Rivière d’Ain. L’Ain reçoit plusieurs autres courants dont trois appartiennent à notre pays : La Chaux des Crotenay, place célèbre, bâtie sur une montagne extrêmement élevée, et fortifiée tout à la fois par la nature et par les hommes. A ses côtés existe un hameau du même nom. Cette place nous a donné, issu de la grande famille des Poupet, le digne et vénérable Guillaume de Poupet, abbé de Baume, de Gouaille, et de Balerne dont la piété, la vertu et la clémence sont connues en tous pays. Et son frère Jean, chevalier illustre et commandeur de l’ordre d’Alcantera, chambellan de notre bon et doux prince, l’empereur Charles-Quint auprès duquel il fut tout puissant. Près de la Chaux des Crotenay est Foncine, très grand village, semé de maisons de campagne, ainsi nommé parce que la rivière la Senne y prend sa source, mettant en mouvement, tout le long du village, vingt-sept roues, soit pour des meules soit pour des scies. Là se fabriquent des vases en bois propres aux usages domestiques. Après vient le Grandvaux, semé de tant de villages qu’il y en a presque à chaque pas, et l’on voit trois lacs poissonneux dont l’un a emprunté son nom au pays lui-même; le second (et le village qui l’avoisine) a été appelé le Lac des Rouges Truites, à cause de sa grande quantité de poissons qu’il nourrit; le troisième enfin a été baptisé du nom de l’Abbaye, qui est la métropole du Grandvaux. Tout proche on aperçoit un bourg appelé le Voisinal. Un peu au dessus de la Chaux des Crotenay se trouve le couvent des chartreux, que nous appelons Bonlieu et dont l’église paroissiale a pour curé notre Etienne Tornond. De Grandvaux on arrive après un trajet de trois heures, à Saint-Claude ... où les habitants font un négoce qui n’est pas de peu d’importance, avec le buis et d’autres racines, on y fabrique des cuillères, des flûtes, des trompettes, des chapelets, des trompes et d’autres objets qui s’exportent dans le monde entier .... Heureux pays ! conclue notre Cousin C’était il y a 500 ans |