Gilbert Cousin |
voir également : Comment sommes nous cousins de Gilbert Cousin ? et : Nozeroy et ses environs, par Gilbert Cousin Nozeroy a célébré en 2007, le 500e anniversaire de la naissance de Gilbert COUSIN. Les journaux locaux ont longuement relaté les fètes, conférences et expositions organisées fin juin à cette occasion. Ceux qui se sont trouvés des ancêtres dans le secteur de Mouthe ou Nozeroy, ont sans doute découvert que cet homme célèbre était un peu leur lointain cousin, et ils seront heureux de lire ou de relire l'article, paru dans le Progrès de Lyon en 2005. Il est vrai que nous sommes aussi cousins de louis Pasteur, comme l'a montré Martine Bellague dans son superbe livre, et aussi de bien d'autres, tels Dominique de Villepin et, pour les Guyon parait-il ... d'Hillary Clinton. |
extraits du "Progrès"
Gilbert Cousin, en latin Cognatus, est connu d'un assez grand nombre de franc-comtois, notamment des habitants du Val de Mièges, son pays natal. Il a d'abord vécu dans l'ombre d'un des plus grand homme de son temps, l'humaniste Erasme. Puis retiré à Nozeroy, il a produit une oeuvre littéraire remarquable parmi laquelle se trouve un certain nombre de fables inspirées par les auteurs antiques. Or, cette ambiance se retrouve chez Jean de La Fontaine et celui-ci, par sa mère, est un parent éloigné de Cousin. Il est le personnage emblématique de Nozeroy. Pourtant, le prestige qui a été, un temps attaché à sa personne, reste maintenant prudemment contenu dans le val de la Serpentine. Gilbert Cousin est né, il est vrai, il y a bien longtemps, le 21 janvier 1506. Son grand-père Guillaume "Cognatus" était chambellan de Hugues de Chalon et de "Madame Loyse" la bienheureuse Louise de Savoie. Il a eut deux fils. Le plus âgé, Claude, marié à Jeanne Daguet, a eut dix enfants, dont l'ainé était précisément Gilbert. Ce dernier a d'abord été "choriaux" dans les choeurs fondés par les Chalon. Ce qui lui permit de recevoir l'instruction distillée par les chanoines de Saint-Antoine. Puis il est parti étudier le droit, la médecine, la théologie et en même temps la rhétorique et la composition des vers, à l'université de Dole. En 1530, il a 24 ans lorsque son cousin, Louis de Vers, abbé de Mont Sainte Marie, le recommande au grand humaniste de Rotterdam, Didier "Geert Geert" plus connu sous le nom d'Erasme. Cette rencontre va définitivement faire basculer son destin. Il sera d'abord un des "famulus" secrétaire parmi d'autres, aux services du grand humaniste. Rapidement, il va en devenir l'ami, puis le confident. En 1553, Erasme, écrivant à Louis de Vers, dira "Je suis si satisfait de ses services qu'il a désormais le droit de partager mes biens modiques ...". Mais deux ans plus tard, Guillaume de Nassau, Prince d'Orange et par conséquent seigneur de Nozeroy, sollicite Cousin. L'appel du pays est le plus fort. Il est ordonné prêtre et entre au chapitre de Nozeroy en qualité de chanoine. Erasme fera plusieurs tentatives, associés a de belles promesses, pour le faire revenir auprès de lui. On dit qu'il décida même de s'installer à Besançon pour se rapprocher de son disciple favori mais la mort le surpris à Bâle, en 1536. Il succomba à la goutte. Douillettement installé dans sa maison, sur la place qui portera plus tard le nom des Annonciades, Cousin aurait pu couler des jours paisibles. Mais les hommes d'église étaient confrontés dans ces époques troublées, au schisme réformiste. L'est de la Comté était quasiment sur le front, en contact direct en tous cas, avec les luthériens suisses. Erasme, personnage extraordinaire, peut dans certains rôles être comparé à Voltaire, même si l'époque n'autorise que des débats internes à l'église. Il n'était pas homme en tout cas, à en constater les dysfonctionnements sans en souligner les conséquences. Les raisonnements de son disciple, Gilbert Cousin, relèvent de la même logique. Il s'élève avec beaucoup de virulence contre les abus existant dans l'église. Dans ce contexte, on l'accuse évidemment d'hérésie. Et il est vrai que les deux parties n'ont pas ménagé leurs efforts pour s'attacher un homme de cette importance. Cousin est incarcéré à Dole puis transféré à Besançon. Un inquisiteur s'attache à ses faits et gestes. Finalement, sans qu'il ne soit jamais formellement inculpé, Gilbert Cousin meurt dans les prisons de l"Archevêché, après cinq ans de captivité. Il avait 66 ans. Gilbert Cousin a laissé quelques écrits de grande qualité. Le plus connu est "Brevis Burgundiae comitatus descriptio" publié à Bâle en 1552. Mais cette "description du Comté de Bourgogne" première géographie illustrée de la Franche Comté, n'est pas le seul domaine dans lequel le "nozeréen" exerça son talent. Le seizième siècle est marqué en littérature par de nombreuses références aux fabulistes anciens. Cousin, parmi d'autres, traita ce genre avec talent, s'inspirant parfois directement des latins Phèdre ou Pline, et des grecs Aristote, Théocrite et surtout Esope. Il ne s'en cache évidemment pas puisque le nom de ce dernier figure même dans le titre de certaines de ses fables. Il le clame même "je chante les héros dont Esope est le père ...". On peut dire qu'il fut l'un des vulgarisateurs des auteurs anciens. Le recueil de ses fables, "Sylva Narrationum" est paru en première édition à Lyon, en 1548. Les fabliaux n'en constituent que la seconde partie. Il a à son compte 50 fables en latin. Un exemplaire des ces fables est conservé à la bibliothèque municipale de Besançon. Qui pense fable, songe évidemment à La Fontaine. Celui-ci est né à Chateau-Thierry en 1621. Lui aussi se réclame d'une inspiration antique. Seulement, il possède par sa mère quelques liens familiaux avec le Jura et surtout avec Gilbert Cousin. Elle s'appelait Françoise Pidoux, née à Orgelet mais sa famille était originaire de Nozeroy. Son neveux, Antoine Pidoux, et par conséquent le cousin germain de Jean de la Fontaine, s'était uni avec Barbe Cousin, petite nièce du vieil humaniste. Elle en était aussi une des rares héritières. Il est indéniable que La Fontaine a connu les oeuvres de Cousin. L'abbé Guillaume, en 1822, trouvait dans 47 fables de celui-ci, une inspiration directement issue du Comtois. Mais La Fontaine utilisa abondamment les auteurs anciens à travers surtout le "Nevelet" recueil très en vogue à l'époque, qui contient Esope en grec avec sa traduction en latin. Une seule fable en fait est directement issue de Cousin. Il s'agit du "Tribut envoyé par les animaux à Alexandre". D'autres comme "Le chat et le renard", "Le renard, les mouches et le hérisson" ou encore "Le rat et l'huître" existent en "version Cousin". Mais elles se retrouvent aussi chez d'autres auteurs. "De bove et camelo" (le boeuf et le cheval) de Cousin a précédé "Le cheval et l'âne" de La Fontaine. Mais il en existe aussi une version chez Esope, et c'est lui le plus ancien ... |
Tribut envoyé par les Animaux à Alexandre |
|