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Le dernier sanglier tué à l'épieu dans le Haut-Jura



C’est en février 1943 que dans le Haut-Jura, fut pour la dernière fois, chassé le sanglier à l’épieu.

Un acte de braconnage bien compréhensible à l’époque des restrictions où la viande était rare. Et c’est un héros de la Résistance – par la suite arrêté pour son action clandestine et déporté à Dachau – qui raconte cette histoire en 1989 à un journaliste de la "Voix Jurassienne". Voici ce récit :


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Monsieur Bernard Bouveret, président de la société de chasse depuis 1955, avait alors 19 ans. Il habitait avec ses parents hôteliers – boulangers au pied du Mont Noir à Chapelle des Bois.
En février 1943, revenant de Suisse où il avait convoyé des messages et des résistants recherchés par la Gestapo, il avait vu dans la neige les traces de pieds de trois beaux sangliers, au lieu-dit "la Combe des Cives".

Il signale le fait à deux amis : Paul Bouveret (un homonyme mais non parent) et Paul Blondeau. Tous trois partirent, Bernard armé d’un épieu – une barre de fer aiguisée à son extrémité – et les deux autres de haches.

Mais ils étaient trop peu nombreux. Le lendemain, ils se remirent en route avec un renfort d’une douzaine de personnes. Après une première vaine tentative d’encerclement d’un sapin à branches basses d’où le sanglier réussit à sortir, ils rejoignirent l’animal sous un autre arbre.

Deux hommes armés d’un épieu, Gilbert Courvoisier et Bernard s’engagèrent sous les branches, le reste de la troupe entourant l’arbre.
Gilbert piqua l’animal qui, furieux, saisit l’épieu dans sa gueule et parvint à le tordre, puis il fonça sur Bernard qui l’embrocha au cou. Mais le sanglier continuait à foncer, repoussant Bernard qui hurla "Coupez-lui la tête !!".

Un coup de hache brisa les reins de la bête. Tout son sang perdu, le sanglier pesait encore 110 kilos.

Deux jours après, la chasse reprit. Un sanglier glissa en tentant de grimper sur un rocher. Paul Blondeau, qui arrivait à ce moment précis, fut bousculé et renversé par la bête qui, d’un coup de gueule, lui arracha un morceau de chair à la cuisse.
Bernard arriva, embrocha l’animal au cou. Un coup de hache l’acheva.

Le premier sanglier fut partagé entre les habitants de la commune. Une bonne part du second constitua le plat de résistance d’un repas commun, le reste ayant été réservé à ceux qui prirent part à sa capture.
Mais Paul Blondeau blessé par l’animal et recherché par les allemands comme résistant, refusa d’être hospitalisé. Le tétanos devait l’emporter.


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