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Les Sires de La Chaux de 1200 à la révolution

extrait de "l'historique de la Chaux des Crotenay" du docteur René Chambelland

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Tiré de l'"historique de la baronnie de la Chaux des Crotenay" du docteur René Chambelland (1937)


église de Chaux des Crotenay

Depuis longtemps la paroisse de Sirod, qui va de Champagnole aux Foncines appartient aux sires de SALINS. C'est Nicolette de Salins qui va, par son mariage avec Simon de Broye de COMMERCY, apporter la Chaux des Crotenay aux COMMERCY. Elle est fille de Hubert IV de Salins et petite fille de Hubert III de Salins qui est mort à Lausanne en revenant de la Croisade de 1147.

1) Simon de Commercy seigneur de Mont-Rivel et de Château-Vilain, est donc le premier sire de la Chaux. Il fait bâtir le Château Vilain (ainsi baptisé en souvenir d'un fief important de ce nom appartenant à sa famille). A sa mort vers 1200, il laisse ses 3 baronnies à son fils Hugues.

2) Hugues de Commercy, aîné de cinq enfants, hérite des 3 baronnies de son père. Sur injonction de Jean de Chalon, il s'engage à ne pas construire d'autre forteresse pour ne pas gêner le château de l'Aigle. Aucun autre renseignement sur lui.

3) Gaucher de Commercy fils unique, marié à Laurence de Senecey; il se remarie à Agnès de Fouvent qui, veuve, concède, pour les défricher, des territoires incultes des Escrotenoys et d'Entre deux monts (abergements) à de nouveaux fermiers.
ll a quatre garçons et deux filles parmi lesquels:
Simon dont une fille, Laure sera la troisième épouse de Jean de Chalon l'Antique (1190- 1267), à qui elle donnera 4 enfants qui s'ajouteront aux 13 que ses deux premières épouses lui ont déjà donnés.
Henry qui reçoit Montrivel et qui, sans enfants, léguera ses terres de Champagnole à son frère Simon et

4) Gaucher II de COMMERCY qui épouse Marguerite de Bellevesvre et reçoit Chateau-Vilain, Foncine et la Chaux. Il a un fils (Gaucher III) et trois filles.

5) Gaucher III de Commercy Succède à son père en 1293. En septembre 1295, il affranchit de la mainmorte les habitants de Chaux des Crotenay et d'Entre deux Monts. Il laisse des dettes considérables que sa veuve, Isabelle de Montaigu, éteint en vendant Champagnole. Il n'a que des filles, l'une, Marguerite épouse Jacques du Quart à qui elle apporte les baronnies de Château Vilain et de Foncine. Ces baronnies passeront à son fils Jacquemet, puis au fils de ce dernier, Henri. Celui-ci, marié à Pentesiles de Saluces, n'a qu'une fille Anne du Quart (voir ci-dessous numéro 9) et

6) une autre (prénom inconnu) qui épouse un D'ARBON originaire du Dauphiné (prénom également inconnu )

7) Jean, ou Jacques d'ARBON fils de ce couple marié à Marguerite de Coligny a deux fils dont

8) Etienne d'ARBON marié à Guillemette de BEAUFORT, veuve de Gilet d'Eternoz.

9) Jacques II d'ARBON fils d'Etienne, épouse Anne du Quart (ci-dessus), ce qui a pour effet de réunir les baronnies de la Chaux et Château-Vilain et Foncine sous la même autorité.Il meurt en 1404 laissant cinq enfants. Son fils Jacques III d'Arbon devient seigneur de Château-Vilain et de la Chaux.

10) Jacques III d'ARBON mort en 1419 laisse ses terres à des neveux fils de sa soeur Catherine d'Arbon, épouse de Jean de GRANDVILLIER.

11) X GRANDVILLER , l'un de ces neveux (prénom inconnu) prend pour femme Gérarde de FALLETANS. Celle-ci , devenue veuve, épouse en secondes noces Jean II de POUPET originaire de Salins.

Chaux des Crotenay, sur la route de l'ancien château

12) Jean II de POUPET, fils de Jean de POUPET et de Nicolette Saiget de Salins, petit-fils de Pierre POUPET dit de Salins, épouse, vers 1425, Gérarde de Falletans, veuve d'un sire de GRANDVILLER. Elle est héritière de la baronnie de la Chaux. Vers 1430 Jean II de POUPET s'installe au château de la Chaux; il y meurt avant 1440. Son fils Guillaume lui succède.

 

13) Guillaume De POUPET gouverneur de la saulnerie de Salins, maître d'hôtel de Charles le Téméraire, marié à Louise de Clermont morte en 1480, a reçu la duchesse d'York qui deviendra la troisième femme de Charles le Téméraire.

14) Charles de POUPET dit de CLERMONT, seigneur de la Chaux, By, Charette, Chatelvilain, Malan et Crevecoeur. Marié en 1498 à une fille de Thomas de Plaine, chancelier de Philippe le bon, il a deux filles; l'une épouse Philibert de la Baume, chambellan du roy de France, sénéchal du Lyonnais et grand écuyer de Savoye. Il épouse en secondes noces Philiberte de la Baume, fille du second lit de Philibert, son propre gendre, ce qui complique passablement la parenté de ces deux hommes, à la fois gendre et beau-père l'un de l'autre.

15) Jean III de POUPET issu de la seconde femme de Charles reçoit les faveurs de Charles Quint qu'il suit à Yuste. Il meurt en 1504. Marié à Anne de Montmartin (1524-1553), célébrée de son temps, par les poètes. Il n'a qu'une fille Anne.

16) Anne de POUPET mariée à Jean de Beauffremont, seigneur de Clairvaux. Morte en 1564, elle laisse la baronnie de la Chaux à son oncle Guillaume de Poupet.

17) Guillaume de POUPET abbé de Baume les Messieurs, de Balerne et de Goailles , à Salins, prieur de Saint-Désiré à Lons, mort à Baume le 18 août 1583. Institue comme héritier son cousin Louis de la Baume chevalier de l'Annonciade.

18) Louis de la BAUME Comte de Saint-Amour, seigneur de la Chaux épouse le 15.6.1574 Catherine de BRUGES (cf Desmarais). Il a 6 enfants dont Antoine Philibert marié en 1599 à Hélène Perrenot-Grandvelle et Antoine, marié à Jeanne Richardot, qui hérite de la Chaux.

église de la Chaux

19) Antoine de la BAUME cinquième enfant de Louis, marié en 1602 à Jeanne de Richardot fille de Jean de Richardot président du conseil privé des Pays-Bas, n'a qu'une fille.

20) Catherine de la BAUME dite aussi Catherine de Bruges. Mariée en juillet 1622 à Albert Eugène, marquis de LULLIN gouverneur du Chablais, elle vient résider au château de la Chaux et amène avec elle la famille d'Avonnay près Tournon en Savoye. Cette famille s'est fixée au hameau des Combes où elle avait sa chapelle et son chapelain. Le patronyme se retrouve plusieurs fois dans les registres paroissiaux de la paroisse. Décédée sans postérité, Catherine laisse la baronnie de la Chaux à son cousin Nicolas. Elle est inhumée devant l'autel de l'église de la Chaux des Crotenay.

21) Nicolas de la BAUME comte de Saint-Amour, gouverneur de Dole, fils d' Emmanuel Philibert de la Baume et de Hélène Perrenot de Grandvelle, petit fils de Louis de la Baume et de Catherine de Bruges.

22) Charles François de la BAUME fils de Nicolas, est l'un des plus riches seigneurs de l'époque. Il meurt presque ruiné et laisse la baronnie de la Chaux à son fils Jacques Philippe.

23) Jacques ¨Philippe de la BAUME qui meurt sans héritiers directs. Ses biens sont mis en vente en 1720 et achetés par Jean-Baptiste FREMIOT décédé le 4 août 1776.

24) Jean-Baptiste FREMIOT est inhumé à la Chaux des Crotenay. On lit sur une dalle proche de sa tombe : "qu'il soit mémoire à jamais par nous habitants de ce lieu, du très bon J.B. FREMIOT seigneur de la Chaux qui a présidé sur nous en bon père pendant 36 ans et décéda le 4 août-1776".

25) Jean-Baptiste GUERILLOT achète la seigneurie de la Chaux au frère de Jean-Baptiste Frémiot le 13 février 1778. Il la gardera jusqu'à la Révolution.

 

René Chambellan donne des renseignements intéressants sur la famille de POUPET que voici:.

Texte tiré de " l’Historique de la Baronnie de La Chaux des Crotenay " du Docteur René Chambelland (1937)

château de l'Aigle (montage Roland Lecorf)

La famille de Poupet était originaire de Salins. Le premier connu en fut Pierre, dit de Poligny, bourgeois de Salins, qui fut inhumé en l’église Notre-Dame en 1345. De ses deux fils, l’un, Guy, épousa Nicolette de By ; l’autre, Jean de Poupet, devint huissier d’armes du duc Jean de bourgogne, prit le titre d’écuyer, hérita de la terre de By, de son frère et en 1393, se maria avec Nicolette Saiget de Salins.

Il eut pour fils Jean de Poupet II, qui, vers l’an 1425, épousa Gérarde de Failletans, veuve d’un sire de Grandvillers et héritière des droits de la famille d’Arbon sur la baronnie de La Chaux. Jean de Poupet prit ainsi possession des terres de La Chaux des Crotenay et s’installa au château dans les environs de l’année 1430. Il mourut avant 1440.

Jean de Poupet II eut deux fils : l’un, Jean, chanoine, prévôt du chapitre de Saint-Anatoile de Salin, devint évêque de Chalon sur Saône en 1460 ; l’autre, Guillaume de Poupet, seigneur de La Chaux, fut d’abord trésorier de la Saulnerie de Salins ; son bon sens et ses qualités d’administrateur le firent distinguer par Philippe le Bon, duc de Bourgogne, qui le nomma son conseiller en 1447, puis receveur de ses finances. En 1461, il était gouverneur de la Saulnerie à Salins, puis maître d’hôtel de Madame de Charollais ; enfin il reçut le titre de maître d’hôtel du duc Charles le téméraire au nom duquel il reçut Marguerite d’York, qui arrivait d’Angleterre pour devenir la troisième femme de ce prince.

le Hérisson, novembre 2005

Il épouse Louise de Clermont, dernier enfant de la branche comtoise de la maison de Clermont, du Dauphiné. Il en eut Jean, entré dans les ordres et nommé, en 1504, évêque de Chalon sur Saône, et Charles de Poupet, qui lui succéda dans le titre de seigneur de La Chaux.

Guillaume de Poupet mourut vers 1480 ; ses armes : d’or au chevron de sable, accompagné de trois perroquets de sinople, becquées et membrées de gueules.

Au temps ou Guillaume de Poupet était sire de La Chaux, la Bourgogne avait pour ducs Philippe le Bon, puis Charles le téméraire, et Louis XI était roi de France. Ces princes visitèrent tous le Haut-Jura. Louis de Châlon-Arlay reçut plusieurs fois dans son luxueux château de Nozeroy, le duc Philippe le Bon, notamment en avril 1422 et en juin 1442, lorsque, accompagné de la duchesse, le duc Philippe se rendit de Nozeroy en pèlerinage au tombeau de Saint-Claude ; les princes suivirent sans doute La Vieille Vie du Grandvaux, par Les Planches et le Lac des Rouges Truites ; on ignore s’ils s’arrêtèrent au château de La Chaux, dont le seigneur fut receveur des finances du duc.

En septembre 1456, Louis XI, alors Dauphin de France, séjourna à Nozeroy avec quelques archers et une cinquantaine d’hommes d’armes. Il y revint sur la fin de son règne.

Quant à Charles le Téméraire, sa présence en Comté et dans le Jura fut peut goûtée. Duc de Bourgogne dès 1467, il fit son entrée solennelle en 1474 à Dijon, puis à Dole. Dès le début, il se révéla comme un maître exigeant ; pour la réalisation de ses vastes desseins de conquête, il avait besoin d’argent, de beaucoup d’argent ; et les taxes de tomber sur le bon peuple comtois qui, jusque là, s’enorgueillissait de sa " franchise ". Charles le Téméraire institua même la gabelle, qu’il dut d’ailleurs abolir sous la pression des barons comtois.

Puis ce fut la guerre contre les Suisses. En janvier 1476, Charles le Téméraire réunit son armée dans le Jura, au château de La Rivière, près de Pontarlier, et tint le passage de Jougne. Le 6 février, malgré la neige, il se mettait en route ; le 8 avril il quittait Jougne et débouchait sur Orbe.

Ensuite ce fut l’échec de Granson et la panique qui chassa l’armée jusqu’à Jougne. Charles voulut venger ce revers, et se retira au château de Nozeroy. Pour reformer ses troupes, il demanda aux Comtois un homme sur six et un denier sur six ; on dit même qu’il fit fondre les cloches d’église pour en faire des armes.

En juin 1456, il repassa la montagne pour assister, à Morat, à la totale défaite de son armée. Ce fut un désastre. D’une chevauchée, le duc s’enfuit à Morges, puis à Gex, et se retira à Salins. D’aucuns disent qu’il passa une nuit au château de la Chaux.

ancienne porte à péage de Château-Vilain

Au pays, il demanda ses dernières ressources ; mais il ne restait plus à donner ni un homme, ni un écu. Les Comtois lui menant la vie dure, il dévasta le pays. Les châteaux forts devinrent les derniers centres de résistance. Arbois, Salins, Poligny, furent forcés et rançonnés, et des villages comme Mirebel, totalement rasés. La terre abbatiale de Saint-Claude elle-même fut saccagée. Les villages du Grandvaux furent mis au pillage, Champagnole fut incendié : 1479, et la ville de Saint-Claude n’échappa au même sort que par le payement d’une forte rançon. Meurtres, rapines, incendies sont les mots qui reviennent à chaque ligne sous la plume des chroniqueurs du temps. Le nom d’Amboise fut voué à l’exécration des Comtois.

Par ordre de Louis XI, la plupart des châteaux forts furent démantelés; des tours éventrées et les murailles sapées et abattues dans les fossés. Tel fut le sort de Château-Vilain, qui ne fut relevé que plus tard par la famille de Watteville. Le château de La Chaux échappa au désastre.

Sur la fin de son règne, en 1482, Louis XI, malade et apeuré, vint prier devant les reliques de Saint-Claude et leur demander guérison. Accompagné de six mille hommes, il traversa un pays ruiné où la malédiction des habitants poursuivait les Français.

Son successeur, Charles VIII, fut pour les Comtois un maître plus humain, mais sa domination sur la Comté fut de courte durée : fiancé à Marguerite de Bourgogne, fille de l’Empereur Maximilien Ier, et héritière de Bourgogne, il ne devait tenir définitivement le duché que par son mariage. Par politique, il dédaigna Marguerite pour épouser Anne de Bretagne. L’Empereur Maximilien, déçu, occupa par les armes Bourgogne et Comté. Le traité de Senlis lui en reconnut la possession. A nouveau la Comté rentrait dans l’orbe impériale.

L’Empereur Maximilien et, après lui, son fils, Philippe le Beau, surent amadouer les barons comtois, et attacher à leur cour les plus importants d’entre eux.

A la Chaux des Crotenay, Charles de Poupet avait succédé à son père Guillaume. Son titre était : Charles de Poupet, dit de Clermont, chevalier, seigneur de La Chaux, By, Charrette, Châtelvilain, Malan et Crèvecoeur. Il avait en effet relevé le nom de Clermont qu’il tenait de sa mère et joint aux siennes les armes de cette maison : de gueules à deux clefs d’argent passées en sautoir sur une fleur de lys d’or au chef.

De même il avait établi un blason pour la seigneurie de La Chaux : de gueules à une tour d’argent sommée de trois merlettes de même.

Château Vilain

Grâce au crédit de son père, grâce aussi à ses aptitudes, il se hissa rapidement aux honneurs. Très jeune, il fut chevalier du Parlement de Dole, chambellan et premier sommelier à la Cour de France du roi Charles VIII qu’il accompagna à Naples. L’Empereur Philippe Ier et Charles Quint lui conservèrent les mêmes titres et l’avaient en haute estime. Un écrivain du temps, Saint Julien de Balerne, donna l’explication des faveurs dont jouissait à la cour d'Allemagne la maison de Poupet. Revenant de Genève en Bourgogne, une princesse allemande (on dit même l’impératrice, femme de Frédéric III, dit Barberousse) fut prise en route des douleurs de l’enfantement, à quelque distance du château de La Chaux. Un sire de La Chaux – vraisemblablement Guillaume de Poupet – l’accueillit et l’hébergea. Elle fit ses couches au château et y demeura plusieurs mois. En reconnaissance des bons soins qu’elle avait reçus, elle fit entrer le sire de La Chaux à sa cour où " il acquit tant d’honneur et crédit que depuis luy et successivement un sien fils furent en grands estats chez l’empereur Maximilien ".

Charles de Poupet avait reçu en son château l’Empereur Maximilien. En 1503, l’archiduc Philippe le Beau, fils de l’Empereur, revenait d’Espagne avec sa femme, où ils s’étaient fait reconnaître héritiers du royaume de Castille. Parcourant la Comté, en signe de prise de possession, il s’arrêta au mois de juin, à la Chaux des Crotenay, chez son féal Charles de Poupet, qu’il avait en haute estime. Le couple princier y séjourna quelques temps avant de se rendre au château de Vers en Montagne, où il fut traité par Philiberte de Luxembourg, dame de la maison de Chalon.

Charles de Poupet fut mêlé intimement à certains évènements de l’histoire d’Espagne. Pendant la minorité de Charles Quint, dès 1516, il fit partie du Conseil de la Régence institué sous la direction du Cardinal de Ximénès, en exécution du testament du roi de Castille, Ferdinand le Catholique. Charles Quint l’envoya, plus tard, comme ambassadeur auprès du Saint-Siège. Charles de Poupet, à Rome, mit toute son influence à faire élire Adrien Florent, créature de l’Empereur.

Ensuite le sire de La Chaux fut nommé précepteur de l’archiduc Ferdinand. Ce fut à sa diplomatie que l’Empereur fit appel pour conclure le mariage de l’archiduc avec l’infante Isabelle de Portugal. Il était tenu en telle estime que ce fut lui qui, le 1er novembre 1525, épousa la princesse au nom de Ferdinand et sur l’ordre spécial de l’Empereur. Enfin, nous retrouvons Charles de Poupet, en 1529, délégué impérial pour signer la ratification du traité de Cambrai.

En Comté, le sire de Poupet fut Grand Bailly d’Aval, de 1512 à 1516, fonction analogue à celle de Gouverneur de la Comté, dont le siège était à Poligny.

Château Vilain

Sur la fin de sa vie, en 1524, comblé d’honneurs, mais accablé d’infirmités, Charles de Poupet se retira en son château de La Chaux, qu’il avait richement transformé. Il aimait et cultivait les lettres, et avait constitué une bibliothèque considérable où furent élaborés les " Mémoires d’Olivier de la Marche " et la " Chronique anonyme des Flandres ".

Charles de Poupet avait signé son testament le 15 mai 1529. Il mourut à La Chaux en 1530, et fut inhumé dans l’église de la Collégiale de Poligny, assis sur un fauteuil, l’épée à la main (Archives historiques de Poligny).

Il s’était marié en 1498 avec la fille de Thomas de plaine, chancelier de Philippe le Bon, roi d’Espagne ; il en eut deux filles, dont l’une épousa Philibert de la Baume, chambellan du roi de France, sénéchal du Lyonnais et Grand Ecuyer de Savoie.

Charles de Poupet, veuf de sa première femme, épousa en secondes noces Philiberte de la Baume, fille de second lit de Philibert, son propre gendre, ce qui compliquait passablement la parenté des ces deux hommes, tout à la fois gendres et beaux-pères l’un de l’autre.

Parmi les enfants de sa seconde femme, Charles eut jean de Poupet III, chevalier qui hérita le titre de sire de La Chaux. Ce seigneur reçut, comme son père, les faveurs de l’Empereur Charles Quint, dès qu’il fut nommé gentilhomme. Bailly d’Aval, en 1533, il fut fait par l’Empereur chevalier de l’Ordre d’Alcantara et de l’Annonciade.

Il fut même désigné par Charles Quint pour le suivre à Yuste après son abdication. Il mourut en 1504.

Il avait épousé Anne de Montmartin, décédée à Bruxelles à l’âge de 29 ans en 1553. C’était une femme accomplie et fort instruite, célébrée en son temps par les poètes tant du Comté de Bourgogne que de la cour de Flandre. Les vers qu’elle inspira furent publiés par Gilbert Cousin, à la fin d’un recueil très rare intitulé " Epitaphia, Epigrammata et Elegia aliquot doctorum et illustrium ", imprimé à Bâle en 1558.

De ce mariage, Jean de Poupet n’eut qu’une fille, Anne, qui fut mariée à Jean de Beauffremont, seigneur de Clairvaux ; héritière de la baronnie de La Chaux, elle la laissa, à sa mort, en 1564, à son oncle Guillaume de Poupet, abbé à Baume les Messieurs, de Balerne et de Goailles, à Salins, prieur de Saint Désiré à Lons le Saunier, qui dès lors ajouta à son nom le titre de seigneur de La Chaux.

Il mourut le 18 août 1583, en l’abbaye de Baume. Avec lui disparut le nom de Poupet. Par testament, conservé aux archives du château, il avait institué comme héritier son cousin Louis de la Baume, chevalier de l’Annonciade.

La maison de Poupet s’éteignait dans celle de La Baume.

Faisant suite à une longue période de guerres, qui avaient laissé la Comté exsangue et ruinée, le XVIe siècle apporta au pays les bienfaits de la paix.

La montagne peu à peu se repeupla ; emblavages et pâtures gagnèrent sur la forêt ; les villages relevèrent les maisons détruites.

A La Chaux, sous Charles de Poupet, on construisit l’église qui s’enrichit de sculptures et de statues que nous admirons encore.

En 1532, deux artisans de Morbier, Etievant et Morel, obtinrent de l’abbé de Bonlieu l’autorisation d’établir sur la Lemme, au Morillon, une clouterie qui prospéra.

Par acte du 20 novembre 1581, Guillaume de Poupet accensa à un nommé François Maillard, de la Chaux des Crotenay le Saut de la Serre, également à Morillon, pour y installer un martinet.

A la Billaude, le moulin et la scierie, vieux de deux siècles, tournaient toujours, au gué de la Laite.

Aux Foncines il y avait, aux dires de l’écrivain Gilbert Cousin, vingt sept usines en marche : moulins, scieries, fabriques de meubles, de seaux, de cuviers se succédaient sur les bords de la Saine, une fabrique de droguet y avait installé des métiers à tisser qui, avec la laine, utilisaient le poil des chèvres, nombreuses dans le pays. Enfin, dans toutes les agglomérations, les fromageries ou fruitières se développèrent et prospérèrent, apportant un peu d’aisance dans les villages de la montagne.
A La Chaux, le château des Poupet, le plus riche de tout le Jura, dominait orgueilleusement un pays pacifié et heureux.


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