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Combe David, "Notre Dame des bois"

la Norbière, 11 juillet 2009

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En 1639 les Fonciniers, fuyant les suédois de Saxe-Weimar, se réfugièrent dans ce coin du Mont noir.

Pour perpétuer la mémoire de la protection qu'ils y trouvèrent, un certain abbé Jacquin décida en 1732, d'édifier un petit oratoire à la Combe David, pour commémorer dans la pierre un événement aussi marquant pour la mémoire collective des Fonssiniers. Durant un siècle, et pour la dernière fois en 1864, l'oratoire bénéficia de travaux de réfection et d'améliorations successives. En 1774, le maire de Foncine le Haut offre une nouvelle statue de la vierge, Notre Dame des Bois.

En février 1871, l'abbé Delacroix, curé de Chapelle des Bois, fit au nom de ses paroissiens "le voeu d'agrandir l'oratoire si la vierge préservait leur village des troupes prussiennes". Ce voeu fut exaucé. Depuis lors, deux pèlerinages viennent ici, le lundi de Pentecôtes et le 8 septembre

Les voies du Seigneur sont impénétrables. Toutefois l'abbé Léon Bourgeois, dans ses "Recherches sur Chapelle des bois", semble bien les avoir trouvées.

Après avoir longuement parlé des exploits de Télesphore Bourgeois sur la route de Combe David et du passage des troupes de Bourbaki il écrit ceci :

"Le 8 février, 140 soldats ennemis vinrent dans la matinée à Chapelle des bois, mais ne s'y arrêtèrent que deux ou trois heures. Monsieur l'abbé Delacroix et Télesphore Bourgeois avaient publié dans quelques journaux et affiché dans les localités voisines, que les autorités civiles et militaires devaient, autant que possible, s'abstenir de se rendre à Chapelle, à cause des maladies contagieuses qui y régnaient. Les allemands n'entrèrent qu'à la Cure et à l'auberge "Cat". Guidés par Joseph Jacquin, ils se rendirent dans l'après midi à la frontière suisse ...puis repartirent le soir même pour Chaux neuve".

Une autre curiosité, le Creux-Maldru, est également liée à l'histoire de la région. Cette grande caverne souterraine comporte une salle située à 15 mètres sous terre. Cette grotte a servi , durant la révolution française, de refuge aux prêtres réfractaires qui y célébraient la messe clandestinement.

Des noms gravés sur la roche

Dans la forêt du Risoux, le rocher garde encore aujourd'hui, les traces d'une histoire mêlée étroitement à la religion et à la contrebande.

En bordure du chemin partant de la Combe à l'Igue, une falaise portant des inscriptions intrigue.

Sur cette paroi de pierre tendre et bien dégagée sont traçés des noms et des dates agrémentés de dessins religieux. Des dates de plus d'un bon siècle et entourées par un encadrement de petites maisons ou de monuments funéraires portant une croix. La plus vieille datant de 1793. Aucun document connu ne parle de ce mur appelé "falaise des Trépassés". Seule une tradition populaire l'explique.

En 1793, le 3 frimaire de l'an II ou 23 novembre, la Convention décréta la fermeture de toutes les églises et on ne pouvait célébrer les messes. Lorsque quelqu'un mourrait, on l'enterrait sans cérémonie et sans prière dans les cimetières avoisinants. Un irrespect pour les morts que les gens de Bellefontaine et du haut Jura ne pouvaient accepter.

Très tourmentés par le repos des âmes de leurs défunts, les habitants contactaient en secret les prêtres du secteur cachés dans des fermes isolées proche du Risoux. Secrètement et dans la nuit profonde, la famille et les amis montaient de Bellefontaine pour assister aux messes célébrées à Roche Franche. Le prêtre disait l'oraison funèbre sur une grosse pierre situées en face de la falaise. On gravait ensuite sur le rocher une forme de pierre tombale surmontée d'une croix. On inscrivait alors les initiales, puis un nom et une date. C'était le signe chrétien qui ne pouvait figurer sur la tombe du cimetière dans lequel toutes les croix avaient été cassées.

Actuellement, des dates postérieures à la Révolution sont inscrites et il est possible que cette roche ayant acquis un caractère religieux comme celui d'un cimetière, on y soit revenu, par la suite, pour graver le nom d'un cher défunt. On trouve même une figurine coiffée d'une mitre d'évêque, seul dessin d'un homme, portant l'inscription "J. Rona". La légende évoque le passage d'un évêque partant pour la Suisse et ayant célébré la messe.

Notre Dame des Bois

Cette roche gravée n'a pas livré tous ses secrets, mais peut-être a-t-elle servi également de lieu de passage à des contrebandiers. Un itinéraire de contrebandiers passait en effet sur le flanc du Creux des Moutons, descendait par la petite Baragne, venait à passer vers la Planche-Paget et à travers le Risoux gagnait la Combe à l'Igue et Roche Blanche au bord du Péraillet.

Très tranquille et pratiquement invisible dans cette forêt touffue, la Roche Blanche était l'endroit rêvé pour la contrebande. Des porteurs venant de Suisse déchargeaient leurs fardeaux de 40kg parfois. D'autres hommes prenaient le relais et acheminaient ces marchandises jusqu'à Champagnole par le Lac des Rouges Truites. Il y avait parfois des colonnes de soixante à quatre-vingt porteurs. Alors les douaniers préféraient ne pas leur chercher trop d'histoires. Ce chemin était si fréquenté qu'il était tassé tout l'hiver par des cercles ou raquettes des contrebandiers. C'était la voie la plus directe de Genève à Besançon. On pense également que les noms gravés sur cette roche jusqu'en 1895 pourraient être ceux des habitués du relais. En attendant leurs compères, ils gravaient leurs noms et pourtant la prudence le leur interdisait.


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