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Foncine les Eaux


Début octobre 1932, un gamin de Foncine le bas qui venait d'entrer dans une école de Saint-Claude, écrivait à sa mère pour lui raconter sa nouvelle vie. Voici un extrait de sa lettre :


le Bief de la ruine

"Hier les sixième ont été emmenés chez le père Crinquand qui est sourcier. Il était assis dans un vieux fauteuil, il tenait dans sa main gauche une bouteille d'huile de foie de morue et passait sa main droite devant la poitrine de celui qui était devant lui. Puis il disait tantôt, mais rarement "Ça va, vous pouvez partir" et plus souvent "Allez vous inscrire vers la soeur infirmière".

Je suis passé le dernier. Il m'a demandé d'où j'étais puis il m'a dit " Foncine ? je ne connais pas". Il a pris une carte du Jura sur une étagère, il l'a dépliée sur sa table et quand il eu trouvé Foncine, il a sorti un pendule qu'il a fait tourner sur le nom, et voilà ce qu'il m'a dit : "Mais c'est un trou votre pays, et un trou plein d'eau ! D'un côté une montagne qui est une vraie éponge, avec des sources et des ruisseaux partout, de l'autre des rochers et dessous un lac souterrain très grand et en bas des lacs, des gouilles, des marais. Ce n'est pas Foncine le bas, c'est FONCINE LES EAUX !"

Après ça il ne m'a même pas passé devant sa main. Il m'a dit d'aller voir la soeur infirmière. Il a du penser qu'un gars qui vient de Foncine le bas a forcément besoin d'huile de foie de morue.

Hier matin, à peine debout, on était une douzaine à l'infirmerie alignés devant autant de petits verres à goutte remplis d'huile de foie de morue et au commandement de la soeur, on a fait cul sec. Et il va falloir recommencer tous les jours !!!".

le Galaveau

En 1932, les Basses Alpes, les Basses Pyrénées, la Loire Inférieure n'avaient pas encore changé leur nom qui rappelait qu'ils étaient du bas. Et les fonciniers du bas ne se sentaient pas inférieurs à ceux du haut, même si ces derniers se croyaient (mais se croyaient seulement) supérieurs.

Et puis les anciens se souvenaient sans doute des paroissiens de Petites Chiettes et de Faisses, qui avaient demandé, et obtenu, de remplacer ces noms que les étrangers trouvaient ridicules par d'autres, presque banals, tels que Bonlieu et Bonnefontaine. Ils avaient, du coup, effacé un peu de l'histoire et de la langue de leurs ancêtres. En ce temps là le gouvernement ne favorisaient pas les langues régionales.

Le bas de Foncine, malgré ses trois rivière, ses innombrable ruisseaux et rigoles, et ses 17 ponts, reste donc FONCINE LE BAS.

Mais pourquoi donc ce qui se passe à Foncine le bas est-il relaté dans la presse locale sous le titre de Foncine le HAUT ?

Il fut un temps où ces ponts n'existaient pas. Le grand chemin qui conduisait de Jougne à Saint-Claude arrivait par la Chevrie et Combe Maria et vraisemblablement suivait la rive droite de la Sainette qu'il traversait à gué vers la tannerie. De là il remontait vers ce qui est devenu le centre du village d'où partaient trois autres routes. L'une allant vers les Planches par la Sange Renaud; une seconde montant vers le Grandvaux par la Grand Vie et Fort du Plasne et le troisième vers la savine en longeant le Mont Noir.

Il y avait ainsi une seule rivière à traverser et cela pouvait se faire à gué aménagé à l'une des rares places où la rivière est relativement calme.

Mais le petit Galaveau est souvent un torrent. Il constituait un obstacle parfois infranchissable qui conditionnait l'organisation du village. On sait que chaque côté avait sa fruitière comme l'a prouvé un procès célèbre (voir la guerre du lait en 1784).

On trouve aussi dans les archives du curé LAGIER un document daté de 1806 intitulé "Côté de vent du Galaveau" (voir les travaux du curé Lagier).

Il s'agit d'un :

"rôle de répartition, fait sur tous les habitants de la paroisse du bas de Foncine, à l'effet de payer un à compte du prix du presbytère du lieu, dont deux tiers ont été répartis au marc le franc de la matrice de l'impôt foncier et l'autre tiré sur les personnes de l'âge de huit ans et au-dessus, dont le recouvrement sera fait par les fabriciens actuels, qui rendront compte à la paroisse des sommes perçues, lesquelles seront imputables en à compte des rôles qui seront autorisé par M. Le Préfet; il résulte qu'il en arrive à 45 centimes par personne et dix centimes par franc de taxe".


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