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le lac à la Dame

le Lac à la Dame en août 2004

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et aussi, un autre lac : Bonlieu

menuLa flore du Lac (texte de Marinette Toussaint)

Orchis de mai
Cresson de cheval

Marinette Toussaint fait dans le texte qui suit, un très joli inventaire de la flore que l'on peut trouver autour du lac. Elle explique comment, malgré sa modeste superficie, il concentre une richesse insoupconnée de variétés parfois très rares.

Le Lac à la Dame et la tourbière attenante, avec ses 2,5 hectares n'est pas bien grand. Il occupe à 878 m d'altitude le fond d'une cuvette synclinale. Il est directement alimenté par une source, la Fontaine Noire, qui se trouve sur la rive sud. Son exutoire, la Senge, s'écoule vers le nord et se perd dans la Saine après un parcours chaotique. Avant la Sange (avec un "a"), passait vers la Sange Renaud. Aujourd'hui la Senge coule sous la Cingernaux. Le lac touche le fond par 14 mètres. Il y a trois hameaux autour du lac : les Fumey et la Grange à la Dame appartiennent au territoire de Foncine le Bas et les Monnets à celui de Fort du Plasne.

Bien que de faible superficie, la petite tourbière qui a colonisé les abords du Lac à la Dame recèle tout un cortège d'espèces caractéristiques qui confèrent au site une valeur floristique remarquable. La parnassie des marais, l'épipactis des marais, la swertie vivace, l'oeillet superbe et la laîche des bourbiers sont autant de plantes inféodées aux milieux tourbeux. De plus, le site s'enrichit d'une station de Calamagrostis raide, espèce exceptionnelle localisée dans le Jura ainsi que de la présence du troscart des marais et de la cigüe aquatique. Plusieurs plantes ont été observées par la Société d'Histoire Naturelle de Champagnole en 1998. Il s'agit de neuf sortes de carex (de Davall, glauque jaune, des bourbiers, noir, paniculé, puce, à rostre, vésiculeux) de même que l'orchis de mai, la prêle des marais, la linaigrette à feuilles étroites, l'iris faux acore, le trèfle d'eau, le myosotis en touffes, le narcisse à feuilles étroites, le nénuphar jaune, la pavot douteux, le peucédan des marais, la grassette commune, la primevère farineuse, la renoncule à feuille d'aconit, le saule rampant, le jonc des tonneliers, le choin ferrugineux, le cresson de cheval, la vesce imbriquée.

Enfin, plusieurs mousses remarquables, ainsi que des espèces aquatiques rares dans notre région tels les nénuphars nains, confirment la qualité biologique de cette zone naturelle. Dans les parages, à moins de cent mètres du lac, existait une grange "Henry de Joux". Ce modeste hameau était assis sur les bords de la "Grand Vie" ou "Vieille Vie". Ce nom de lac à la Dame évoque la légende ancienne des Dames Blanches, prophétesses ou druidesses qui, selon leur humeur malfaisantes ou séduisantes erraient dans les lieux humides et embrumés pour attirer le voyageur attardé. Près des berges, "le Mont à la Chèvre" était le théâtre des rondes infernales des génies et sorciers qui peuplaient la contrée. On dit aussi qu'une Dame blanche apparaît parfois sur les rives du lac.

Marinette Toussaint


menuUne Légende

On évoquait autrefois une belle dame dans les environs de Foncine, qui pourrait être une de ces prêtresses gauloises appelées sènes car elles vivaient saintement, un peu comme des ermites. Et l'on sait que la Sène, rivière de Foncine, avait jadis un caractère sacré. On disait aussi que le diable en était venu à éprouver, pour cette séduisante, un amour si fou que le prince des ténèbres, renonçant vraiment à toute dignité, avait fini par se laisser mener par le bout de la queue. Qu'on en juge. Connaissant les aptitudes de son soupirant pour la maçonnerie, notamment la construction des ponts, la dame lui demanda donc d'ériger une forte digue qui retiendrait le flot de la Sène et permettrait la formation de la nappe d'eau appelée depuis, le Lac de la Grange à la Dame. Satan se mit à l'ouvrage, trimant, suant, se donnant un mal du diable ! Mais il vint à bout de sa tâche. Son oeuvre achevée, le diable espérait bien obtenir la récompense de son rude labeur. Il s'approcha de la belle dame mais, au moment où il allait la prendre dans ses bras, elle traça sur le front velu du démon un signe de la croix qui le fit s'enfuir à tout jamais.


menuUne autre origine du Lac à la Dame

Swertie vivace
Renoncule à feuille d'aconit

Gargantua a traversé notre région, on le sait. Il y a laissé des traces. Il voyageait - c'est vrai puisque Rabelais l'a dit - sur "la plus grande et plus énorme jument qui fut oncques vue ... grande comme six éléphants ... qui mangeait chaque matin un picotin d'avoine de soixante et quatorze muys et trois boisseaux" soit, a t'on calculé, 1332 hectolitres. "Elle pissait en telle abondance qu'il lui arriva de faire sept lieues de déluge".

Pour éviter, en pays amis, de tels déluges, Gargantua créait en écartant de ses deux pieds deux longs et hauts rochers, de profondes vallées ou ces énormes pissats pouvaient s'évacuer. C'est ce qu'il avait fait avant d'entrer à Uxelles, petit village maintenant célèbre. Cette vallée existe toujours; c'est le Pas de Gargantua.

Peut-être venait-il d'Uxelles quand il arriva en vue de Foncine le Bas. Il fut pris d'une énorme soif qui exigeait d'être éteinte très rapidement. Avait-il oublié l'un de ses premier principes "boire pour la soif advenir" ? ou bien l'intendance, comme on ne disait pas encore, n'avait-elle pas suivi ? A moins que la canicule, déjà, n'ait mis à sec lacs et rivières. En tout cas il devait satisfaire rapidement ce besoin.

Sa jument venait d'enfoncer jusqu'au genou, l'un de ses pieds. Le pré mou où elle se trouvait, n'ayant pas supporté son poids. En le retirant, elle avait crée une source où arrivaient avec l'eau, des milliers de bêtes petites et moins petites.

Et Gargantua avait bu, beaucoup bu. Il était coutumier du fait. N'avait-il pas déjà, en mangeant une salade qu'il avait préparée "pour se rafraîchir devant souper ... avec quelques laitues grandes comme des pruniers ou noyers", avalé six pélerins qui s'étaient abrités sous ces laitues. Il est vrai qu'un "torrent de vin avait emporté laitues et pélerins au gouffre de son estomac" et que ces derniers avaient été évacués par les voies normales et avaient pu s'évader.

 

Sa soif éteinte, Gargantua était reparti en direction de Foncine, mais soudain il eut des coliques énormes comme tout chez lui et l'estomac se rebella. Il posa un pied sur le Mont à la Chèvre et l'autre sur le Crêt puis "il pissa, fianta, rendit sa gorge ....". Sa jument pissa à son tour et un lac se forma que l'on appelle maintenant Lac à la Dame. Quant à tout ce que son estomac avait rejeté à plusieurs centaines de mètres, cela repose désormais sous les buissons du coteau des monceaux.

Peut-être, puisqu'il est passé par là, est-ce Gargantua qui a créé les Gorges de Malvaux où s'en vont les eaux du Lac à la Dame. Mais ni la tradition, ni Rabelais ne le disent, alors doutons ...


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