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Les hameaux de Foncine le bas

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La Sange Renaud

La Sange Renaud a bien failli, à son tour, devenir un "chazal" et sombrer dans l' oubli. Ses dernières propriétaires étaient les soeurs Louise et Geneviève CORDIER. Leur père Henri CORDIER, fromager, avait acheté cette maison en 1919 aux héritiers de Charles Jules JEUNET, mort en 1897. Les JEUNET l'avait louée aux BOLARD en 1895.

Louise, Gabrielle et Geneviève CORDIER (photo transmise par Alain Napoléoni)

Geneviève CORDIER est décédée en 1989 et depuis, le bâtiment restait inoccupée. Une partie était inhabitée depuis plus longtemps encore, sans doute depuis la fin des années 50, et n' avait jamais été modernisée. Heureusement cette maison va revivre.

La Sange Renaud en 2003 (photos transmises par Alain Napoléoni)

la Sange Renaud en 2003, photo Alain Napoléoni

Le bâtiment recèle plusieurs linteaux extérieurs en pierre sur lesquels on voit gravé les dates 1790 et 1791. Il est donc l' un des plus anciens du village. Surtout, il a bénéficié jusqu'au début du XIXème siècle d' une situation exceptionnelle, et il a sans doute une histoire ...

En effet, avant la construction de la route départementale 127 qui, maintenant surplombe la Saine, les villages des Planches et de Foncine étaient reliés par un chemin au tracé très différent. C' était la "mala via" qui contournait les roches et les gorges et arrivée en haut de la côte, passait à quelques pas de cette maison. Et cette "vie", en d' autres temps, a vu passer beaucoup de monde, et du beau monde ...

photo Alain Napoléoni

Selon Jean-Baptiste Munier ("Recherches historiques sur les Foncines") cette mala via pourrait bien remonter à l' époque celtique ou romaine. En tout cas, elle était le parcours habituel des princes de Châlon lorsqu 'ils allaient de Nozeroy à Saint-Claude. Philippe le Bon la empruntée en 1442, Guillaume de Châlon et sa jeune femme duchesse de Bretagne en 1443, Louis XI en 1456, le comte de Charolais en 1461. Pierre de Jougne et Huguenin de Châlon emportant le trésor des Châlon le 2 décembre 1463 (voir le trésor de Louis de Châlon dans le chapitres Routes et Chemins), etc ...

Les invités des seigneurs de la Chaux des Crotenay l'ont probablement eux aussi empruntée. Et pourquoi pas cette impératrice revenant de Suisse qui, saisie des douleurs de l' enfantement, avait pu rejoindre in extremis le château des Poupet pour y faire ses couches (voir "la fille de l' impératrice" dans le chapitre Routes et Chemins).

intérieur du bâtiment, partie  inhabitée depuis les années 50
intérieur du bâtiment, partie inhabitée depuis les années 50

Bien entendu, le petit peuple passait aussi par là. Il y avait les foires de la Chaux des Crotenay et de Foncine le haut, les pèlerinages, les cérémonies religieuses et les obsèques (longtemps les Foncines ont relevé de l' église de Sirod et la "vie neuve qui va outre Joux", bien que plus courte n' était pas toujours praticable), les lombards qui passaient la balle au dos et vendaient de tout mais cher, les voituriers avec leurs fromages et leurs horloges, les contrebandiers et les douaniers et tous les indésirables, des sarrasins aux prussiens en passant par les suisses (voir la vie des Bernois dans le chapitre Routes et Chemins) et les suédois de Louis XIV.

la Sange Renaud en 2003

Sortant de Nozeroy, cette route, baptisée "vie des charbonniers", était une de ces via petra (ou vies poires) qui desservaient les petits villages et les reliaient aux "routes du sel". Elle passait par Chalesme et La Perrena, contournait la roche du Cuard, traversait les Planches et, des Sangettes sous Malvaux, grimpait vers la Sange Renaud sous son nom évocateur. De là elle gagnait le bas de Foncine où elle rencontrait la "vieille vie du Grandvaux" (maintenant "la grand vie"), qui conduisait au Pont de Lemme, et la "vie des bouannes" qui venant de Jougne se dirigeait aussi vers Saint-Claude.

Pour René Chambelland, la "vieille vie du Grandvaux" n' était pas l' actuelle"grand vie", mais un chemin maintenant disparu, qui quittait Foncine entre la Gypserie et la Grange à l'Olive et, à partir du pont des espagnols, longeait le Mont Noir jusqu'au col de la Savine.

intérieur  de la Sange Renaud, photo Alain Napoléoni


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