Château Vilain |
Château-Vilain fut malheureusement démoli en 1810 pour reconstruire les usines de Bourg de Sirod incendiées. De ses ruines un tronçon de murailles hérissées de ronces demeure encore debout, désigné sous le nom de Tour de Vienne. C'est d'ici que le sire de Château-Vilain faisait suspendre son beau-frère Guy de Vienne par les pieds et le faisait tournoyer au dessus du précipice. Jean-Baptiste MUNIER, dans ses "Recherches historiques sur les Foncines" nous raconte l'histoire de cette forteresse, "une des plus formidables de la province", dont on trouve les première traces en 1186. Voici ce texte : |
Le canton des Planches en Montagne, tel qu'il est aujourd'hui constitué, dépendait autrefois de deux seigneuries et même dans le principe d'une seule, car Simon, sire de Commercy, ayant épousé Nicolette, fille unique de Humbert IV, sire de Salins, devint propriétaire de tous les biens des sires de Salins, parmi lesquels se trouvaient les seigneuries de Château-Vilain, de Montrivel, dont la seigneurie de la Chaux des Crotenay n'était qu'un démembrement décoré du titre de baronnie. Simon de Commercy, le premier de cette famille dont les chartes de notre pays fassent mention, fit construire vers 1186, la forteresse de Château-Vilain, l'une des plus formidable de la province (1). Gilbert Cousin nous dit : prope vero id oppidum in excelsiori collicuto, sunt duae arces contigua ambua castrum Villanum dictae. Près de Bourg de Sirod, sur une colline plus élevée, on voit deux châteaux forts contigus appelés tous deux Château-Vilain. Simon de Commercy, en faisant bâtir Château-Vilain, lui donna le nom de Castrum Villanum ou Rusticum, du nom d'un bourg situé dans le diocèse de Langres, dont son père était seigneur (2). Simon de Commercy avait parfaitement choisi le lieu où il voulait ériger son château sous tous les rapports. D'abord pour son importance, à raison des circonstances qui se rapportent à ce qu'était anciennement le lieu où il le fixait. Si on parcourt l'histoire ancienne, on voit que tout concourt à démontrer l'antiquité de Sirod. les superstitions qui s'attachent aux trois commères, aiguilles de rocher de forme bizarre qu'on remarque en face du village, à l'ouest, et dans lesquelles il est facile de reconnaître les derniers vestiges du culte des pierres; la croyance à la fée Mélusine; l'omnipotence attribuée aux descendants de Saint-Hubert pour guérir de la rage; la dédicace de l'église à Saint Etienne, premier martyr, car on sait que les premières églises ont été dédiées à Saint Etienne; la mention de cette dédicace dans un diplôme du roi Lothaire, de l'an 852 ou 855, et enfin le voisinage du chemin des Romains qui descendait par Charency au Pont du Navoy. Ce lieu était donc connu et était certain par son antiquité, d'attirer de plus en plus les populations habituées à le fréquenter. Par sa position, son isolement sur la crête d'un roc âpre et nu, l'aspect de ses pierres moisies par le temps, sa superposition au dessus des étranges rochers de Sirod, masses énormes, dont les unes forment des aiguilles hardies et les autres des statues monstrueuses. En face de la cascade de l'Ain qui est une des plus belles du Jura et du Baru, torrent qui, dans les grandes pluies, sort de son gouffre profond en torrent tumultueux qui bondit en cascades sur les pentes d'une montagne couverte de noirs sapins et se précipite dans l'Ain, près du point où cette rivière disparaît sous les rochers. Tout lui donnait un air de sombre majesté qui laissait dans l'âme une impression ineffaçable. Il s'élevait à l'ouest du Bourg-Dessous et sur un plateau très allongé au sommet d'une montagne coupée à pic de deux côtés; il occupait une surface de 220 mètres de long sur 60 de largeur et dominait tout le pays d'alentour. Cette forteresse était entourée d'un mur d'enceinte construit sur les bords du rocher. On ne pouvait y pénétrer que par le côté sud qui communiquait avec le Bourg-Dessus. L'entrée était précédée d'une belle avenue de tilleuls, dont huit se voient encore et défendue par deux tours quadrangulaires adossées à un donjon : l'une avait 4 mètres 50 de largeur et l'autre 9 mètres. C'est sous cette dernière qui servait de salle des gardes qu'était pratiquée la porte d'entrée; après avoir traversé cette porte, on rencontrait un chemin de 6 mètres de largeur et long de 33 mètres, bordé d'épaisses murailles, conduisant à une première cour qui renfermait un manoir fortifié. Derrière ce bâtiment était une cour de 20 mètres de largeur, puis un donjon carré de 20 mètres de côté. Derrière le donjon se trouvait une autre cour de 80 mètres de longueur sur 60 de largeur, le mur d'enceinte, flanqué de tours, complétait sa défense. Le premier bâtiment d'habitation était séparé de la cour renfermant le donjon principal par une muraille très haute et très épaisse, munie à ses extrémités de deux tours percées de meurtrières. Nous avons déjà dit que Gilbert Cousin explique que de son temps il y avait deux châteaux. Il y avait effectivement deux corps de bâtiment, ainsi que nous venons de le voir, mais ils faisaient partie de la même enceinte. A peine Gaucher III de Commercy fut-il mort, que ses gendres entrèrent en procès pour le partage de sa succession; la possession de la forteresse était un sujet continuel de discorde. Ces deux seigneurs nommèrent, en 1332, Guillaume d'Eternoz pour arbitre, qui ne trouva d'autre moyen de conciliation que d'engager les époux de Mlles de Commercy à cesser de vivre sous le même toit. C'est alors que fut construit le manoir qui se trouvait au devant du donjon. L'intérieur de ce castel présentait trois objets curieux : 1° sa prison creusée dans le rocher au-dessous; on y descendait par un escalier qui n'avait pas un pied et demi de large, à peine le corps pouvait-il y passer; dans la voûte se trouvait une petite entaille toute noircie de fumée; c'est à cette entaille que se collait indubitablement le bout de chandelle du geôlier quand il descendait pour porter la nourriture aux squelettes vivants qui respiraient encore dans ce tombeau. Qui respiraient ! Par où ? Trois portes épaisses en défendaient l'entrée à la lumière; nulle fenêtre, nul tuyau, nul canal ne permettait à l'air de s'y introduire, nulle scissure même dans le rocher ne laissait y pénétrer les sons. 2° Le puits. Dans une des cours se trouve un puits qui n'a que huit pieds de profondeur et c'est autant qu'il en faut. C'est une source qui ne tarit jamais et qui, sans doute, constituerait un de ces siphons naturels alimenté par la capillarité.
3° A l'intérieur on remarque dans l'appartement de la princesse une armoire fort commune et dont on ne s'aviserait pas de soupçonner la destination, c'est le vestibule de l'appartement des jeunes demoiselles; les battants même étant ouverts, on ne voit qu'une armoire encore, un secret fait ouvrir une partie du fond et vous avez le passage dans un petit escalier par lequel on grimpe à deux cabinets boisés qui se communiquent et dont les fenêtres sont disposées de manière à ne pouvoir donner d'espérance aux plus hardis des galants. Le chemin qui conduit à Château-Vilain tourne ce château vers le sud, vous suivez une pente longue et médiocrement rapide qui vous mène au corps avancé des fortifications; c'est une sorte de tour carrée qui se trouve au deux tiers de la hauteur du mont; elle en remplit la coupure primitive; elle sépare en même temps qu'elle unit les deux parties du rocher; une gorge était le passage ouvert par la nature, vous ne pouvez traverser nulle part ailleurs. La tour est percée d'une arcade à l'épaisseur, hauteur et largeur d'une porte de ville, c'est la porte d'une citadelle. Il semble que vous allez entrer dans une place forte et dans une cité d'importance. mais une fois la porte franchie, vous jouissez d'une belle perspective; votre vue s'étend sur le val de Sirod, atteint Nozeroy et le val de Mièges. Quelques pas encore et vous êtes prêt d'une petite chapelle qui remonte au XIIe siècle, dédiée à l'Assomption de Notre-Dame. le portail de la porte d'entrée porte la date de 1616. Une voie de 8 à 9 pieds de large, entaillée dans le flanc de la roche, vous fait descendre dans la plaine de Sirod, en décrivant du sud vers le nord une parallèle à la ligne que vous avez décrite en gravissant du nord vers le sud, c'est à dire que le chemin des deux côtés contourne la montagne où est assis le vieux manoir féodal.
Le donjon de Château-Vilain, comme tous les anciens donjons de Franche-Comté, a ses drames plus ou moins terribles à produire au grand jour, avec cette différence que la plupart sont apocryphes et tiennent du roman, tandis que les faits rapportés dans la chronique que nous allons citer, sont consignés dans les actes de 1349, 1352 et 1368 et ils ont été l'objet des vers si gracieux de notre poète franc-comtois le député Auguste Demesmay. Le seigneur de Château-Vilain avait quelques contestations avec son beau-frère Guy de Vienne; un jour il s'avisa de s'emparer par surprise de la personne de son beau-frère et, tranchant la question de vive force, de l'emmener prisonnier. L'affront était d'autant plus sanglant pour le suzerain, que le chevalier de Vienne venait de léguer la terre de Chevreau à la femme du duc Philippe. Hugues de Châlons exigea que ce don, retiré à la duchesse Marguerite, passa à la comtesse de Châlons, et sur le refus du captif, il l'entraîna à Château-Vilain, où il le fit languir un an. Parfois ce farouche vainqueur tirait son beau-frère du fond de son cachot, le faisait suspendre par les pieds au sommet d'une des tours et le faisait tournoyer dans l'espace sur cet effroyable précipice, le menaçant une épée nue à la main, de couper la corde qui le retenait dans les airs s'il ne s'avouait devant témoins coupable de certains crimes et s'il ne rétractait sa donation. L'infortuné voyait à ses pieds les cieux et le soleil, sous sa tête les brouillards qui s'élevaient de la rivière qu'il entendait mugir au bas de la montagne et malgré ses terreurs il résistait toujours. Il existe encore parmi ces ruines un tronçon de murailles hérissé de ronces et que depuis cette aventure l'on désigne sous le nom de la Tour de Vienne. Mais 'heure de la délivrance allait bientôt sonner. Après la mort de Gérard de Chauvirey, propriétaire de la moitié de la seigneurerie de Château-Vilain, Gérard son fils, pour être unique héritier, avait forcé Béatrix sa soeur, à aller ensevelir ses attraits dans l'abbaye de Bémont, au diocèse de Langres, dont sa tante, Marguerite de Chauvirey, était supérieure. Jeune et belle, Béatrix quittait le monde à regret et comme dit le poète :
Aimée dès son enfance de Louis de Joux, leurs coeurs se comprenaient en silence, ils avaient rêvé les douceurs d'une heureuse alliance et la mère de Béatrix, Isabelle de Rans avait applaudi à leurs projets.
Mais le seigneur de Chauvirey était là; malgré les pleurs de sa soeur et les supplications de sa mère, Béatrix à l'autel est conduite, le sacrifice est consommé. L'âme remplie de sentiments de vengeance, le fier seigneur de Joux songe aux moyens de l'accomplir; le hasard va bientôt le servir; la mère de Béatrix tombe malade et supplie son fils de lui rendre la main de sa fille pour fermer ses paupières déjà appesanties par la mort.
Le sire de Château-Vilain y consent et l'évêque de Langres ami de la famille, l'envoie près de sa mère mourante. Le sire de Joux veille.
A peine la jeune recluse a-t-elle franchi le seuil de Château-Vilain, qu'il rêve aux moyens de s'y introduire; si l'on en croit la chronique du pays, déguisé en serf de Château-Vilain, il suit le prêtre qui porte le saint-viatique, Béatrix et sa mère l'ont reconnu; la mourante saisit la main de sa fille et la place dans celle du sire de Joux.
Bientôt la mère de Béatrix descend dans la tombe; profitant du trouble que la mort fait naître, Louis de Joux, avec ses hommes d'armes déguisés, suit le cortège mortuaire; il se rend avec les personnes qui avaient accompagné le cortège, à Château-Vilain et s'en saisit, on en refuse l'entrée au sire de Chauvirey; la chronique dit même qu'il le fit enfermer dans la tour de Vienne, aux lieu et place du sire de Vienne auquel il rendit la liberté. La noble châtelaine agonise et succombe Après une vigoureuse résistance, Jean de Châlons Arlay s'empara de Château-Vilain; les uns disent qu'à titre de suzerain, il fit emprisonner la belle religieuse et l'amoureux chevalier. les autres assurent que Louis de Joux prit la fuite, emmenant avec lui Béatrix, et qu'ils se rendirent à Rome pour faire annuler les voeux forcés de la religieuse.
Dans tous les cas, cette guerre se termina par un traité dans lequel on se tint respectivement quitte de tout retour de prison, otages et Louis de Joux épousa Béatrix, et comme dit Madame d'Aulnoy dans ses contes : ils vécurent longtemps heureux et satisfaits. Jean de Châlons Arlay fit désister les époux de toutes les prétentions sur Château-Vilain, pour lesquelles ils obtinrent une faible indemnité de soixante soudées de terre, mais en s'engageant jusqu'à concurrence de 10000 livres, à ne causer aucun trouble au possesseur de Château-Vilain. Cette transaction est du 22 janvier 1349. Voir aussi une autre charte de 1352. Béatrix testa l'an 1368, élut sa sépulture devant le grand autel de Mont-Benoît, institua pour héritier Humbert de Joux, son fils et le nomma avec son mari exécuteur de ses volontés. Les chartes rappellent plusieurs barons et châtelaines de Joux dont les dépouilles mortelles reposent dans l'église de Mont-Benoît. Humbert IV, vivant en 1773, eut une fille unique Nicolette qui lui succéda dans les vastes terres qu'il possédait depuis Champagnole jusqu'aux Hautes-Joux; elle épousa Simon, sire de Commercy, qui fit construire vers 1186 la forteresse de Château-Vilain, ainsi que nous l'avons déjà dit. Il laissa de Nicolette de Salins sa femme, Hugues de Commercy qui vivait en 1200. Il eut pour fils unique Gaucher, qui épousa Laurence de Senecy. En 1236, il fit les devoirs de fief à Hugues, duc de Bourgogne, seigneur de Salins, pour la terre de Château-Vilain et autres châteaux dont il jouissait. Il en remit les clefs au duc, qui avait le droit de s'emparer de ces châteaux et de les garder pendant quarante jours, après lesquels il devrait lui rendre dans le même état où il les avait trouvés, à l'exception de ce qui était nécessaire pour la nourriture de ses chevaux.
Jean, comte de Bourgogne, ayant acquis la seigneurie de Salins en 1237, Gaucher de Commercy se reconnut son vassal en l'an 1240, pour les terres de Château-Vilain et de Montrivel. Cette reconnaissance termina les discordes qui s'étaient élevées entre eux. Gaucher, nous l'avons déjà dit, promit au comte de ne point construire de nouvelle forteresse dans sa seigneurie de Château-Vilain et de n'ajouter aucun ouvrage extérieur à son château. En 1241, il engagea à ce comte cette seigneurie pour douze ans consécutifs, sans pouvoir la retirer pendant ce temps, sous quelque prétexte que ce fût. La modeste baronnie des Foncines et des Planches a donc eu pour seigneur pendant douze ans, un comte de Bourgogne. Il renouvela en 1242, envers le comte Jean, l'hommage de ses quatre forteresses, Château-Vilain, Montrivel, Charbonny et Nant. Gaucher II de Commercy, chevalier, troisième fils de Gaucher 1er, eut dans son lot la terre de Château-Vilain, dont il fit hommage en 1260, à Laure de Commercy, sa nièce, épouse de Jean, comte de Bourgogne, et en 1286 à Jean de Châlons, sire d'Arlay, fils de ce dernier. Du mariage de Gaucher II, avec Marguerite de Bellevêvre, naquit Gaucher III de Commercy; ce seigneur reprit en fief, au mois d'avril 1293, de Jean de Châlons, sire d'Arlay, la seigneurie de Château-Vilain par la volonté de Gaucher, son père; il entra en 1301 dans la ligue des barons du comté de Bourgogne qui firent la guerre à leur prince et il fut compris dans le pardon que Philippe-le-Bel, roi de France, leur accorda. Il remit en 1303, entre les mains de Jean d'Oiselet, représentant le seigneur d'Arlay, la forteresse pour la garder pendant quarante jours, suivant la nature de ce fief et l'exemple de ses prédécesseurs. Il renouvela, en 1308, l'hommage de cette terre, en présence d'un grand nombre de seigneurs. Il avait épousé Isabelle de Montaigu; de cette alliance sortirent deux filles.
Famille du Quart 1) Marguerite de Commercy, femme de Jacques du Quart, chevalier, seigneur dudit lieu, et mère de Jacquemet du Quart, chevalier, seigneur de Château-Vilain en partie. Jacquemet eut pour fils Henri du Quart, chevalier, qui épousa Pentesiles de Saluces, de laquelle il eut Anne du Quart, qui épousa Jacques d'Arbon. Famille d'Arbon Jacques d'Arbon, seigneur de la Chaux-des-Crotenay, qui reprit en fief du seigneur d'Arlay, en 1392, au nom de sa femme, la moitié de la seigneurie de Château-Vilain. 2) H. de Commercy, allié à Gérard de Chauvirey, chevalier, seigneur de ce lieu, mort avant 1334. Jacques d'Arbon et Anne de Commercy laissèrent pour héritiers Jean mort jeune, Jacques, Catherine, Claude ou Claudine et Guillemette d'Arbon, leurs enfants. Jacques d'Arbon II, écuyer, seigneur de Château-Vilain et de la Chaux, fit hommage de ces deux terres au sire d'Arlay le19 septembre 1414 et mourut sans postérité avant l'an 1419, laissant la seigneurie de la Chaux aux enfants de Catherine, sa soeur, épouse de Louis de Grandvilliers, et celle de Château-Vilain à Claude, son autre soeur, épouse de Jean de Joux, chevalier, seigneur d'Abbans. Famille de Joux Jean de Joux fit hommage aux princes de Châlons-Orange de la terre de Château-Vilain conjointement avec son fils Nicolas de Joux, en 1461; en 1450, le 8 avril, lui et Claudine d'Arbon, son épouse, reçurent la reconnaissance de Vauchier du Larderet, écuyer et de Huguette, sa femme, de tout ce que celle-ci pouvait avoir de leur fief en la chatellenie de Château-Vilain et dans tout le val de Sirod. Jean de Joux mourut en 1462, à un âge avancé. Nicolas de Joux, son fils, lui succéda dans les terres de Château-Vilain; le 11 janvier 1461 il affranchit une famille de main-mortables de Château-Vilain; en 1470 il avait fait à Guillaume, prince d'Orange, les devoirs de fief pour sa terre de Château-Vilain; cinq ans après, le 5 avril 1475, il donna des franchises à quelques habitants du village de Syam, sous réserve d'une cense annuelle de trois francs sept engrognes. Il mourut la même année 1475. François de Joux, fils du précédent seigneur de Château-Vilain , après une main-mise du seigneur de Nozeroy, du 2 juin 1496, fit hommage de cette terre à Jean de Châlons-Arlay IV, prince d'Orange, le 30 juin 1496. Il vivait encore en 1510. Adrienne de Cicon, qu'il avait épousée, le rendit père d'une fille unique, Anne de Joux. Maison de Grammont Anne de Joux épousa Jean de Grammont et mourut avant 1540; leur fils, Adrien de Grammont, dit de Joux, marié à Rose de Pontarlier, en eut deux filles; Adrienne l'aînée, s'unit en 1561, à Gaspard de Grammont. Anne, héritière de Château-Vilain et dame de Courviers, fit alliance avec Nicolas de Watteville. Une fille de la maison de Grammont porta en dot la portion des du Quart dans la terre de Château-Vilain à Nicolas de Watteville, qui acheta ensuite la portion des Chauvirey et devint propriétaire unique de la seigneurie de Château-Vilain et de la baronnie des Foncines et des Planches; avant cette réunion, jetons un d'oeil sur la maison de Chauvirey.
Maison de Chauvirey Gérard de Chauvirey ayant épousé la fille de Gaucher III de Commercy, devint propriétaire de la moitié de la seigneurie de Château-Vilain. En juin 1347, il avoua tenir de Jean de Châlons en fief lige jurable et vendable son chastel de Château-Vilain et se dépendances, au nombre desquelles était la baronnie des Foncines. Pernet, seigneur du Châtel de Chauvirey et de Château-Vilain en partie, eut de son mariage avec Isabelle de Rans, Jean de Chauvirey qui épousa Jeanne de Salins, dont il eut Gérard et Jean; ils avaient pour soeur Béatrix, dont la vie est presque un roman et dont nous avons déjà parlé. Pierre de Chauvirey, seigneur de Château-Vilain, affranchit de la main-morte les habitants des Foncines, ainsi que nous l'avons déjà dit, réserva le bon plaisir de son très redoutable seigneur Louis de Châlons, de qui dit-il : je tiens ladite ville de Foncines, dépendance de Château-Vilain, en fief; cet affranchissement et la confirmation en sont portés au terrier même de Château-Vilain. Il eut de Catherine de Damas sa femme, Léonard, seigneur de Château-Vilain qui, ayant négligé de faire hommage avant que de s'immiscer dans sa seigneurie, vit Jean de Châlons II, y mettre la main le 22 juin 1496, et le lendemain il obtint l'investiture. Jean de Longeville, écuyer, seigneur dudit lieu, avait épousé en secondes noces Catherine de Chauvirey, fille de Léonard de Chauvirey, seigneur de Château-Vilain et de Louise de Colombier. En 1515, 1534 et 1537, les administrateurs de la terre de Nozeroy consentirent des rentes assignées spécialement sur la terre de Château-Vilain. En 1539, René de Châlons investit Antoinette de Mont-Martin, veuve de Jean de Poupet, de la portion de Chauvirey par elle acquise à titre d'échange de Pierre de Chauvirey. La maison de Chauvirey s'éteignit dans la personne de Philibert, seigneur du Colombier et de Château-Vilain en partie, qui avait succédé en 1511, à son père Léonard, dans ses fiefs et dans son gouvernement du Comté de Neuchâtel. Isabeau d'Achey, veuve de Philibert de Chauvirey, seigneur de Château-Vilain, testa en 1521. Antoinette de Montmalin n'eut de son mariage avec Jean de Poupet qu'une fille Anne de Poupet, qui épousa Jean de Beaufremont. Cette dame testa à Poligny au mois de mai 1564 et donna sa terre de Château-Vilain à son mari, qui l'aliéna, en 1590, pour 6250 écus d'or au soleil à Nicolas de Watteville dont les descendants ont possédé cette seigneurie jusqu'en 1789 (3). Maison de Watteville Nicolas de Watteville se détermina à quitter Berne, sa patrie, lorsqu'il vit qu'elle avait proscrit la religion de ses pères, sans espoir de retour, il se fixa dans le comté de Bourgogne, où il épousa comme on l'a déjà dit, Anne de Joux, dont il eut trois fils : Gérard, Jean et Pierre de Watteville. Gérard continua la possession de Château-Vilain. Il eut pour fils Philippe-François de Watteville, comte de Bussolin, qui mourut jeune en 1636. Il commandait la cavalerie de secours envoyée à la ville de Dole assiégée par le prince de Condé, il avait épousé Louise-Christine de Nassau. Leurs enfants furent Thomas, Eugène, Louis Jean Charles de Watteville qui suit, Marie Angélique, abbesse de Château-Châlons, Aimée-Désirée, chanoinesse à Mons, et N. de Watteville, mariée à Jacques de Saint-Maurice. Thomas et Jean sont morts sans postérité. Jean-Charles de Watteville, marquis de Conflans, fut marié à Desse de Beaufremont, il eut de ce mariage Charles-Emmanuel marquis de Conflans, qui suit : Jean-Charles Comte de Bussolin, Jean-Cristin marquis de Watteville, et Marie-Desse abbesse de Château-Châlons, Jean-Charles est mort jeune en 1679, étant capitaine de cavalerie. Jean-Cristin ne s'est pas marié, il était général des armées du roi. Charles-Emmanuel, appelé le marquis d'Usie dans sa jeunesse et depuis le marquis de Conflans, général de la cavalerie espagnole et chevalier de la Toison d'Or. Il avait épousé Thérèse-Elisabeth de Mérode, et il eut de ce mariage : Maximilien-Emmanuel comte de Watteville qui suit : Charles-Emmanuel-François comte de Bussolin, mort en 1728; Anne-Marie-Desse, abbesse de Château-Châlons de 1690 à 1733. Marie-Anne et Françoise-Elisabeth, religieuses en ladite abbaye. Marie-Anne religieuse sous sa soeur lui succéda comme abbesse et le fut de 1721 à 1742; Françoise-Elisabeth succéda de même à sa soeur et fut abbesse de 1742 à 1789. Anne-Désirée de Watteville mariée à N. baron de Stain, maison de Souabe, major général des troupes de S.M. impériale, et Charlotte épouse de N. baron de Bouvroi, en Flandres. Maximilien-Emmanuel de Watteville, marquis de Conflans, baron et seigneur de Château-Vilain, Foncine et autres lieux, épousa N. Phélypeaux de Pontchartrin, affranchit la baronnie de Foncine et des Planches de tous droits seigneuriaux par traité du 6 décembre 1756. Les seigneurs de Commercy, qui formèrent la branche de Château-Vilain, et les seigneurs de Watteville résidaient continuellement dans ce château, le séjour d'hôtes aussi illustres en fit le théâtre de fêtes brillantes. Lors de la démolition des châteaux forts, en 1674, celui de Château-Vilain fut respecté sur la demande de l'abbé de Watteville. Le grand roi n'avait rien à refuser au traître qui lui avait livré la Franche-Comté. Ce château ne fut démoli que de 1808 à 1810, pour reconstruire les usines de Bourg de Sirod incendiées. Il ne reste aujourd'hui que les ruines de quatre tours, celle de Vienne surtout, quelques pans de murs, deux citernes et un abreuvoir. Au moment de sa destruction, ce château offrait l'image fidèle d'une place de guerre du moyen âge, bien conservée, c'est pourquoi cette démolition est très regrettable. En 1789, Château-Vilain appartenait au comte de Stainfeld, maréchal des armées autrichiennes et à Mmes de Grans et de Rodoan, descendantes des Watteville (4).
Dans l'église de Sirod deux caveaux ou charniers servaient à la sépulture des seigneurs de Château-Vilain et de Montrichard, plusieurs membres de la famille de Watteville y sont inhumés. Contre le pilier, à l'entrée gauche du sanctuaire, est un tableau en marbre portant cette inscription : "ci-git dame Jeanne-Désirée comtesse de Watteville, douairière de messire Ferdinand-Henri baron de Stain, lieutenant-général de S.M. l'empereur Charles VI, dame d'honneur de Madame l'archiduchesse Elisabeth d'Autriche , décédée le 4 janvier 1731 en l'abbaye royale de Château-Châlons, transférée à Sirod le 5 dudit mois et inhumée le 6 dans le tombeau de ses ancêtres. Les possessions des seigneurs de Château-Vilain dans le canton des Planches étaient la baronnie des Foncines et des Planches, une partie de Bief des Maisons, le Grand-Chalème, la Perrena, une partie de Treffay. 1) Dunod et de Grappin disent que le nom de la famille de Château-Vilain s'était éteint dans celles de Commercy et de Chauvirey. Cependant malgré l'antiquité bourguignonne qu'on lui suppose, ce château n'apparaît dans les chartes qu'avec la date de 1186 et avec Simon de Commercy. Cependant si l'on en croit Gilbert Cousin, le bourg dont nous parlons serait le seul de notre pays qui aurait conservé son nom original, il en attribue la fondation aux Burgondes, car selon lui, Brug en tudesque et purgos en grec, signifie tour et citadelle. L'analyse des titres nous fait reconnaître que des seigneurs du nom de Château-Vilain ont existé postérieurement à la possession de ce château par la race des Commercy, nous n'en voyons point auparavant; en effet en 1348, on voit un Jean de Château-Vilain lieutenant du duc de Bourgogne dans la terre de l'Empire et vers 1450 vivait une Yolande de Château-Vilain, femme de Jean d'Aumont, dit le Hutin, chevalier. 2) Le mot Vilain, traduit de Villanus, n'avait pas dans l'ancien langage la même acceptation que dans le français moderne. Ainsi nous ne dirions pas avec Lequinio, que cette dénomination vient sans doute de la surface sombre des noires forêts qui frappent en cet endroit la vue, de quel côté qu'on la porte. Nous avons déjà dit que sur la même croupe de montagne, il y avait deux maisons fortes, comme nous le reconnaîtrons par les dominateurs de cette double terre. On appelait Château du Bourg celui qui avait le Bourg sous sa protection, et Château Vilain celui dont dépendait le village de Sirod. cette double habitation fut sans doute le résultats des querelles entre les gendres de la famille de Commercy soumises en 1332 à l'arbitrage de Guillaume d'Eternoz. 3) D'Amboise, gouverneur de la province sous Louis XI avait renversé les remparts du bourg et du château, et l'on avait transporté le marché du bourg à Sirod, ce fut Nicolas de Watteville qui, en 1616, restaura ce château démoli par Louis XI et ses officiers. On lit sur la porte d'entrée de l'enceinte du bourg une inscription daté de 1631 : Rina vinici Glebas et Saxa inoventem quodoz fuit rupes arx fit amoena simul 1631. 4) A l'époque révolutionnaire, il y avait encore sur cette montagne de Château-Vilain, à travers les fortifications, des appartements convenables, puisque M. Monnier, dit Talleyrand, amodiateur du domaine de madame la comtesse de Forges (qui succédait aux Watteville, aux Sens, aux Gavre et aux Rohan) y avait sa résidence; et que son neveu Marie-Etienne Monnier, ancien procureur syndic du district de Poligny, ancien administrateur du département du Jura, ancien membre du conseil général y est né. Qui était cette Béatrix, de Chauvirey, de Joux, que l’on chantait ? dont la beauté est passée à la légende et dont J.B. Munier avoue que sa vie tient du roman, ce qui est vrai. C’est qu’elle était la grand-mère de Nicolette de Salins, la femme de Simon de Commercy, le premier des sires de la Chaux des Crotenay. Elle est donc l’une des ancêtres, par filiation, mariage ou cousinage de tous nos sires, qu’ils soient de Commercy, d’Arbon, Poupet ou la Baume. Une longue lignée qui va de la gloire à la ruine. Elle nous conduit aussi, par son ascendance, aux sires de Salins, connus, eux, depuis le Moyen Age, et dont Rougebief a écrit une histoire remarquable que m’a rappelée jean-Marie Bouchard. En 523 le roi Sigismond avait donné Salins, Mièges et Sirod à l’abbaye d’Agaune, qui en avait cédé le service religieux aux moines de Saint-Claude. En 942 Albéric un étranger, s’implante au Comté de Bourgogne, devient Comte de Macon, et s’offre à relever les salines que les sarrasins et les hongrois ont saccagées.
En 943 l’abbé d’Agaune lui remet ce que son église possède dans le Valais et l’Escuens, c’est à dire Salins. Ainsi naquit la puissante famille des sires de Salins dont les membres jusqu’à la Révolution possédèrent les territoires du Haut-Doubs et du Haut-Jura. A la mort d’Albéric, en 945 notre pays passa aux mains de ses héritiers, devenus Sires de Salins. Hubert IV,vivant en 1173 eut pour fille unique Nicolette qui lui succéda dans les vastes terres qu’elle possédait depuis Champagnole jusqu’aux Hautes Joux et épousa Simon de Commercy le premier des sires de la Chaux des Crotenay. Elle est donc l’une des ancêtres, par voie de filiations, mariages ou cousinages des Commercy bien sûr, des d’Arbon, des Poupet, des Baume; une longue lignée qui, après la célébrité des Poupet, finit dans la ruine. En effet Jean de Poupet, célèbre autant par lui-même que par sa femme Antoinette de Montmartin "l’une des plus belles personnes et des plus vertueuses de son temps et qui mérita à la cour de Bruxelles une réputation de beauté, de grâces et de sagesse" n’eut qu’une fille, Anne, qui mourut avant sa mère. C’est donc celle-ci qui resta. Elle donna Chatel-Vilain à son mari, Jean de Beaufremont et la Chaux à son oncle Guillaume de Poupet, abbé de Baume. Ce dernier, faute d’enfants, laisse sa baronnie à son cousin Louis de la Baume qui la laisse à son fils Antoine.
Puis c’est Catherine qui se dit de Bruges, célèbre parce qu’elle porte le même prénom que sa grand-mère, ce qui conduira à quelques erreurs, parce qu’elle résidera au château, sera inhumée dans l’église et enfin parce qu’elle amènera de Savoie, la famille d’Anonnay, liée à son mari Albert marquis de Lullin. C’est son cousin Jacques Nicolas de La Baume qui recueille la succession et qui la laisse à son fils Claude François le dernier descendant de Béatrix. Et quel descendant ! Il eut des goûts de dissipation tels, qu’il fut obligé d’aliéner presque toutes ses terres. Dans les débris de sa fortune se trouve la baronnie de la Chaux, qui fut recueillie par Jacques-Philippe de la Baume comte de Saint-Amour, son fils unique. Ce seigneur mourut sans postérité. En 1720 ses biens sont mis en vente et en 1724 ils sont acquis par Jean Baptiste FREMIOT qui prend le titre de seigneur de la Chaux. Dès lors ce titre échappe aux descendants de Béatrix. Il ne s’hérite plus; il se vend. Quant au château, qui avait échappé aux furies de Louis XI, il a été démantelé en 1691, par ordre de Louis XIV. Ce sont douze ouvriers de Foncine le haut qui ont été réquisitionnés pour le faire. La très riche bibliothèque avait déjà été dissipée en grande partie sous Louis XIII. Le marquis de Listenois y avait logé ses 25 chevaux et ses hommes avaient brûlè le reste pour se chauffer, faute de bois et avaient déplanchè toute l’habitation. Roger JAY, dans son livre des Mystères du Jura, raconte la fin terrible de Berthe de Joux, qui avait trompé son mari parti en croisade et qu’elle croyait mort. "Les morts ressuscitent. Le mari n’annonça point son arrivée. La vengeance fut inexorable : Par son ordre aussitôt on taille; Une cellule en la muraille; On y met grilles et verroux; La malheureuse sur la paille; A peine y tient sur ses genoux". Les armes de Jean-Baptiste Frémiot portent "d’or à la dextrochère de Carnation habillée de pourpre tenant une lance de sable en pal". Son frère Edme vend le domaine à Jean-Baptiste Guerillot, seigneur de Saint-Cyr, capitaine au régiment de Flandre et de Lorraine, lieutenant des maréchaux de France, chevalier de Saint-Louis. L’acte signé à Besançon le 13 février 1778. En voici la copie : A vendu à noble Jean-Baptiste Guérillot, ancien capitaine d’infanterie lieutenant de MM. Les Maréchaux de France demeurant ordinairement à Salins: 1) La terre de la Chaux de Crotenay érigée en baronnie, composée du village de ce nom,, de ceux de Mont Liboz, le Châtelet et Entre deux monts avec un fief en chevance situé à Saint-Germain dépendant et manant de la baronnie de la Chaux de Crotenay laquelle consiste dans la Haute Basse et Moyenne justice sur lesd, lieux et territoires, généralité de cens et lods, droits de retenue et autres. 2) La terre et seigneurie de Crans consistant en Haute. Moyenne et Basse Justice, en une directe mainmorte audit lieu qui est générale et s’étend sur le Grand et Petit Chalême, la Perrena et Siam, en général de lods ..., etc ... et un pré appelé le pré des Essards provenant d’une échute.
3) La terre et seigneurie de Cize en Haute, Moyenne et Basse Justice directe générale portant lods. Mr. Frémiot père dudit vendeur, avait acquis tous ces biens du Comte de St-Amour le 24 janvier 1724 par devant Chalon notaire à Besançon : la terre de la Chaux et ses dépendances mouvant et relevant du Roi à cause de son Comté de B.; celle de Crans de Mr le Comte de Watteville à cause de sa seigneurie de Châteauvillain; celle de Cize de la Comtesse de Lauraguaisà cause de son château de Montrivel. Le dit Guérillot avait épousé demoiselle Vernet de Luxeuil. Il a été convenu que le Sr vendeur ainsi que son fils pourront porter leur vie durant avec leur nom de maison celui de la terre de Cize qu’ils s’étaient réservé dans cette vente. Fait à Besançon le 13 février 1778. Ce qu’on sait des Guérillot peut se lire sur ce site dans le chapitre sur Chaux des Crotenay. Jusqu’en 1944 leur nom apparaît souvent dans les listes des conseils municipaux de la Chaux des Crotenay et des conseils généraux du Jura. Marthe, une des filles d’Albert, mariée à Henry ROBERT a hérité de la Grange du Cernois qui a été louée à Joseph Vionnet en 1906, puis vendu à Henri Vionnet. Le sol et les ruines du château appartiennent maintenant à Chantal GUERILLOT, la dernière de ce nom au village. C'est elle qui autorise et aide l'association ArchéoJuraSites et ses bénévoles, à préserver ces ruines, qui, autant qu'Alésia, doivent appartenir au patrimoine. |