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Les Scieries de Foncine le Bas

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En 1930 Foncine le Bas comptait 3 scieries situées chacune sur une cascade, à chacune des extrémités du village.

Bien entendu ces usines généraient des emplois nombreux hors d'elles mêmes (bûcherons, voituriers, cafés et commerces divers).


L'usine du haut

a été créée en 1888 à la place d'un moulin déjà signalé sur le plan cadastral de 1826, et qui en 1855 comportait 3 paires de meules, une scie et un battoir.

Propriété d'Henri BERROD, qui produit, entre autres, des mâts de bateaux pour la Marine, elle est détruite par un incendie vers 1914, puis reconstruite sur trois étages, les turbines se trouvant en bas de la cascade et les châssis au niveau de la route. Un bâtiment servant de bureau et de logement est bâti sur le chemin qui conduisait auparavant à la roue à aubes.

Vers 1920 on y installe deux turbines qui fournissent l'électricité à l'usine elle-même ainsi qu'au village.

Cette usine est passée, par le jeux des mariages et héritages, des BERROD aux VUILLET. Ces derniers, après avoir construit le "château", ont fait faillite et l'usine a été reprise par le Consortium Général d'Optique et d'Industrie, puis par les chantiers et ateliers de Bourgogne avant d'être fermée en 1948. Seule la chute d'eau est encore utilisée aujourd'hui pour produire de l'électricité revendue à EDF.

De 1932 à 1948, le contremaître de cette usine était André GUY, qui jusqu'en 1936 logeait dans le bâtiment annexe à l'usine. Outre son travail quotidien qui s'exerçait autant à l'usine elle-même que sur les chantiers forestiers. André GUY devait surveiller la centrale et les lignes électriques du village.

La scierie (ancien moulin) Berrod puis Vuillet

à gauche, la maison où la famille d'André GUY a vécu de 1933 à 1940

La centrale, située au niveau inférieur de la rivière, était accessible par une suite d'échelles en bois, fréquentées par les araignées, guêpes et divers locataires. Deux fois par jours il fallait les emprunter pour aller graisser les machines. Souvent il fallait remplacer les grandes courroies qui s'échappaient des poulies, en utilisant pour cela une longue perche terminée par une fourche. Et puis matin et soir, il fallait descendre pour ajuster la quantité d'électricité fournie par la turbine aux besoins de la population (ajuster les "bougies" produites aux "bougies" nécessaires, unité de mesure de l'époque).

A l'automne, une autre tâche s'imposait. Les feuilles mortes s'accumulaient contre la grille située à l'entrée du canal d'arrivée d'eau. Plusieurs fois par jour, il fallait dégager la grille à l'aide d'un râteau à long manche.

Enfin, car les disjoncteurs n'avaient pas encore été inventés, les "plombs sautaient" souvent. Un abonné trop gourmand ou un orage en était souvent la cause. Chaque quartier du village avait sa dérivation, et à l'origine de chaque dérivation on avait placé un fusible en haut d'un poteau. Lorsque ce fusible fondait, on venait chercher André GUY qui partait avec ses outils, chaussait ses griffes et grimpait au poteau pour réparer. Cela arrivait fréquemment sous les orages d'été.


La scierie du bas

bénéficiait d'une chute moins haute certes, mais plus importante car la Saine avait reçu, en traversant le village, les eaux de la Sainette et du Galaveau.

Elle avait été créée en 1830, (probablement à la place d'un martinet ou moulin car toutes les cascades étaient utilisée depuis longtemps) par les JOBEZ / MONNIER, peut-être par Hugues MONNIER "riche d'un million" fils de Claude Etienne MONNIER qui fut maire de Syam et président du Conseil Général, et de Marie Adélaïde JOBEZ (la "dame en rouge" du château de Syam).

Les JOBEZ possédaient une partie du Mont Noir. Les MONNIER originaires des Planches en Montagne, possédaient les forges de Syam, Baudin et Rochejean entre autres. Ils étaient alliés aux DE LAITTRE et aux LE MIRE de Pont de poitte. En 1900 cette usine appartenait à Pierre THOUVEREY qui possédait aussi les usines du Saut et du Metan, à Fort du Plasne. Elle passa ensuite à son fils Ferdinand.

Lorsque le train et le tacot arrivèrent à Foncine, un embranchement particulier fut créé pour permettre de charger le bois sur les wagons, au chantier lui-même. C'est un train transportant vers Foncine le haut, un chargement en provenance de cette usine qui fut l'objet d'un accident resté célèbre. Ch. THEVENIN (Progrès du 1.10.95) rapporte le récit que lui en fait Régine CHARNAUX, fille de Ferdinand THOUVEREY :

"Le chauffeur stoppa sous le château d'eau, entre Foncine et la Chevry, pour parfaire ses "pleins". Il sauta de la machine mais oublia de serrer sa "mécanique". L'attelage sans pilote commença à dévaler la pente et acquit rapidement une vitesse inadaptée aux possibilités des voies. Le convoi fou, entraîné par la force centrifuge dans la courbe des Douanets, se coucha sur le coté".

En décembre 2012, Claude Charnaux-Guillaume m'envoie quelques photos de la scierie et de Foncine le Bas. Vous pouvez les voir en cliquant sur la photo ci-dessous.

Ces deux scieries devaient être abandonnées en 1950. André GUY, contremaître de celle du haut et Jean ROUSSET gérant de celle du bas, décidèrent de s'associer pour en maintenir une en activité. Ils créèrent la société GUY-ROUSSET et rachetèrent celle du bas. Vers 1960, ils la cédèrent à Jean PATOZ.

Elle brûla dans la nuit du 31 décembre 1968 au 1er janvier 1969. Ses restes enfumés furent le dernier spectacle de Foncine qu'emporta André GUY lorsqu'il fut conduit le 2 janvier 1969 à l'hôpital de Champagnole où il devait mourir le 26 juillet.

Dans les années 1945-1950 cette usine fabriqua en grande quantité des meubles de ménage : table et armoires, destinées aux populations sinistrées par la guerre. Ces meubles étaient livrés sans être peints. L'usine était appelée de ce fait, "le bois blanc".

A ces deux scieries, il faut ajouter celle de


La Gypserie

Comme son nom l'indique, c'était à l'origine un moulin destiné à transformer le gypse extrait d'une mine dont on peut encore voir l'entrée.

En 1850, selon Rousset, elle appartenait à Claude Joseph BOURGEOIS. Son exploitation, interrompue pendant la guerre 1914-1918, reprit mais sans succès, en 1919. Les mines abandonnées avaient été inondées.

Félicien BOURGEOIS la transforma en scierie. Le 25 mars 1928, il la loua en même temps que l'immeuble a usage d'habitation et de culture, à Joseph GUY, un chapelan venu de Chapelle des Bois à Rapoutier Dessus en passant par Morez où il était horloger. Le bail portait, outre les bâtiments et les terres, sur un "immeuble contigu servant à l'exploitation d'une petite scierie composée d'un châssis multiple à chariot et d'une scie circulaire". L'exploitation de la scierie fut alors suspendue car des réparations étaient nécessaires et ne pouvaient se faire avant la fin de l'année.

Joseph GUY mourra le 30 octobre 1932. Cette scierie sera utilisée en 1943-44 comme dépôt de munitions par le maquis.

Ces munitions ont été distribuées le 27 août 1944, date à laquelle les F.F.I./F.T.P ont donné l'ordre de tendre des embuscades aux allemands en retraite. Trois barrages furent donc organisés à Foncine le Bas : en haut de Malvaux, aux Monets et au dessus de la Gypserie. En fait, ces barrages n'auront jamais à intervenir, les allemands ayant attaqué celui du Rocheret, le 30 août.

Ce 30 août, un ancien foncinier fait les 100 pas entre la place et la maison Berrod.

Il fait partie d'une compagnie du groupe Vauthier, de Fontenu, en réserve au centre du village. Avec lui, le lieutenant DANEAU, commandant la compagnie de gendarmerie de Lons, qui avait rejoint le groupe quelques jours plus tôt.

Vers 2 heures du matin, le premier proposa de se rendre chez Marguerite Blondeau qui leur offrirait peut-être, un bol de café chaud. Il cogna longtemps à la porte de la ferme, avant que la "tante Guite", un peu pâle, finisse par ouvrir après l'avoir reconnu. Le café fût chauffé, servi et les visiteurs priés de faire vite. A l'époque, Foncine était pratiquement vidé de ses habitants, tous partis dans les bois alentours, comme aux Serrettes par exemple.

Si l'on en croit François MARCOT et le Progrès, c'est à Foncine le Bas qu'on a relevé l'un des premiers actes de Résistance. L'un et l'autre donnent en effet la même relation :

"Le 21 août 1941 le câble téléphonique militaire allemand est saboté à Foncine le Bas". On en sait pas plus.

Il y a une dizaine d'années, un ancien attribuait en réalité ce fait d'armes, à un gamin farceur, le Dédé !


L'atelier de Maxime FUMEY

Ce n'était pas une scierie, mais on y travaillait aussi le bois. Cet atelier était situé le long du chemin conduisant de l'école à l'église; ses machines étaient actionnées par l'eau du Galaveau, ce ruisseau qui emmène à Malvaux une partie des eaux du Grandvaux. Jusqu'en 1940, Maxime FUMEY, ébéniste, y fabriquait des cabinets de pendules ou des supports en bois pour thermomètres ou baromètres.

Avant les Fumey, cet atelier a appartenu à Severe PAGNIER, "un marchand de bois d'usage" et "fabricant de pignon" qui l'avait bâti, ou agrandi un peu avant 1865. On sait en effet qu'en décembre 1865, Aubin POUX, qui possédait une petite usine près du pont central avait demandé à reporter sa prise d'eau "plus en amont, le long du bâtiment neuf de l'usine Pagnier". Il avait été autorisé à construire un "canal large de 0,66 mètre, parallèle au mur de l'usine PAGNIER, puis contournant le rocher saillant sur lequel est appuyé l'angle aval de cette usine". Cette partie aval a été détruite lors d'un incendie.

La famille PAGNIER venait à la Norbière où elle avait acquis quelques dizaine d'hectares de sapins. A la recherche d'une force motrice qu'elle ne trouvait pas à Chapelle des bois, elle était descendue d'abord à la Chevry, puis vers 1850 à Foncine le Bas. Elle était alliée aux GUY et aux MACLE, entre autres.

C'est elle qui avait donné à la paroisse le terrain où a été construit le nouveau cimetière dont elle s'était réservée une partie. Aujourd'hui, seule une croix rouillée rappelle son nom. Une cloche de l'église a eu pour marraine une fille de Severe, Anna. Son nom est inscrit sur cette cloche, comme on a peu le voir lors de la réfection du clocher en 2000.

Vers 1900, Paul PAGNIER, un fils de Severe, partit avec sa famille exploiter une scierie importante sur la Lemme, à Morillon. Cette famille se dispersa vers 1930. Une fille, Marie, née à Foncine le Bas, épousa César VIONNET, de la grange du Cernois toute voisine.

Il est certain que bien avant ces scieries, les cascades étaient utilisées pour faire tourner des moulins, "serres" (scieries), "rebattes" (battoirs) ou martinets. Beaucoup de moulins étaient "à trois tournants" (moulin à grain, serre et rebatte). La rebatte servait à écraser le chanvre ou les écorces d'épicéas dont on tirait le "tan".

On trouvait aussi les "foules" ou "foulons", grosses pierres utilisées pour fouler les étoffes.

Quand aux martinets et clouteries, ils transformaient les barres, plaques ou tôles de fer venues des forges, en clous, fil, etc .... Ils exigeaient du feu et un soufflet pour "pousser" le feu.


La diamanterie

Il y eut à Foncine le bas, une diamanterie dont la carrière semble avoir été éphémère. En 1890, Emile Dalloz, diamantaire à Saint Claude, avait ouvert un atelier au Moulin Choudet, à Foncine le Haut. Son entreprise employa jusqu'à 40 ouvriers et ouvrières, puis passa à la coopérative "Le Diamant" qui compta près de 120 personnes.

La guerre de 1914-18 puis la grande crise de 1929, amenèrent sa fin. Elle ferma en 1932. La petite usine de Foncine le bas semble avoir été créée par "le Diamant" à la belle époque. Il ne reste que son nom, du moins pour les anciens. Elle est devenue par la suite une fabrique de boites à fromages puis une boissellerie.


Monique MICHOUDET a bien voulu communiquer un extrait de l'Almanach du commerce de 1879, que voici :

47 Km de Poligny, 467 habitants, 4 fromageries
Poste et télégraphe : Foncine le haut
Bois en gros : MARTIN, PAGNIER S.
Cafetier : JACQUET
Epicerie et mercerie : BRAZIER, DAYT Théophile, POUX Albin
Farines et graines : DAYT Théophile, JEANNIN Cyrille
Fil de fer et clouterie : POUX
Forge : LIBOZ J.F
Fromage : JEANNIN Cyrille
Gypse et plâtre : BOURGEOIS père et fils
Moulin et scierie : MARTIN, PAGNIER S.
Tanneurs : MUNIER frères

Vers chez André


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