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La Montagne Jurassienne

 


Grand, osseux, l'air rude, sans grande vivacité d'allure, peu exubérant, plutôt froid, à la forte charpente (qu'il doit à l'eau calcaire), ingénieux, se suffisant à lui-même, connaissant tous les métiers, courageux et tenace, levant un front libre et satisfait en maniant les métaux qu'il façonne. Voici comment en 1914, Clément Chambard décrivait dans son ouvrage de géographie, le montagnard jurassien, bien avantagé malgré tout, par rapport au bressan ou au breton. Suivent les descriptions de l'habitat et des coutumes de l'époque qui complètent les pages concernant déjà ces sujets.

la lemme, près de Morillon, au "quartier"

voir également
L'habillement et l'habitat
Portraits de Comtois
l'alimentation
Extrait de "La Montagne Jurassienne", essai de géographie régionale, de Clément Chambard, édité en 1914

Le Montagnon : Généralement grand, osseux, le montagnon a un air de rudesse et de santé que lui donne une vie active, dans l'air vif de la montagne. Le climat, aux transitions brusques, décime les chétifs, ceux qui selon le mot des Comtois ne sont "qu'écrits". L'homme rappelle le sol aux roches dures et l'eau qu'il boit, chargée de calcaire, contribue à lui donner une forte charpente qui souvent fait défaut au bressan, plus petit, aux os généralement menus.

 

Il n'a pas la vivacité d'allure et d'esprit du vigneron, qui blague et plaisante volontiers; peu exubérant, froid même, il se montre prudent et avisé; "race ingénieuse et subtile, a-t-on dit, au génie patient et souple". Le breton Le Quinio, ancien conventionnel, qui parcourut le Jura en l'an IX, remarque combien ces populations voyageuses et industrieuses de la montagne sont déjà habiles en l'art de lire, d'écrire et de calculer. "Vous ne les trouverez point en arrière dans la connaissance que donnent les journaux des événements politiques, ni dans les conséquences qu'un esprit avisé et droit peut en tirer, à l'aide des simples lumières de la raison". Le Quinio, comparant le breton au jurassien, dit que l'un se contente de gémir devant la stérilité de sa lande, mais que l'autre travaille, contraint la fortune à venir habiter sa demeure, lève un front libre et satisfait en maniant les métaux qu'il façonne, qu'il anime, tandis que le morbihanais vit oisif et malheureux. Comparaison où éclate l'activité intelligente du jurassien, habile à suppléer à l'insuffisante fertilité de son sol (1).

Ce que Jean-Jacques Rousseau dit, dans sa Lettre à d'Alembert, des montagnons neuchâtelois, chez lesquels il avait passé l'hiver de 1730-1731, ne pourrait-il s'appliquer, au moins en partie, à leurs voisins du Jura ? Il signale l'ingéniosité de ces paysans, se suffisant à eux-mêmes et habiles à tout métier : horlogers, lunetiers, tourneurs, etc ... "Et, ce qui paraît incroyable, s'écrie-t-il, chacun réunit, à lui seul, toutes les professions dans lesquelles se subdivise l'horlogerie et fait tous ses outils lui-même ... Vous prendriez le poêle (chambre du poêle) d'un paysan pour un atelier de mécanique". Il a vu aussi, avec cette universalité que l'isolement rendait nécessaire, cette finesse que l'on découvre en eux, sous l'écorce de rudesse ou de simplicité froide. "Ce n'est pas tout, ajoute-t-il, ils ont des livres utiles et sont passablement instruits; ils raisonnent sensément de toutes choses et de plusieurs avec esprit, tous savent un peu de musique et chantent juste". On peut même se demander si Émile ne serait pas apparenté quelque peu à ces montagnons. Il y a dans tous les cas, de curieuses ressemblances entre ces populations, telles que les ont décrites le philosophe et l'ancien conventionnel (2).

Si c'est dans la variété des ses travaux que se manifeste l'ingéniosité du montagnon, c'est plutôt dans les plaisanteries, les bons mots et les autres ..., dans les contes populaires , qu'apparaît l'esprit du peuple, l'esprit comtois. Un vocabulaire parfois original (3), un ton qui traîne allongeant voyelles et diphtongues (4) (à Moirans, à Saint-Claude, etc ...), donnent au langage une saveur particulière.

Il faut entendre nos bons paysans, par exemple. Celui-là, fort en gueule, qui s'est pris de querelle avec son voisin, lui assène, dru comme grêle, les épithètes du cru : "Grande bringue, écressi (desséché), chti (chétif et méchant); c'est à peine s'il est écrit !", etc ... L'autre est-il après cela de mauvaise humeur ? Prend-il un air rogue ? Il le traite de rognard, de "grougna" (grondeur), d'argonnier (traîne-misère, gueulard et fruste). Veut-il se moquer de la sottise de notre homme : "On lui ferait, dit-il, croire que les lièvres pondent sur les saules". Il est vrai qu'il pourrait bien s'attirer cette réponse : "Si toutes les bêtes étaient attachées, les liens seraient trop chers". la vanité qui se pavane ne trouve pas grâce devant lui : "Un beau de cultivateur, qui n'a pas seulement de quoi mettre en faction un loup sur ses terres ! L'hôpital, l'église et la prison, voilà ses trois maisons !". Au tour maintenant du gourmand et du paresseux : "Il a la maladie du putois ou du renard qui mangerait bien une poule ... il aime autant chercher son van que de vanner". Si, volontiers il lambine, cause et boit, c'est un gauliard, un oquêl; enfin, suprême injure, il l'enverra garder les gourins (gorets).

Les plaisanteries contre les femmes égayent, à l'occasion, les propos de nos gens. "Lorsque la poule chante plus haut que le coq, faut la mettre au pot", dit un proverbe comtois. "Pour que le vin fasse du bien aux femmes, ce sont les hommes qui doivent le boire", dit un autre ...

Enfin, contre le curé et le moine, il est bien des histoires gaillardes et malicieuses, contées le pot sur la table et qui ont fait dire, à tort sans doute, que "la dévotion d'un comtois ne valait pas un bouchon !".

Mais le type du comtois, gaillard, raisonneur aussi, et redresseurs de torts, c'est le Barbisier de Besançon, "l'émule de Guignol, un Guignol plus hardi et plus frondeur, applaudi par les Bousbots ou vignerons de Battant".

Maison Michaud, Chapelle des Bois

Cependant, il y a chez le montagnon, plus encore de ténacité que de verve gouailleuse, une ténacité un peu âpre et dure, mais vaillante (5). "Durate" disait la devise des Granvelle; or, pour durer, il faut agir et parfois peiner rudement. Aussi, se montre-t-il prompt et résolu au redressement de ses griefs, à la défense de ses intérêts et de ses droits péniblement acquis. On connaît le mot célèbre : Comtois, rends-toi Nenni ma foi ! Il est enfin un sentiment commun à tous les comtois, gens de la plaine, du vignoble ou de la montagne : c'est l'amour de la Comté. Hors de leur pays, à Paris ou ailleurs, volontiers les Comtois se retrouvent, partout fidèles à leur Comté, heureux et fiers de la servir.

l'Habitation : On sait combien l'habitation dépend de la présence de l'eau et de la nature du sol. Dans la montagne, la zone de la haute chaîne a des combes, des vals, formés souvent de marnes, où l'eau n'est pas rare et où la population agricole se disperse dans les vastes granges, éparses ou groupées en hameaux, parmi les pâturages. L'élevage exige, d'ailleurs, de grands espaces libres autour de la maison.

Fières et hautes, solides et vastes, avec leurs immenses greniers, sous le grand toit de tuiles rouges ou de zinc, les maisons du Haut Jura disent souvent l'aisance de la population (6). Les murs sont de pierre et recouverts au sud et à l'ouest, d'où viennent le plus souvent le vent, la pluie ou la neige, d'un revêtement de bois ou de zinc. Le revêtement de bois ou de tavaillons (7), autrefois seul employé, est formé de lamelles de sapin, disposées comme les ardoises d'un toit. Le mur, sous sa cuirasse de bois, ne se désagrège pas et reste plus chaud en hiver. Les toits sont généralement vastes et assez inclinés, pour des raisons diverses : a) autrefois, l'affouage, en ce qui concerne le bois de construction, était distribué proportionnellement à la surface couverte. b) De vastes greniers à fourrage sont nécessaires, et tandis que dans le vignoble, la cave paraît soulever la maison, les greniers dans la montagne, semblent l'écraser. c) pour éviter l'encombrement des neiges, il faut donner au toit une pente suffisante, et plus d'une fois, l'hiver, le montagnon armé d'une pelle, débarrasse sont toit d'une partie de la neige qui le recouvre. d) enfin, beaucoup de granges sont alimentées en eau seulement par leurs citernes, d'autant mieux approvisionnées que la surface du toit est plus grande. Au bord, de lourdes pierres retiennent les tuiles que le vent pourrait emporter. Jusqu'au XIXe siècle, la tuile était presque inconnue dans les campagnes; les bardeaux de sapins la remplaçaient : c'était encore le tavaillon. Enfin, le toit descendait très bas, comme si la maison, frileuse, craignait de s'exposer au vent glacé de l'hiver.

Ainsi, les murs construits, le sapin suffisait à tout. Il fournissait la charpente, la toiture, les tavaillons, les planchers, les portes et les fenêtres, comme d'ailleurs la plupart des meubles et des ustensiles. Ses usages variaient beaucoup. Fallait-il une rigole ou même une conduite d'eau ? On creusait ou on évidait un sapin. Un abreuvoir pour le bétail de la ferme ? un gros sapin y pourvoyait encore. La maison du montagnon se divise généralement en deux corps de bâtiment accouplés : l'un réservé aux gens, l'autre aux bêtes. La maison d'habitation comprend au moins deux pièces : la cuisine où la famille prend ses repas l'été, la chambre du poêle, plus belle où elle se réfugie l'hiver. La plus grande partie des bâtiments est réservée aux animaux et d'énormes provisions de fourrage emplissent les greniers. Quelquefois, la grange est placée au-dessus de l'écurie; un remblai y donne accès en pente douce. Dans l'étable, comme le pavé serait trop froid et que le bois abonde, le bétail couche sur un plancher en sapin. D'ailleurs la paille étant peu abondante, la litière est mesurée avec parcimonie. Les plateaux de l'ouest, comme toutes les régions de calcaire fissuré, groupent leur population en villages, autour des fontaines et des puits. Sauf au nord, vers Salins, la maison se fait plus modeste sur un sol plus pauvre. Au commencement du XIXe siècle, elle était encore recouverte de chaume ou de laves (minces dalles calcaires); le toit descendait à quelques mètres du sol, protégeant sous sa rabattue : bois, haricots, maïs. Une pièce unique, l'houteau, débouchait sur l'étable; c'était une "sorte de cave malpropre, mal aérée, chaude en hiver, d'une chaleur lourde, faite de l'haleine des gens et des bêtes" (8).

Maison Michaud, Chapelle des Bois

Aujourd'hui, l'habitation est devenue plus spacieuse et plus propre, avec sa cuisine, munie souvent encore du four à pain et d'une vaste cheminée, sous laquelle sont fumés jambons et saucisses, sa chambre que meublent des lits et les grandes armoires de noyer ou de chêne. Il arrive aussi que, tout près, on voie la vieille maison, abandonnée de ses hôtes qui ont déserté les champs, montrer ses murs en ruines et son toit effondré, envahi par la mousse.

Quelques usages : Cette population de la montagne ne connaissait guère le confort, avant le XIXe siècle; pas plus celui de la table que celui de l'habitation. Le paysan se nourrissait de pain de mêlée, fait d'orge, d'avoine, de vesce, mélangées par tiers, ou seulement d'orge et d'avoine : c'était le bolon noir, rond et compact. Il y joignait sur les plateaux, le gâteau de maïs, les lentilles, les fèves, les haricots, les pois et enfin la pomme de terre, d'introduction récente. En effet, après la guerre de sept ans, des soldats retirés du service firent des essais de culture de ce légume en plein champ, à l'exemple de l'Allemagne septentrionale. Les bouillies étaient en honneur : gaudes, soupe aux grus (gruaux d'orge), pépets de farine blanche et d'oeufs, pilés de millet, très populaires.

Ces deux derniers plats étaient des friandises. En été, on ajoutait un peu de lait et de fromage frais; mais la fruitière a ses exigences, et le paysan se prive volontiers de ce qu'il peut vendre. Peu ou pas de viande, hors le jour solennel du repas de cochon et les jours de noces, jours de bombance, où l'on se gorgeait de chair pour le reste de l'année. Cependant, à l'entrée de l'hiver, on tuait un porc qui était salé ou fumé; dans la haute chaîne, une vache, un veau ou une chèvre, selon les ressource de la famille, était mis au saloir; c'était le bresy.

La boisson était une piquette âpre et aigrelette, de genièvre, de prunelles, de poirottes et de pommes sauvages, car le "montagnon ne vendangeait qu'à coups de perches" et ne laissait point perdre la menue provende que lui offrait les buissons et les bois (9).

Cependant le travail était rude, et l'outillage, fort imparfait : le blé était coupé à la faucille, le foin à la faulx. Le battage au fléau avait lieu à la grange, l'hiver, et le labour, avec la charrue de bois, au soc ferré, devait être complété par le coupage ou la division à la houe (fossou) des mottes à peine retournées. En toute saison, souvent debout dès les minuit, couché vers les sept heures du soir, le paysan besognait ferme. Sa capacité d'achat était médiocre et l'économie aidant, il cherchait à se suffire à lui-même; tour à tour charron, maçon, il réparait ses harnais, ses outils, ses meubles et sa maison.

Maison Michaud, Chapelle des Bois

Le linge et les vêtements étaient aussi de fabrication domestique. Le montagnon cultivait un peu de chanvre ou de lin pour son usage. Il s'habillait d'une étoffe dont la chaîne était de fil et la trame de la laine de ses moutons; c'était le droguet. Le pantalon était souvent de toile bleue et la chemise de toile écrue, le tout filé à la maison, tissé par le tisserand du village et confectionné par la ménagère. La coupe en variait peu et l'élégance faisait souvent défaut, mais pas la solidité. Les robes, raides et courtes, ressemblaient à une cloche ouverte par le haut. Sur les plateaux, les femmes portaient, la semaine sous le chapeau de paille à larges bords (10) un simple bonnet rond. Le dimanche, pas de chapeau, mais un bonnet d'étoffe plus fine, bordée en avant, d'une ruche tuyautée au fer. Au voisinage des tanneries (à Saint-Amour, Arinthod, Orgelet), les hommes s'affublaient volontiers de tabliers de peau rousse.

Dans le Grandvaux, femmes et filles se coiffaient d'une toque aplatie en velours noir. Les colliers, broches et sautoirs d'argent dont s'ornait le dimanche, le costume féminin, indiquaient l'aisance de ces commerçants de la montagne.

Aujourd'hui, les conditions de la vie du montagnon sont profondément différentes. La maison ne s'est pas seulement embellie, la nourriture est généralement plus saine et plus variée; sur toutes les tables, le pain blanc, la viande, le vin et le café, et trop souvent dans les villes, les liqueurs fortes, ont pris place. Depuis longtemps, le drap s'est substitué au droguet; les cotonnades et les toiles achetées remplacent les toiles ménagères (11). Et le paysan qui autrefois se suffisait à lui-même, devient de plus en plus tributaire de l'industrie et du commerce urbains, féconde division du travail dont il n'a pas toujours eu à se plaindre. Il y a gagné un outillage plus parfait (charrue de fer, moissonneuses, faucheuses, batteuses, etc ...). Il a obtenu de son sol, et avec moins de peine, un meilleur rendement. Mais, s'il est devenu plus riche, ses besoins se sont accrus dans une mesure au moins égale. Plus instruit et plus ambitieux, il a cru parfois que la ville seule pourrait satisfaire ses goûts. La rapidité et la facilité des transports l'en rapprochaient; plus d'un s'est laissé tenter, qui même après de grosses déceptions, n'est point revenu.

Maison Michaud, à Chapelle des Bois

Enfin, les campagnes perdent de plus en plus leur physionomie propre et la vie locale tend à devenir partout uniforme. Ce ne sont pas seulement les costumes traditionnels qui ont disparu, ce sont les vieux usages. Le premier dimanche de mai, par exemple, ne voit plus les fenêtres des jeunes filles se parer d'épine blanche, de cerisier, d'épicéa, de sapins ou de hêtres, "mais" plantés là par les garçons du village, en signe d'attention particulière. C'est à peine si le mai électoral, prétexte à libations, se cultive encore. Les fêtes villageoises, avec leurs plantureux repas, leurs baraques foraines, mais surtout avec les jeux et les danses traditionnels, n'ont plus depuis longtemps déjà, ni originalité, ni couleur locale.

Le développement de la grande industrie, la facilité des transports, l'instruction même, mille causes diverses, telle que l'emploi des machines en agriculture, les crises agricoles, la centralisation administrative (12) ont contribué à réduire une population agricole, d'ailleurs très dense vers le milieu du XIXeme siècle, et à uniformiser les moeurs. Il n'est pas jusqu'à d'humbles détails de l'administration communale, telle que la pratique actuelle de l'affouage, qu'il ne faille, plus qu'on ne le pense d'ordinaire, et si paradoxal que cela puisse paraître, rendre responsable de la désertion des champs.

Sous l'ancien régime, les délivrances d'affouage avaient lieu, dans chaque province et quelquefois dans chaque commune, suivant les bases les plus diverses : par feu, par tête, au marc le franc de l'impôt, moitié par feu, moitié par tête, etc ... Mais outre le bois de chauffage, les propriétaires d'immeubles pouvaient prendre, dans les forêts communales, le bois de construction nécessaire à l'édification ou à la réparation de leurs bâtiments. Dans bien des communes, c'était même la surface de la toiture qui servait de base à la répartition des futaies. Aujourd'hui, ces bois de service sont vendus a profit de la caisse communale ou des habitants (13).

Avec l'ancien mode de répartition, chaque chef de famille était invité à bâtir; ses toits étaient pour lui une source de revenus. Les parents construisaient plus volontiers un logis à leurs enfants, pour le temps où ils s'établiraient. C'était là, convenons-en, un bon moyen de les retenir au pays.

Avec le mode actuel, il est des familles, dans la haute montagne, qui reçoivent trois ou quatre cents francs de part d'affouage. Cette aubaine devrait attirer au village quelques étrangers. Il n'en est rien; ceux qui se partagent font bonne garde.

Chapelle des Bois

1), 6), 8) d'après Lucien Febvre.

2) A plus forte raison, l'instruction est-elle répandue aujourd'hui dans la haute montagne : il y a fort peu d'illettrés, parmi les hommes surtout. Illettrés : 1906, département du Jura, 2,83%, de sexe masculin; 4,98% de sexe féminin. Dans l'ensemble, la proportion d'illettrés reste donc élevée pour le Jura; mais on s'accorde à reconnaître qu'elle est moindre dans la montagne qu'ailleurs. Proportion de conscrits illettrés en France, en 1913 : 23 %0, en Allemagne, 10 %0 (?).

3) D. Monnier. Annuaire du Jura, 1858-1859

4) la diphtongue oi prononcée ouai, particulièrement à la fin des mots.

5) "Les lettres de Joliclerc", de Nozeroy, caporal aux armées de la Révolution. "Nous sommes ici, dit-il, dans un état qui ne tend qu'à la mort, mais je l'attends d'une âme tranquille".

7) Ancelles, lamelles de sapin (10 à 12X25 à 30) du tavaillon. Talavane, toit de zinc, très commun dans les villages industriels.

9) "N'oublions pas dans nos prières, les menus fruits de la terre, les mûres, les pimprenelles, les prunelles et les brimbelles, les poirottes et les gratte-culs. Quand ils manquent, c'est grand bien perdu". (Ancienne litanie des gens de Sarrageois, près de Mouthe, citée par Lucien Febvre "La Franche-Comté").

10) La paille, de préférence de la paille de seigle, était tressée à la veillée, le chapeau confectionné à la maison, lourd et sans grande élégance, mais solide, abritait du soleil ou de la pluie; car le parapluie ne fut guère connu dans la montagne que vers le milieu du XIXème siècle.

11) "La blouse, les sabots, la casquette ont disparu devant le veston, les souliers, le chapeau. Il faut voir les dimanches et jours de fêtes quelle métamorphose a subi le costume de nos jeunes paysannes. Elles portent des chapeaux toujours très ornés, des corsages voyants, jupes à falbalas, cols brodés, voilettes, bottines, gants, ombrelles, bijoux, montres, sautoirs; en hiver, des fourrures et des souliers fourrés" (Dr Chevrot, Rapport au Conseil général 1906, p 70)

12) On peut y joindre aussi la lourdeur et la mauvaise répartition de l'impôt foncier.

13) Loi du 23 novembre 1883. Cette loi vint d'ailleurs à la suite d'une série de mesures qui, depuis la Révolution, avaient modifié et cherché à uniformiser, non sans avoir rencontré quelque résistance, le mode de répartition de l'affouage.


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