La Saine |
vient de sawk (sacré) + enn (rivière)
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La Saine, la vraie, la pure, la notre, est la rivière du canton des Planches en montagne qu'elle traverse sans jamais le quitter. Elle surgit du trou de la balme, au pied de la roche du Couliou qui culmine à 1070 mètres (Couliou : il n'est pas facile de traduire ce terme patoisant, mais il est curieux de constater que plusieurs arêtes rocheuses semblables, pareillement disposée au sommet d'un adret, portaient le même nom. A Foncine même, le petit relais de télévision est assis sur un autre couliou). Un livre de géographie
de 1899, rappelle que de ce trou dont on ne voit pas le fond, l'eau
vient si vite qu'on aurait de la peine à se s'enfuir si l'on
était surpris par une crue subite. La même mise en
garde valait aussi, et vaut sans doute encore, pour le Bief de la
Ruine qui comme la Saine, dont il est un affluent, siphonne le même
lac souterrain. Jusqu'à Syam où elle absorbée
par sa grande sur, la Lemme, elle a parcouru 17,400 kilomètres
et dévalé 321 mètres. Vers 1870 la règle a été changée, ce n'est plus la longueur du cours en amont du confluent, mais le débit qui détermine la source de la rivière principale. Notre Saine a ainsi perdu un bon kilomètre de longueur et 70 mètres de dénivellation. Elle a gagné la chance de naître chez nous. Selon J.B. Munier, c'est elle qui a donné son nom à Foncine : fons sene qui signifie source sainte. Selon lui, c'était la source sacrée où les prêtresses druidiques guérissaient les maladies les plus cruelles. Elle aurait même donné son nom à la Séquanie. C'est en tout cas elle qui, durant des siècles, a animé notre vallée. Durant des siècles elle a été la seule source d'énergie. Bizarrement c'est à nouveau de l'énergie qu'on lui demande de fournir maintenant puisque ses cascades qui ne font plus tourner les martinets, forges, moulins, scieries, boisselleries fournissent et vont fournir de plus en plus d'électricité vendue à EDF.
Le soir, ils allaient dormir et il fallait réduire. Tout fonctionnait avec des courroies et des poulies et les courroies sautaient souvent. Là aussi il fallait descendre et tout réparer à l'aide d'une perche et beaucoup de risques.
La Saine, accompagnée de l'ancienne voie du tacot s'en va donc tout droit vers les gorges de Malvaux. Elle passe au pied de la vierge, déjà bien seule sur son coteau, frôle le hameau des Douanets en passant sous un pont bien branlant, accueille les eaux de la Sainette, venue des Serrettes, et grossie, devant le cimetière des pestiférés, du Galaveau, venu du Marechet et de la Grange à l'Olive. Selon l'abbé BOURGEOIS, cette rivière serait une résurgence du bief qui sert de deversoir au lac des Mortes, bief qui un Kilomètre après avoir quitté le lac, se perd dans un entonnoir. On aurait retrouvé dans la Sainette, outre de la sciure jetée volontairement dans cet entonnoir, un "livre de prières qu'Eugène BLONDEAU aurait laissé tomber dans le bief des Mortes". La Sainette se repose sur vingt mètres passe sous le viaduc qui avait été construit pour le tram électrique et le tacot à vapeur, délaisse les ruines d'une scierie brûlée et s'enfonce dans les gorges de Malvaux, accompagnée de nouveau d'une ancienne voie ferrée, celle du tram électrique. Ses gouffres ne sont accessibles qu'à quelques pêcheurs avertis.
Voilà qui nous ramène à ce qu'écrivait J.B.Munnier en 1874. Et puisqu'on parle d'Alésia pourquoi ne pas poser une autre question ? Vercingétorix vaincu, César peut continuer sa route vers Genève. Il doit normalement prendre le chemin qu'il avait prévu , c'est à dire les Combes, le col du Gyps, Entre deux monts, la Chèvre, la vie de la serre , la Savine, et Saint Cergue. Il emmène ce qui lui reste de ses 80 000 légionnaires, ses prisonniers qu'il a donnés comme esclaves à ses hommes et Vercingétorix enchaîné. Voilà bien du monde sur cette route. Quelques semaines plus tôt les mandubiens et les cavaliers gaulois, évacués pour économiser la nourriture avaient déjà dû emprunter le col du gyps et peut être la vie du four. René Jeunet, l'ancien secrétaire de mairie d'Entre deux monts, ne disait pas le Gyps mais Roncevaux. Prémonition ? Voici , tel que l'a représenté André Berthier, l'itinéraire qu'avait prévu Jules César pour rejoindre Genève à partir d'Alésia. Humeur ! Jean Monneret, administrateur de l'association Alésia, a adressé une lettre ouverte à Catherine Tasca, ministre de la culture, au sujet de l'autorisation des fouilles sur le site de Chaux des Crotenay. Cette lettre était publiée dans la Voix du Jura du 7 février 2002. La voici : "En tant qu'administrateur de l'association Lemme et Saine d'intérêt archéologique, nous venons vous faire part de notre étonnement, notre incompréhension et notre indignation devant les refus répétés et absolument injustifiés du Comité supérieur de la recherche archéologique, et particulièrement de M. Reddé, d'autoriser les fouilles sur le site sus-cité. Plusieurs de nos prédécesseurs, MM André Malraux et Jacques Duhamel notamment, avaient manifesté leur intérêt et donné des autorisations de sondage. Le portrait-robot du professeur Berthier est aujourd'hui suffisamment divulgué et suffisamment clair, les preuves matérielles relevées en surface suffisamment évidentes, pour qu'aucune raison ne puisse justifier de ne pas poursuivre les recherches. Aucun élément n'est venu, à ce jour, infirmer l'hypothèse de André Berthier, alors que de récents ouvrages démontrent clairement l'impossibilité pour Alise et le Mont Auxois d'être l'Alésia de César. Cette bataille d'Alésia, en 52 avant JC n'est pas un fait divers banal. Elle fait suite au serment de Bibracte, où les peuples de la Gaule se sont unis pour défendre leur culture, leur mode de vie et leur liberté. C'est l'acte de naissance de la France. Qu'on l'approuve ou qu'on le regrette, l'issue de ce siège a modifié l'histoire de la France et de l'Europe (Diodore de Sicile n'écrit-il pas d'Alésia qu'elle est "Foyer et métropole de toute la Celtique"). Nous pensons qu'un responsable de la recherche qui refuse de chercher, et qui, mieux, interdit à d'autres de le faire, n'est pas à sa place. C'est de l'obscurantisme primaire ! Si ce refus vient de sa personne, nous vous demandons de le mettre à la retraite d'office pour faute professionnelle grave. Si vous couvrez son attitude, il est urgent de changer de comportement, car plus vous attendrez, plus la postérité vous couvrira de ridicule, à l'instar des ennemis de Copernic et Galilée ! Ce différend durant depuis bientôt 40 ans (découverte du site en 1963) nous osons espérer que la raison l'emportera, et que nous pourrons rendre un juste hommage à celui que l'histoire nous fait connaître comme le premier représentant élu de ce qui est aujourd'hui la France : Vercingétorix. Recevez, Madame le Ministre, mes plus respectueuses salutations." La Saine traverse donc trois villages : les deux Foncines et les Planches. Deux autres villages du canton partagent leurs eaux entre la Lemme et la Saine : la Chaux des Crotenay et Entre deux monts, lesquelles appartiennent d'ailleurs à la même paroisse. Foncine le haut et la Chaux des Crotenay ont chacune leur historien. Le père Doudier pour le premier, le docteur Chambeland pour le second. Les Planches ont leurs célébrités, les Monnier au début du XIXème siècle et Gaétan Colin à celui du XXème. Reste Entre deux monts qui comme Foncine le bas, n'a pas d'histoire depuis les années 1800. Il paraîtrait intéressant de comparer leur évolution au cours des soixante dernières années. Ils sont semblables et différents. Pourquoi ? Peut-être quelqu'un voudra t'il nous aider à mieux connaître comment ils sont passé de 1950 à 2000; pourquoi Entre deux monts est-il riche de ses bois ? pourquoi Foncine le bas n'a t'il pas réussi comme Foncine le haut à garder une certaine activité économique ? Qui nous aidera à répondre à ces questions ? Les chapitres sur ces villages tentent de donner quelques points de repère et surtout posent beaucoup de questions. extrait du progrès du 19 juin 2005 Jadis, sous une pression démographique plus intense, tous les coteaux enherbés étaient livrés au bétail. Les chiches pelouses qui dominent la Doye, dépendaient d'une curieuse "grange" assise tout en haut du rocher, à plus de 1000 mètres d'altitude. Elle s'appelait évidemment "Sur la Doye". On trouve la présence de Victor Fumey vers 1850, puis d'un certain Petetin. On y constate le décès de Josette Vuillaume en 1863. Six ans plus tard, un Sauvonnet y habite. Mais ce sont ses ultimes occupants, les Caille, qui resteront, pour l'éternité peut-être, attachés à "Sur la Doye". Auguste, le patriarche né en 1840, y éleva les neuf enfants qu'il eut avec Adèle Chevassus, sa femme. Celle ci avait été institutrice mais la pratique de cette fonction était conditionnée par l'état de célibat. Lui, dans la tradition du "travail à la fenêtre", était cordonnier. Mais l'environnement, la proximité de la Suisse, ouvrait tant d'opportunités ... Paradoxalement, l'approvisionnement en eau n'était pas sécurisé, à la ferme de "la source". Il y avait bien une citerne qu'on appelait le puits, mais souvent Adèle devait passer les "cabesses". Deux "seillots" pendant au bout de deux cordelettes, elles mêmes fixées à un bâton passé sur les épaules, permettait de remonter l'eau nécessaire. "Sur la Doye" repose aujourd'hui au coeur d'une solitude quasi sépulcrale. |