Foncine le Bas |
Situons d'abord ce village par rapport aux autres villages du canton pour constater qu'il n'est pas le plus défavorisé. Foncine le bas : 909 hectares, 623 habitants en 1820, (577 en 1846, 548 en 1866, 516 en 1886, 177 en 1990 soit -72%. Par comparaison :
Les communes sont crées en 1790, mais Foncine le bas et les Planches restent des sections. Elles ne deviennent vraiment communes qu'en 1800. Et ce n'est qu'à partir de 1830 qu'elles deviennent autonomes. Il a fallu en effet attendre le partage des forêts du Grandvaux héritées de l'Abbaye de Saint-Claude. Les Forêts
Le père Doudier dans son "Foncine le haut 1815-1980" explique comment a eu lieu le partage de cet héritage et comment le maire de l'époque, Jean-Claude Cordier, n'a pas mis à profit l'arrêté du préfet prescrivant aux maires de se manifester pour interrompre les effets de la prescription trentenaire. Il parle longuement du droit d'usage et des paquiers, ainsi que des procès qui suivirent. Il n'est question que de Foncine le haut. Il ne semble pas qu'une étude semblable ait été faite pour Foncine le bas ou pour les autres communes du canton, et c'est bien dommage. En effet, ce problème du droit d'usage semble encore être parfois d'actualité. D'autre part, la partie du Mont-noir dévolue à Foncine le bas, n'appartient pas à la commune mais à des particuliers car elle a été répartie entre tous les foyers (les feux). On a voulu partager les secteurs de même valeur en autant de parcelles que de foyers, afin de pouvoir répartir des lots de petites parcelles égaux pour tous.. Par la suite, certains se sont constitué des surfaces importantes en rachetant les parts des plus pauvres. De ce fait, la commune ne possède que peu de bois. Elle ne distribue pas d'affouage et n'a pas de ressources pour réaliser les gros travaux nécessaires sans faire appel à l'emprunt ...
L'industrie Si la commune n'a pas de forêts, elle a par contre des rivières et des cascades. Outre la Saine, elle a la Sainette venue du Mont noir par les Serrettes et le galaveau venu lui aussi du Mont noir, par le Maréchet d'une part, et par la grange à l'olive d'autre part. Ce sont ces rivières et cascades dans lesquelles on pêchait, il n'y a pas si longtemps des écrevisses, qui lui ont permis de rivaliser un certain temps avec Foncine le haut. J.B. Munier nous apprend que le 15 mai 1786, le moulin de Foncine le bas a été acensé pour 350 livres aux deux frères Fumey. Ou est ce moulin ? Qui sont ces deux frères Fumey ? Étaient-ils des Fumey du moulin ? Ce patronyme existait déjà avant 1786. Quelques lignes plus loin, J.B. Munier écrit que le Lac a la Dame est acensé à Etienne François Jeannin, horloger. Celui-ci paye en construisant et en posant une horloge au Chateau-Vilain. Ce même Jeannin se voit concéder par le seigneur de Chateau-Vilain "le terrain nécessaire pour construire deux martinets en deux places différentes à son choix sur le ruisseau du Galavot ou Chatenot, à prendre de la planche dite Raguin inclusivement jusqu'au pont de dessous la chapelle du bas de Foncine". C'est donc qu'à cette époque une petite industrie se montait déjà. Vers la fin du XVI ème siècle, il y a le long de la Saine, de sa source à la langouette, 27 usines en marche : moulins, scieries, métiers à tisser, fabriques de meubles de seaux, de cuiviers ... Beaucoup doivent être à Foncine le bas où les chutes d'eau sont les plus nombreuses. Selon Rousset en 1850, Foncine le bas comptait 612 habitants dont 305 hommes et 307 femmes; 164 ménages, 125 maisons réparties ainsi : 36 au Champ de Mars, 11 sur la place, 8 sur le moulin, 4 chez Douanet, 4 aux Serrettes, 10 à Rapoutier-Dessous, 8 chez André, 14 à la Grange à la Dame, 11 chez les Fumey, 13 sous le Mont-Noir. Ni la Sange Renaud, ni la Grange à l'Olive ne sont cités (ces deux propriétés appartenaient à Auguste Cordier avocat à Paris. La Grange à l'Olive est sans doute comptée sous le Mont-Noir avec les maisons que l'on nommaient en 1930 : chez l'Alphonse (Petetin), chez Martin, et peut-être les Tourgeniers. Le Lac à la Dame, très poissonneux, appartient alors à Guerillot de la Chaux des Crotenay. Selon le cadastre de 1828, les 929 hectares de la commune sont alors divisés en 1811 parcelles que possèdent 218 propriétaires, dont 37 étrangers à la commune.
Il existe alors : une gypserie, quatre chalets dans lesquels on fabrique 55000 Kg de fromage de gruyère, un four à plâtre, un martinet à arbre de camage, une scierie mécanique pour bois de construction à 4 lames de scie, outre une scie circulaire, un tonnelier fabriquant des barriques et des cuves, une tannerie, un moulin à farine à 3 paires de meules, avec scierie mécanique à une lame pour bois de construction, un battoir à blé, un fabricant de pièces d'horlogerie par procédé mécanique, un marchand de vaches, un marchand de planches, deux épiciers, deux marchands de vin en détail, un menuisier, trois horlogers, trois aubergistes, un huissier, quinze douaniers. Les biens communaux sont : une église, un cimetière, un presbytère, une maison commune contenant la mairie, le logement de l'instituteur et la salle d'étude fréquentée en hiver par 40 élèves, une école de filles avec 35 élèves toujours en hiver, une pompe à incendie, 25 pompiers et un ancien cimetière dit des "pestiférés".
Il y a aussi des parcours ou paquiers en commun et en litige avec la Grange à la Dame, les Fumey, Rapoutier-Dessous et le Chalet du pont. A propos des chalets, Rousset écrit dans son chapitre sur Foncine le haut : "les anciennes fruitières furent abandonnées à la suite des guerre et des pestes du XVIIème siècle. Un premier chalet fut établi à Foncine le bas en 1747, puis supprimé en 1763. Il fut remplacé par deux autres battis, l'un au hameau d'Ay, l'autre au hameau de chez Jean-Jacques. Ce sont ceux là qui seront l'occasion du procès de 1784 rapporté sous le titre "la guerre du lait". Pour la petite histoire, on peut signaler que c'est vers chez André à Foncine le bas que Vise lou bou, le héros de Chapelle des bois, a été recruté pour servir dans les armées du roi. A partir de 1850 le village change. Des routes sont ouvertes ou améliorées : Celle de Foncine le haut à la Chevry est détournée. Au lieu de suivre la rive gauche de la Saine par Combe Maria, elle emprunte la rive droite en passant sur un pont. En 1869 cette route sera prolongée jusqu'au village de Foncine le haut, évitant ainsi la montée vers Saint Roch. En 1849, c'est la route de Foncine le bas à Chapelle des bois par Combe David. Il a été nécessaire d'obtenir l'accord de trois communes et mêmes de l'armée qui ... craignait une invasion des suisses.
En 1852, la route des côtes chaudes permet de rejoindre Champagnole plus rapidement; Après 1889, la route de Chaux des Crotenay passe sous le Châtelet. Il n'est plus nécessaire de passer par Montliboz. En 1791, le chemin du Pont de lemme à Foncine avait été élargi. Était-ce la "Grand Vie" ? Alors il s'agissait d'occuper les chômeurs à qui les communes fournissaient du pain. Vers 1910 le village est électrifié. La gare reçoit le tram à vapeur puis le tram électrique. Plus tard il y aura les fontaines, le télégraphe, la poste, et le reste ...
En 1930 il y avait deux lunetteries. L'une à l'entrée du village en venant de Foncine le haut, créée semble-t-il par la famille Berrod. Cette famille possédait aussi le gros bâtiment situé à coté du pont sur la Sainette dont les sous-sol servaient peut être d'écuries pour les chevaux. Le propriétaire venait encore au village vers 1935. L'autre sur la même route après ce pont, créée ou achetée par Jules Cottet venu de Morez. Elle deviendra la Société des Lunetiers (la Soce). Ces deux lunetteries vont fusionner en 1930 puis disparaître. Les nombreuses publications parues à l'occasion du bicentenaire de la lunette l'ignorent.
La "petite fille des rivières" ne fait qu'évoquer leur fusion. Et l'histoire du groupe Essilor qui s'intéresse à l'origine de la Société des Lunetiers ne leur consacre que quelques lignes. Pourtant, dans les années 1920 c'était un plaisir de voir sur la route de Foncine le haut, des dizaines d'ouvriers et d'ouvrières qui partaient au travail ou en revenaient à pied ou à vélo. Aux abords de chacune de ces deux usines, grossissait un tas de limaille sortie des polisseuse. La fermeture de ces usines, résultat de la grande crise économique de 1928, fut le commencement de la dépopulation du village. L'usine Berrod devient colonie de vacances, l'usine Cottet, un petit théâtre avant d'être achetée par un antiquaire. Les ouvriers partirent en grand nombre à Morez. Ce fut par exemple le cas des Blondeau, une famille nombreuse habitant à l'ancienne caserne des douaniers. Seul resta le père Poulain, le comptable. A ces deux lunetteries s'ajoutait deux scieries assez importantes aux deux extrémités du village. La première appartenait à la famille Vuillet venue de Petite Chaux (apparentée à la famille Berrod). Cette famille bâtit le château, puis dû vendre et quitta le pays. Le consortium d'optique et d'industrie l'utilisa quelques années puis la vendit à son tour. Seule maintenant est utilisée la chute d'eau qui produit de l'électricité. Le bâtiment où logeait le contremaître est abandonné.
Deux autres petites scieries n'employaient qu'une famille chacune: à la gypserie et près de l'école. Cette dernière avait appartenu vers 1880 à la famille Pagnier, originaire de Chapelle des bois et venue de Foncine le bas après un séjour à la Chevry. Il faut citer aussi : une tannerie, une diamanterie, et la caserne des douaniers. Déjà en 1930 il ne restait que les noms ...
Et surtout une gare importante puisque deux lignes l'empruntent :
Le tram à vapeur (le "tacot") de Lons à Foncine le haut, avec des embranchements à Publy pour Orgelet, à Clairvaux pour Saint Claude, à Saint Laurent pour Morez par le PLM, et à Foncine le haut pour Mouthe et Pontarlier. Le tram électrique venant de Champagnole avec bifurcation à Sirod pour Boujailles. Le "tacot" avait été inauguré le 5 Août 1907. Le maire Michoudet avait prononcé un beau discours devant toutes les autorités. La section Clairvaux - Foncine le haut a été fermée le 1er janvier 1939. Le service Foncine le bas - Foncine le haut a été assuré par une automotrice jusqu'au 1er avril 1950. La ligne électrique Champagnole - Foncine le bas, inaugurée le 1er novembre 1924 a fonctionné jusqu'au 1er avril 1950. Dès 1928 ces lignes étaient jugées déficitaires. On essaya de remplacer la traction vapeur par des automotrices Renaud. Cela n'apporta que des déboires. Le 1er octobre 1936 la ligne Clairvaux - Foncine fut fermée. Mais le 22.2.1937 sous la pression des habitants, il fallut la rétablir. (Voir les motifs de cette "mise au rancart"). Cette activité générait des services : deux hôtels (Michaud et ?), deux cafés restaurants (la "Truite" et le "Balcon"), deux boulangeries (Vuillet-Barras et Jacquet qui faisait aussi café), deux épiceries (Béjannin et Liaudet), un garage marchand de vélos et taxi (Blondeau), un boucher (Pagnier), un maréchal ferrant et charron (Michaud), un forgeron (Liboz), un menuisier (Brivot), un notaire (Paris puis Crevat) et même une cartomancienne (la Zulma). Il y avait également une communauté de religieuses, une harmonie municipale et bien entendu un curé. Autour du village il y avait des hameaux. Mais que reste t'il aujourd'hui de tout cela ? Bibliographie pour mieux connaître l'histoire de FONCINE LE BAS
Du père
DOUDIER :
de
J.B. MUNIER :
de
ROUSSET :
de
Max ROCHE :
de
Philippe MARCKERT :
d'Andrée
LECOULTRE :
de CHAMBELLAND :
· de la société de fromagerie
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